Que faire d'une vareuse d'officier ?
LES MARIAGES TRADITIONNELS
CHEZ LES OSAGES
Peu de temps après l'achat de la Louisiane en 1803, le président Thomas Jefferson invita des chefs osages à Washington, parmi lesquels le célèbre chef Pawhuska (Cheveux Blancs). Il désirait les convaincre de la puissance de la nation américaine qui avait désormais autorité sur leur peuple mais, plus encore, il voulait honorer ceux qu’il considérait depuis toujours comme de grands guerriers et qui faisaient ainsi l’objet de son admiration.. Il leur offrit, entre autres présents, une médaille et une tunique militaire à épaulettes, celle que portaient à l’époque les officiers de l’armée américaine. De retour dans leurs villages, les chefs, ne sachant trop que faire de ces tuniques, eurent l’idée d’en habiller les jeunes mariées à l’occasion de la cérémonie nuptiale.
Pawhuska, chef des Osages en 1803
Le costume ainsi créé comprenait, outre la tunique militaire, une couverture osage enveloppant la taille comme une jupe, des jambières et des mocassins décorés de broderies de perles et enfin un chapeau. Non pas un quelconque chapeau genre élégantes d’Auteuil, mais un magnifique haut-de-forme entouré de plumes et de rubans. Le prestige du chapeau haut-de-forme dans la société blanche n’avait pas échappé à l’attention des Indiens et ils en déduisaient naturellement que cette coiffure conférait honneur et dignité à celui ou celle qui la porterait..
La cérémonie de mariage suivait un rituel complexe. Le futur époux devait faire étalage de sa richesse et de son empressement. S’il avait les moyens d’offrir de nombreux présents à sa future épouse, cela signifiait que sa femme n’aurait jamais faim. Les négociations prenaient habituellement plusieurs jours. Quand il était décidé que le prix était atteint, la famille acceptait les cadeaux et se les partageait.. En échange la promise apportait en dot son costume et il revenait à sa famille d’honorer celle du fiancé en offrant les repas du mariage.
La préparation de la mariée était aussi une cérémonie à laquelle officiaient les habilleuses. En même temps elles habillaient comme la mariée une demoiselle d’honneur. Cette coutume de la « fausse mariée » est commune à de nombreuses cérémonies de mariage dans le monde entier.
Lors du dernier mariage traditionnel célébré à Pawhuska en 1970 – l’avant-dernier l’avait été en 1937 –le costume de la mariée avait presque deux cents ans. La nourriture et les cadeaux furent chargés dans un pick-up et deux drapeaux des États-Unis furent déployés. L’un d’eux, fixé à une branche d’arbre, signifiait l’approbation de cette union par la tribu. Autrefois elle se serait exprimée au moyen de son étendard à plumes d’aigle. Le crieur du village marchait en tête du cortège, annonçant l’événement à la ronde, sur le parcours qui conduisait à la maison du jeune marié. Ensuite les futurs époux partirent à cheval, suivi par le pick-up des cadeaux tandis que les familles et les invités formaient le cortège derrière les drapeaux flottant au vent. Après l’échange des cadeaux, la jeune mariée, sa demoiselle d’honneur et le jeune marié furent rejoints par le crieur du village qui informait tout le monde en langue osage que « le couple était mari et femme selon la tradition osage ».
Lors de la cérémonie du mariage de 1937, soixante chevaux furent offerts, parmi d’autres présents, à la jeune mariée. A l’occasion de la cérémonie de 1970, les chevaux faisaient encore partie des cadeaux, à ceci près qu’ils hennissaient sous le capot d’une rutilante voiture de sport.
(d’après Lu Celia Wise : Indian cultures in Oklahoma – 1978.)
Jeunes filles à marier
et enfin, la fausse mariée...
Quand Monique, au musée tribal de Pawhuska, se rêvait en mariée osage