"J'aimerai toujours...
Le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au cœur
une plaie ouverte ! "
Lorsque Jean-Baptiste Clément écrivit les paroles du Temps des Cerises il ne savait pas encore qu'il les dédierait à la fois à un événement historique et à une infirmière morte lors de la terrible Semaine sanglante.
L'événement c'est la Commune de Paris ; la Semaine sanglante c'est la terrible répression qui s'ensuivit
La Commune de Paris fut une insurrection révolutionnaire du peuple de Paris qui dura du 18 mars au 28 mai 1871. Cette insurrection contre le gouvernement établit une organisation proche de l'autogestion pour la ville (on dirait aujourd'hui une démocratie participative). Dans plusieurs autres villes de France (Marseille, Lyon, Saint-Étienne, Narbonne, Toulouse, Le Creusot, Limoges), des communes furent proclamées mais furent toutes rapidement réprimées.
Je t'entends d'ici :
Le temps des cerises... La commune de Paris... Quel rapport avec les Indiens ?
- Attends !...
La patience est une vertu occitane, indienne et... révolutionnaire
Retour vers le présent
De janvier à décembre 2010, la Terre n'a cessé de lancer de terribles défis : tremblements de terre, inondations, hivers volcaniques et incendies. La Terre réagit, nous secoue. C'est avant tout l'histoire de l'humanité qui se joue. Notre planète devient un acteur de la scène politique. La mondialisation ne se fera pas sans elle, à plus forte raison contre.
Le philosophe Michel Serres (un Occitan d'Agen), membre de l'Académie française, montre dans son dernier livre que nous pouvons encore être les acteurs de notre avenir
Croissez et multipliez !
Dieu a dit à Adam et à Ève : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre (Genèse 1,28) ».
C'est réussi !
Dans quelques jours, la population humaine mondiale atteindra l'effectif de 7 milliards. Ce qui est réussi aussi c'est la soumission de la Terre, enfin... jusqu'à ces derniers temps. Car aujourd'hui elle se réveille, que dis-je, elle se révolte ! D'objet la planète devient sujet, elle agit. Avec "tout ce qui est vivant et qui remue" comme il est écrit dans la genèse. C'est ce que Michel Serres nomme la Biogée (la Terre vivante).
Mais, que viennent faire ces cerises sur la couverture du livre de Michel Serres ? Sinon évoquer la Commune ? Le Temps des crises appellerait-il le Temps des cerises ? Alors, quelle Révolution Michel Serres appelle-t-il de ses vœux ?
Rassurez-vous, braves gens. Les barricades et la semaine sanglante c'était hier. La Commune de demain sera planétaire et pacifique. Il faut donner la parole à la Biogée. Jusqu'ici, dans les discussions internationales au sujet de la pêche en mer les seuls interlocuteurs sont des hommes politiques, des techniciens, des lobbies, des économistes, des hommes quoi ! Mais qui parle au nom des poissons. Comment leur donner la parole ?
Michel Serres propose que les hommes de science, parmi les plus compétents de la planète, prennent la parole (et non le pouvoir) au nom de la Biogée. Ils seraient la voix de la Terre. Auparavant ils auraient prêté deux serments. Je cite (pp. 71-72) :
« Pour ce qui dépend de moi, je jure : de ne point faire servir mes connaissances, mes inventions et les applications que je pourrais tirer de celles-ci à la violence, à la destruction ou à la mort, à la croissance de la misère ou de l'ignorance, à l'asservissement ou à l'inégalité, mais de les dévouer, au contraire, à l'égalité entre les hommes, à leur survie, à leur élévation et à leur liberté. »
Et le second serment :
« Laïques, [nous jurons] ne servir aucun intérêt militaire ni économique »
Ils s'affranchissent ainsi des pouvoirs religieux, militaire et économique qui ont pu, ensemble ou séparément, ici ou ailleurs, maintenant ou jadis, régner sur les empires, les royaumes, les républiques jusqu'à la soumission partielle ou totale, et aujourd'hui mondiale. Si ce n'est pas une révolution ça, je m'engage dans la Légion !
Indigènes, le retour
Mais un révolution ne tombe pas du ciel, comme un fruit mûr, elle se prépare. Les peuples (puisqu'il s'agit de la planète) en sont les acteurs. Pour agir ils ont besoin d'un mobile. Leur capacité d'indignation en est un. C'est ce dont témoigne un respectable pamphlétaire de 93 ans. Il est devenu célèbre en France ces derniers jours, son livre bat tous les records de vente (400 000 exemplaires en deux mois au prix de 3 €uros ). Son nom : Stéphane Hessel. Le titre de son pamphlet : Indignez-vous ! (Éditions Indigène - Montpellier)
Le succès du livre de ce grand résistant s'explique par l'énorme attente de résistance et d'alternative. Une forte majorité des Français (58%) pensent désormais qu' « il faut changer complètement la société »
Stéphane Hessel suggère alors d'agir en réseau (Attac, Amnesty, Fédération des Droits de l'homme, etc). Il appelle à une « insurrection pacifique ». En quelque sorte Le Temps des Cerises !
Un dernier mot sur le sujet pour parler des éditeurs. Nous les connaissons bien à OK-OC. La maison d'édition Indigène de Montpellier est dirigée par Jean-Pierre Barrou et Sylvie Crossman avec lesquels nous avions collaboré en 2005 sur la préparation de notre projet Soigner le Monde. Nous sommes heureux d'apprendre que leur maison d'édition vient de décoller à la vitesse de la fusée Ariane. Les temps changent ; cela se mesure aussi à ce succès d'édition. Et d'Indigène nous passons, sans transition aux Indigènes
Indigènes de tous les pays, Indignez-vous !
Un(e) indigène (autochtone, aborigène) est celui (celle) qui habite le pays où il (elle) est né(e). Le mot a pris un sens péjoratif lié à l'esclavagisme, au colonialisme, bref au racisme qui justifie ces diverses formes d'oppression.
"Je ne veux pas être traité comme un Aborigène. Je veux être traité comme un être humain. Et je crois que beaucoup de gens souhaitent la même chose même si nous ne le disons pas tous au même moment. Certains l'ont dans la tête et ne le disent pas. Nous voulons vivre en paix sachant qu'une protection existe au-dehors. Que voulons-nous du processus de réconciliation ? Personnellement, la seule chose que j'en attends, c'est la garantie de pouvoir vivre en état de droit : que les lois protègent tout le monde et soient justes envers tout le monde. C'est assez simple." Lex Wotton (leader aborigène) - Guerriers pour la paix - édition Indigène
Le cercle de vie des Indiens d'Amérique
Les nations autochtones ont une spiritualité bien vivante qui repose sur la communion profonde de l'humain avec la vie animale, la nature et la Terre. Cette spiritualité est une expérience millénaire dans laquelle tout est sacré, tant la vie que les liens avec la faune, la flore et l'environnement. Le point de départ de cette spiritualité est le grand cercle.
Le cercle représente l'élément de base de la spiritualité autochtone. Commun à de nombreuses sociétés traditionnelles des trois Amérique, le cercle constitue une approche globale de la compréhension de la vie et des êtres vivants.
Dans le cercle, tous les éléments de la création, soit les humains, les animaux, les plantes, l'air, le feu, l'eau, la terre, les étoiles, etc., forment un tout indivisible. Il n'existe aucune suprématie d'un élément sur un autre. Tous sont sur un même pied et une chaîne infinie de relations unit tous ces éléments égalitaires.
Dans la pensée circulaire, tous les éléments, tant les humains, les animaux, les monstres que les morts, vivent une constante interaction. Entre ces éléments, la recherche de l'équilibre et le maintien de l'harmonie deviennent des préoccupations de tous les instants qui orientent et conditionnent la vie et les actions de tous.
Tout doit être mis en œuvre pour atteindre et conserver cet équilibre, car la survie et le bien-être de chacun en dépendent. Chacun est moralement responsable de l'autre et de son bien-être. Tous les éléments du cercle sont formés de la même substance vitale. Il n'y a, par le fait même, aucune différence entre les éléments.
Chaque être, chaque forme de vie, chaque élément du cercle possède une âme, ce qui place tout et tous sur un pied d'égalité. Dans ce contexte de recherche d'équilibre et d'harmonie, chacun doit manifester une solidarité sans faille avec les autres éléments du cercle, qu'ils soient humains ou non, à cause de cette responsabilité du bien-être de tous et de chacun.
OK-OC célèbre Les guerriers de l'Arc-en-ciel - Toulouse, place du Capitole - 25 juin 2000
Selon la tradition, les Autochtones estiment qu'ils doivent faire preuve de partage, de respect, d'humilité et d'honnêteté. Ces valeurs inhérentes au cercle ne peuvent être dissociées, car elles sont essentielles pour le maintien de l'équilibre et de l'harmonie. L'autochtone n'est pas sur Terre pour la soumettre mais pour vivre en harmonie avec les êtres.
Dans le cercle, l'Autochtone doit
faire preuve de partage et d'une générosité peu commune avec les autres
entités. C'est là un trait du mode de vie traditionnel des nations. Cette
attitude de solidarité, de générosité et de respect sera perceptible envers le
non-humain et envers l'environnement, pour qui l'humain fera preuve de
beaucoup de vénération.
Telle est la voie de la sagesse. Puisse-t-elle guider sinon inspirer le prochain TEMPS DES CERISES
J-C. D.
Pour écouter "Le temps des cerises" et "La Commune"
version moderne par Noir désir