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Tous cousins ?
( feuilleton préhistorique )
Dans le dernier article était sommairement présentée l’hypothèse d’une origine ouest-européenne des Indiens d’Amérique émise par deux anthropologues américains Stanford et Bradley.
Le premier, Dennis Stanford, est président du département anthropologie au Muséum d’Histoire naturelle, mondialement connu sous le nom de Smithsonian Institution; le second, Bruce Bradley est président de la Primitive Tech Enterprises Inc. et professeur assistant au collège universitaire Augustana de Sioux Falls (Sud Dakota). C’est dire qu’il ne s’agit ni de plaisantins, ni de débutants.
Louis Burns, notre ami historien osage qui a soulevé ce lièvre dans la presse californienne, nous apporte aujourd’hui sur le plateau d’une très sérieuse revue spécialisée : Discovering Archaeology de février 2000, d’autres éléments renforçant l’hypothèse. L’article, signé des deux éminents anthropologues, est intitulé « La solution solutréenne » et prétend apporter une réponse au problème des origines des Indiens.
Les Solutréens seraient, d’après eux, partis des côtes atlantiques (golfe de Gascogne, nord-Espagne, Portugal) il y a près de 18 000 ans, auraient remonté vers le nord les côtes françaises, mis le cap vers l’Angleterre puis auraient suivi la banquise qui recouvrait une partie de l’Atlantique-Nord lors de la dernière grande glaciation et auraient enfin atteint les côtes nord-américaines libres de glaces à peu près au niveau de l’Etat de Caroline. Un petit voyage à la rame et à la voile qui devrait donner des idées à quelque aventurier en mal d’image. Voyez d’ici le scoop : « dans le sillage des Solutréens : un rameur remonte le courant de la Préhistoire ».
Mais ceci est un article sérieux et je me laisse dériver. Reprenons la barre matelot.
« Un dernier argument en faveur de cette hypothèse peut-être trouvé dans les recherches génétiques effectuées sur les restes des anciens humains », assurent nos deux auteurs. En effet, poursuivent-ils, « Michael Brown et ses collègues ont établi en 1998 que l’ADN des mitochondries du groupe haploïde X (un marqueur génétique des groupes de populations) est trouvé à de faibles fréquences à la fois chez les Européens et chez les Indiens d’Amérique, mais jamais parmi les peuples d’Asie. Ceci les aurait amenés à penser que certains des premiers découvreurs de l’Amérique puissent être venus d’Europe entre 36 000 et 18 000 ans avant notre époque. »
Laissons donc les chercheurs chercher. Entre une hypothèse et une théorie il y a toute l’épaisseur des preuves. Les spécialistes vont sûrement se chamailler sur leur validité et leur quantité. C’est la règle de ce sport.
Nous, nous comptons les points. (à suivre)
J-C. Drouilhet