Nouvelles de Mashteuiatsch :
Clifford Moar
élu pour la deuxième fois
chef des Montagnais du Lac Saint-Jean
(Province du Québec)
C'est le site de l'Étoile du Lac, le journal du lac Saint-Jean, qui nous l'apprend. Clifford Moar vient d'être élu chef du Conseil des Montagnais du Lac Saint-Jean le 31 mai. Clifford Moar avait déjà eu cette importante responsabilité dans le passé, mais il n'occupait plus ce poste depuis sept ans. C'est donc avec joie que tout OK-OC à Montauban et les nombreux amis de Toulouse adressent leurs plus vives félicitations à leur ami Clifford.
Clifford Moar (photo : l'Étoile du Lac)
Clifford Moar est né en 1957 dans la communauté montagnaise de Mashteuiatsh. Avec une formation en gestion, en communication et en marketing, il a d’abord œuvré comme administrateur au sein de la communauté notamment pour le Conseil de la Police Amérindienne, le Musée Amérindien et pour l’administration du Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean. Dans ce dernier cas, il a développé principalement une aptitude pour travailler à la défense des droits ancestraux autochtones et surtout à la mise en valeur du patrimoine et de la culture autochtone. Ayant été membre du Conseil de bande comme conseiller de 1991 à 1994, il a été élu Chef le 26 mai 1997. Il vient d'être réélu à ce poste de responsabilité
Les Innus 1 (ou Montagnais) sont des autochtones du territoire qu'ils nomment Nitassinan, qui comprend l'Est du Québec et le Labrador, Canada. En 2003, leur population s'élevait à environ 18 000, dont 15 000 au Saguenay et sur le Côte-Nord du Québec. Les Innus ont vécu en tant que chasseurs-cueilleurs pendant plusieurs millénaires dans cette région, habitant des tentes faites de peaux d'animaux. Leurs activités de subsistance étaient axées sur la chasse du caribou, de l'orignal, du cerf de Virginie et du gibier. Leur langue, l'innu-aimun, est parlé dans tout Nitassinan, avec quelques différences de dialecte. L'innu-aimun fait partie de la même famille linguistique que la langue parlé par les Cris de la baie James au Québec et en Ontario.
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1.
Les êtres humains, dans leur langue. Ils ont été également nommés Montagnais
par les Français
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Naskapis
Clifford Moar, l'Occitan d'adoption
Clifford Moar à Montségur (Ariège) - 2001
S'il est un site sur lequel l'esprit des Troubadours, Cathares et Chevaliers occitans peut rencontrer celui des autochtones du territoire de Nitassinan, c'est bien celui de Montségur où furent brûlés en 1244 les résistants cathares porteurs de la haute civilisation occitane. Clifford Moar est venu plusieurs fois en France et plus précisément en Occitanie. Toulouse, Montauban, Montségur, Abdébu sont pour lui des lieux familiers où il retrouve non seulement des amis mais une ambiance, une culture, une joie de vivre, un art de vivre qui mettent sa propre culture en résonance. Témoin, ce reportage tourné par France 3 Sud en 2001 (émission "Viure al pais"), lorsque OK-OC célébrait les " Guerriers de l'Arc-en-Ciel "
Pour visionner la vidéo sur Daylimotion, cliquer ici
(Le reportage est en occitan mais Clifford Moar parle français dans la deuxième partie)
L'attachement de Clifford à l'Occitanie remonte à une quinzaine d'années, lorsque OK-OC et la Fondation Occitane de Toulouse préparaient le congrès Nikan sur les application territoriales du développement durable. Clifford était venu, accompagné de plusieurs Amérindiens, nous faire part de leur expérience millénaire.
Par la suite il était revenu, plusieurs fois, à Montauban, à Toulouse aussi et surtout à Andébu, petit hameau de l'Ariège, où il prenait possession d'une terre dédiée à son peuple Innu.
L'histoire de ce don de terre si particulier a déjà été raconté dans ce blog. Voici un rappel du compte-rendu :
Don de terre à Alzen (Ariège)
Hameau d’Andebu, commune d’Alzen (Ariège), samedi
23 mai 1998.
Ce jour-là, une terre devait être dédiée au peuple Montagnais au cours d’une émouvante cérémonie.
Nichée au cœur d’une forêt de la montagne
ariégeoise, une clairière parfaitement circulaire creusée comme un puits à la
paroi de pierres sèches dans laquelle ont été aménagés deux abris également
construits en pierre, attendait sans doute depuis des millénaires cette
consécration. Loin de toute habitation de la période historique, l’endroit fut
peut-être un lieu sacré de nos ancêtres néolithiques. La transmission de cet
espace, d’une lignée autochtone européenne à une autre américaine, prenait
ainsi valeur de puissant symbole: celui du partage équitable de la gestion de
la planète. On était en plein Nikan.
La plume d’aigle devait en cette occasion revenir
au premier plan. Le chef Clifford Moar l’utilisait pour dédier la prière
montant avec la fumée de sauge aux quatre directions, au zénith et à la
Terre-Mère. Union encore des symboles: la plume d’aigle, la sauge, la
couverture sur laquelle se tenait la cérémonie venaient d’Amérique; le
récipient dans lequel se consumait la sauge était une tuile gallo-romaine
présente sur cette terre depuis plus de 2000 ans.
Le public rassemblé en surplomb autour de la
clairière suivit dans une silence respectueux l’émouvante cérémonie à l’issue
de laquelle un feu de bois devait être allumé. Dressé au centre du cercle, un
bûcher attendait l’ignition. Celle-ci devait lui être communiquée par les
braises de la sauge presque entièrement consumée. Il fallut ventiler patiemment
avec la plume d’aigle et attendre longtemps avant qu’une petite flamme s’élevât
timidement d’abord, puis vigoureusement jusqu’à l’embrasement.
Fallait-il y voir, là aussi un symbole ?
Par la suite Clifford est venu plusieurs fois à Montauban et sa région, partager sa culture avec celle des Occitans, notamment les jeunes dans les écoles
Clifford à l'école d'Albias (banlieue montalbanaise)
Il est étonnant de voir à quel point les Amérindiens ont la capacité de retenir l'attention d'enfants, parfois très jeunes, par la seule magie du verbe. Dans la civilisation récente du "zapping" il est inhabituel de saisir un ensemble de jeunes visages tendus vers un intervenant au long cours, abordant des sujets sérieux pendant de longs moments. Et ceci est vrai aussi quand l'invité est un Osage et parle anglais. Clifford Moar lui parle français avec ce délicieux accent canadien qui se fait complice du nôtre, l'occitan.
Clifford Moar, le Montagnais et Archie Mason, l'Osage à Montauban
Toutes nos félicitations vont à Clifford Moar pour sa brillante réélection. Tous nos vœux de réussite l'accompagnent pour le plus grand bien de la communauté montagnaise du Lac Saint-Jean.
Adieu-siatz Clifford !