Sauver le " Frau "
Touche pas à mon chêne
par Jean-Jacques Delmas
Au prêtre Pierre Jean de Smet, missionnaire jésuite, qui tentait de convaincre le camp de Sitting Bull d'accepter un traité, Sitting Bull fit cette réponse en mai 1868 :
" Je veux que tout le monde sache que je n'envisage pas de vendre une partie quelconque de mon pays, que je ne veux pas non plus que les Blancs coupent nos arbres le long des fleuves, surtout les chênes...
"... J'aime tout particulièrement les petits bouquets de chênes. J'aime à les regarder et j'éprouve du respect pour eux parce qu'ils résistent aux tourments de l'hiver et à la chaleur de l'été et que, comme nous les êtres humains, ils ne paraissent que mieux s'en porter " - Sitting Bull
Le chêne est l'arbre du Lot (et aussi du Tarn-et-Garonne) par excellence. Il recouvre nos pechs * et donne la truffe. A 6 km de Saint-Germain du Bel Air, il y a deux hameaux avec un panneau qui indique que nous sommes à Drouille ** et Le Garrissou... Encore une histoire de chênes** !
Lors d'une discussion fort amicale, Gilles Vilard, maire de Lavercantière (Lot), m'a répondu qu'il serait d'accord pour offrir aux Indiens qui viendraient dans un temps futur un peu de notre terre sacrée du Frau*** tant convoitée par la multinationale Imerys Ceramics France****
Gilles Vilard (à gauche)
Lavercantière
Imerys Ceramics convoite le Frau duquel elle envisage d'extraire des minéraux utiles à son activité (quartz semble-t-il). On comprend bien qu'il s'agit-là d'une mise à sac d'un patrimoine sur lequel veillent jalousement les habitants enracinés dans ce terroir qu'ils considèrent comme une terre sacrée. Les récents efforts de l'ONF pour y reconstituer l'antique forêt française seraient du même coup irrémédiablement anéantis.
C'est donc un mauvais coup qui se prépare contre lequel lutte une association : l'Association pour la préservation des sites menacés en Bouriane. Contacts : bouriane@free.fr ; dany.gregoire@skynet.be ; bouriane@netcourrier.com ; vous pouvez aussi nous contacter en laissant un commentaire à la fin de cet article.
Suivons l'exemple des Indiens d'Amérique
Our land is not for sale
Notre terre n'est pas à vendre
J-J. D.
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* Pech. Le substantif occitan PECH est tout d'abord un toponyme extrêmement répandu d'un bout à l'autre des pays d'oc... Il désigne un sommet, une éminence, une colline. Suivant les dialectes et les pays, il se retrouve sous la forme de puech, pueg, puy, puèi, pouei, pioch, poey, etc... Ce toponyme est devenu depuis l'époque médiévale un patronyme lui aussi très répandu, par assimilation d'une personne au lieu où elle réside. Ainsi, celui qui vit sur ou près d'une colline sera désigné : Del-pech, Del-pouy, Del-puech, Du-puy, etc. - Le site internet de Villeseque (Lot)
** Dreuilhe ancien nom gaulois latinisé en Drullia, issu de d(e)ruos, nom gaulois d'une variété de chêne, indiquant probablement comme pour Les Casses que le premier village gaulois a été construit dans une chênaie. Les Gaulois, originaires de l'Europe centrale, alors boisée, avaient un vocabulaire forestier très fourni. Pour le chêne ils avaient quatre noms, blaco, casso, derullio, tanno ; mais pour le chêne-vert qu'ils ne connaissaient pas, ils empruntèrent le nom local, ibéro-basque, garric. Par Paul Redon D’après « LES CAHIERS DE L’HISTOIRE » n° 1 - 1995
*** Lo Frau ( prononcer lou fraou) : La frayeur. C'est un endroit sauvage, une lande, une terre de légendes, peuplée de fachilhièras (sorcières), traversée par un fossé de franchise nommé "Lo valat del diable" (le fossé du diable)
**** Imerys Ceramics est une multinationale. Leader mondial des minéraux industriels, Imerys extrait des ressources rares et les transforme en solutions qui améliorent les produits et les procédés de production de ses clients dans l'industrie et dans la construction