Aventures en Oklahoma (2)
Invité des Delawares
Nous poursuivons aujourd'hui le récit des « aventures oklahomanesques » d'un Occitan... de Montauban
" L'aventurier " en question s'appelle Jean-Claude Drouilhet. Voici le récit qu'il fait de ses tribulations en territoire indien
« L’association OK-OC m’avait désigné pour apporter aux tribus indiennes de l’Oklahoma les fraternelles salutations de la population d’Occitanie. Seize messages d’amitié reliés en un document à la couverture verte et ornée d’un dessin de Michel Batlle venaient dire notre désir de paix en cette année 1993 que l’ONU dédie aux populations autochtones. Voilà qui est fait : treize tribus ont été visitées par le plus simple, le plus économique et sans doute le plus sûr des moyens de transport : la marche à pied. Impressions…
L’Oklahoma, c’est un tiers de la France en superficie. La température en mai-juin y atteint parfois les 40°C. Et puis, il y a le vent du sud, la poussière ainsi que d’épouvantables tornades. On m’avait mis en garde contre les dangers de la marche à pied sur les routes de ce pays : « pas d’accotements, automobilistes fous, perfides serpents à sonnette, maniaques de la gachette… » J’en suis revenu. Vivant, content et en pleine forme, merci.
sous la protection du sheriff du comté
En fait, l’un des principaux problèmes c’est l’énormité des distances entre les lieux habités. On dénombre, réparties dans tout l’Oklahoma, une quarantaine de tribus et nations indiennes dûment répertoriées. Il était hors de question de les visiter toutes en un mois. L’espace avait dont été volontairement limité au nord-est de l’Oklahoma.
Un autre problème, paradoxalement, réside dans l’amabilité des gens. Leur prévenance n’est pas qu’une mince entrave à la randonnée pédestre. J’ai renoncé à compter les invitations à monter à bord des véhicules les plus divers et j’ai eu le plus grand mal à convaincre leurs conducteurs du choix que j’avais fait.
Ma première visite a été pour les Delawares*. Ils tenaient leur pow-wow annuel à Copan (Oklahoma). Ils avaient invité pour l’occasion les tribus voisines, dont nos fidèles amis les Osages. Le pow-wow avait lieu dans un espace boisé.
J'ai marché en compagnie de Mike Pace assistant chef des Delawares. Chemin faisant nous avons parlé éducation, culture, spiritualité, langues et traditions. De graves problèmes aussi : la paix dans le monde, le futur et la jeunesse. Lorsque nous sommes arrivés en vue du pow-wow, nous avons déployé les bannières. Entrée très remarquée !... mais à la manière indienne, c'est à dire sans acclamations. Il faut apprendre à lire les regards.
Contrairement à l'usage, j'ai été invité à intervenir en plein pow-wow, au centre de l'aire de danse, en compagnie du chef Lewis Ketchum et de Mike Pace. J'ai donc exposé, devant des centaines d'Indiens en tenues d'apparat, les buts de ma visite et remis les « messages d'Occitanie » aux deux chefs. Le public n'a pas bronché. On n'applaudit pas à un pow-wow. Les seuls sons sont ceux du tambour et des chanteurs traditionnels. »
la semaine prochaine : tribus Ottawa, Shawnee, Seneca-Cayuga, Peoria, Modoc, Miami et Wyandotte
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* Les Delawares
Leur nom provient de celui de Lord de La War, gouveneur de la Virginie. Eux-mêmes s'appellent " Lenni-Lenapes ", c'est à dire " les hommes parmi les hommes ". Ils parlaient une langue du groupe algonquin et étaient établis dans les Etats actuels du Delaware, du New Jersey et dans l'est de la Pennsylvanie. C'étaient des pêcheurs, chasseurs et cultivateurs. En 1829 les Etats-Unis obligèrent les Delawares à abandonner leurs derniers territoires de l'Ohio et à partir à l'ouest du Mississippi. Il existe actuellement une réserve Delaware au nord de l'Okahoma.