Cinq siècles de résistance (2/2)
Octobre 1992 en Occitanie
En 1992 l'association OK-OC célébrait cinq siècles de résistance indienne... et occitane. C'était l'année où le monde occidental fêtait le cinq centième anniversaire de "la découverte de l'Amérique". Nous avions voulu, en invitant les délégués de neuf tribus indiennes d'Oklahoma, marquer notre désaccord avec cette posture de mépris envers les peuples autochtones d'Amérique. Neuf tribus d'Oklahoma étaient représentées : Osage, Cherokee, Kiowa, Navajo, Chickasaw, Pawnee, Seminole, Choctaw, Ponca.
SÉCURITÉ DU TERRITOIRE
Nous combattons le Terrorisme depuis 1492
Est-il nécessaire de préciser que nous recevions des survivants du premier grand génocide de l'histoire de l'Humanité. Un "génocide oublié", disions-nous, car personne n'en parlait. En cette année de célébration de la "Découverte de l'Amérique par Christophe Colomb", nous allions pousser notre petite note discordante dans un concert symphonique consensuel. Juste pour voir. Nous avons reçu des guerriers culturels amérindiens dans un pays de Résistance, le pays occitan. Ce fut L' ESTIU INDIAN ' 92.
Pour commencer nous avons jalonné le territoire, marqué la présence des tribus indiennes sur la terre occitane en offrant symboliquement des parcelles de notre territoire aux diverses tribus: au Jardin des Plantes de Montauban, au Rond des Osages, également à Montauban, à Lafrançaise, à Saint Nicolas de la Grave, à Albias, à Lisle-sur-Tarn, à Beauville. Ainsi les Indiens allaient être chez eux chez nous. Le don symbolique de ces parcelles de territoire était une façon d'inverser la relation à la terre par rapport à la spoliation subie par les peuples colonisés.
Nous avons aussi présenté trois expositions : "l'amer Indien" avec les œuvres de Michel Batlle, artiste peintre de grande renommée ; "Indians de totas las colors" de Robert Marty, président de l'Institut d'Etudes Occitanes (IEO) ; "Expo indienne" de Jacques et Francine Diez.
Nous avons symboliquement évoqué la résistance occitane à l'écrasement culturel, grâce aux "gravures au rouleau compresseur" exécutées "in live" par Michel Batlle et son équipe
Nous avons défilé dans les rues de Montauban le jour du 14 juillet, pour exprimer l'idée que la fête nationale n'est pas seulement une affaire de militaires (le 14 juillet 1789, à la Bastille, les civils étaient du bon côté, quant aux militaires...). Voir défiler des Indiens à cheval un jour de 14 juillet en France, c'était un événement que les grands médias ont ignoré (à croire que seules les futilités les intéressent !)
inauguration du rond des Osages
Montauban 14 juillet 1992
Inauguré le 14 juillet 1992, le rond des Osages, dont les symboles sont expliqués dans un autre article de ce blog, devait subir dès le lendemain un premier outrage : la plaque émaillée qui le signalait était volée et fut remplacée quelques jours plus tard par une nouvelle plaque.
inauguration de l'expo "L'amer Indien"
Le maire Hubert Gouze et la préfète Bernadette Malgorn inauguraient cette expo de Michel Batlle. On voit ici le maire remettre la médaille de la ville à Vanessa Jennings (Kiowa) et à Vanessa Williams (Cherokee)
Parade du 14 juillet à Montauban
A cheval au premier plan : Jim Burgess, Seminole
Le cortège remonte la rue de la mairie et se rend au Carrefour des Martyrs où une gerbe doit être déposée.
Quatre Résistants furent pendus à ces acacias le 24 juillet 1944 par les SS de la division Das Reich. Aujourd'hui, le souvenir d'André Castel, Henry Jouany, André Huguet et Michel Melamed est à jamais lié au destin de ces arbres.
Gravure au rouleau-compresseur
En cette matinée du dimanche 14 juillet 1992, une équipe de plasticiens, sous la conduite bienveillante d'un "chef de chantier" inhabituel, bien connu dans les milieux artistiques d'avant-garde sous le nom de Michel Batlle, entreprenait une œuvre de création d'une originalité surprenante : la gravure au rouleau-compresseur. De quoi s'agissait-il ?
On a gravé le dessin sur une plaque métallique que l'on a enduite d'encre et que l'on recouvre ensuite d'une feuille de papier (format affiche)
On fait passer le rouleau compresseur là-dessus
On relève la feuille
Encore un peu...
Enfin on accroche l'œuvre à un séchoir improvisé à l'aide d'une ficelle tendue sur le mur de l'Ancien collège de Montauban.
Le message n'est pas difficile à décoder : 1. vous considérez une culture belle, vivante mais fragile (occitane, amérindienne ou autre) 2. elle se fait écraser par le rouleau-compresseur d'une culture dominante. 3 et 4. elle se relève. 5. elle se tient à présent bien droite comme un laurier qui refleurit.
Voilà ce qu'il advient d'une culture lorsqu'elle résiste à une domination culturelle, un génocide culturel ou un terrorisme culturel.
Chevaliers cathares "faydits" d'Occitanie