Retour en Guyane française :
Je suis une artiste amérindienne
Elle n'aime pas trop ce terme, mais elle le préfère à celui d'artisan. Ti'iwan Couchili est une artiste, donc une créatrice, non seulement de ses œuvres, cela va sans dire, mais aussi de ses outils de création, les pigments entre autres.
Si nous parlons aujourd'hui de Ti'iwan, c'est pour différentes raisons :
La première c'est qu'elle était l'une de nos cinq invités amérindiens du dernier Printemps Indien du mois de mai 2008 et qu'elle a laissé un souvenir émouvant de son passage parmi nous et tous les gens de Midi-Pyrénées qu'elle a rencontrés durant cette dizaine de jours.
La seconde c'est parce qu'elle fait l'objet d'un beau reportage avec photographies en couleurs dans le magazine OKA'MAG, des peuples autochtones de Guyane française. C'est avec l'autorisation d'OKA'MAG que nous avons le plaisir de les reproduire ici et de citer quelques extraits du reportage.
Ici, nous sommes à la mairie de Montauban. Ti'iwan est à droite sur la photo (châle rouge). Les autres personnes sont (g à d) : Laurence Pagès (maire-adjointe de Montauban) ; Claude Boivin (Innu) ; Danette Daniels (Osage) ; Gérard Massip (président d'OK-OC) ; Philippe Maurin (maire-adjoint de Montauban) ; T.C. ; Philippe François (maire-adjoint de Montauban)
Ti'iwan Couchili et Danette Daniels (Osage) devant les tours de Carcassonne
Ti'iwan appartient au peuple Teko d'Amazonie (appelés parfois Emérillons, par les Français, sans doute, grands baptiseurs d'Indiens). Elle est née au village de Saut Tampok sur la rivière Alawa (Tampok) à environ deux heures de pirogue de la jonction de cette rivière avec le fleuve Maroni. Sa famille vit à Kayodé. Après avoir été adjointe au maire de Maripasoula, elle se consacre aujourd'hui à la création artistique sur la commune de Macouria-Tonaté.
A travers son art, elle s'attache à démontrer que sa culture Tupi-Guarani a participé depuis des temps forts anciens, bien avant l'arrivée des Européens et des Africains, au façonnage culturel de la Guyane.
Ti'iwan Couchili réalise des "ciel de case" (maluwana, en langue teko). Il faut savoir que dans la forêt humide les habitations n'ont pas de murs, seulement un toit. Cette aération permet d'éviter les moisissures. Ce toit en forme de dôme est décoré d'un disque de 70 à 80 cm de diamètre orné de motifs géométriques ou figuratifs, animaliers le plus souvent.
Ti'iwan a recours aux pigments que lui procure son milieu environnant, colorants végétaux ou minéraux. Elle retrouve les gestes et les techniques de ses ancêtres. Aussi, elle s'insurge contre les dérives mercantiles qui dénaturent sa culture.
" Tout d'abord l'usage de la peinture, dit-elle, arrivé par l'intermédiaire des Boni (les Noirs descendants d'esclaves évadés) a non seulement révolutionné la technique mais a surtout failli faire disparaître pour de bon l'utilisation des pigments naturels [...] Des caricatures de maluwana aux couleurs fluos, ou peints avec un mélange de gouache, de terre, et de colle vinylique, sont vendues avec le label "pigments naturels"... Plus consternant encore les serviettes, paréos et autres objets divers qui pillent les motifs traditionnels. Il n'existe malheureusement pas, dans l'arsenal juridique français, de reconnaissance de la propriété intellectuelle collective. Or ces motifs participent très fortement à l'identité des communautés amérindiennes."
Ti'iwan Couchili
Arts Premiers de Guyane
56 lotissement Champs Vigile
97355 Marcouria
Tél : 0694 21 24 84
OKA'MAG est le magazine bimestriel des Amérindiens de Guyane dont nous reparlerons dans de prochains billets de ce blog. Il est vendu au numéro (3 euros en Guyane - 5 euros en métrople) ou par abonnement.
On peut consulter son site internet : http://www.okamag.fr/
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