Quand l'homme de Néandertal nous précédait...
Il y a 175 600 ans
en Tarn-et-Garonne
L'homme de Néandertal
a laissé son empreinte
C'est une découverte d'une importance considérable qui vient d'être faite à deux pas de chez nous. Bruniquel est un village sur la falaise qui domine les gorges de l'Aveyron, à 25 km de Montauban. C'est un paysage de causses, creusé de grottes parmi lesquelles certaines ont été fréquentées par les homo sapiens sapiens, voici quelque 15000 à 30 000 ans. Des jeunots ces Magdaléniens si on les compare à leurs prédécesseurs passés par là mille sept cent siècles (oui, siècles !) avant eux.
Les Néandertal n'étaient pas les brutes épaisses sous lesquelles on les dépeignait autrefois. Des traces de leur présence ont été découvertes dans la grotte de Bruniquel, dans une salle à près de trois cent mètres de l'entrée. Un endroit donc où il ne faisait pas bon vivre et où il fallait savoir s'éclairer. On a donc la preuve que ces humains non seulement savaient produire et entretenir le feu mais savaient aussi l'utiliser pour d'autres raisons que la cuisson des aliments ou le chauffage. Dans cette grotte on a trouvé des os d'ours brûlés qui en attestent. C'est en cela que la découverte de Bruniquel est d'une importance scientifique majeure et une grande première mondiale.
Alors, que venaient-ils faire là dans cet espace clos, sombre et humide. Ils dessinaient des cercles sur le sol. Avec quoi ? Le seul matériau disponible était fourni par les stalacmites nombreuses sur le plancher. Ils ont donc coupé certains d'entre elles et ont disposé les tronçons en deux cercles tangents. Des cercles. Cela nous rappelle quelque chose.
A OK-OC, notre fréquentation des Amérindiens et l'intérêt que nous avons pris à leurs cultures modernes et ancestrales nous ont amenés à constater un certain nombre d'invariants parmi lesquels l'omniprésence du cercle, base de leur conception de la nature, de l'univers, de la vie et de leurs comportement social. Le cercle disent-ils est partout : le nid des oiseaux, les ronds dans l'eau, la lune, le soleil, la ronde des saisons, les cycles de reproduction, etc.
Cette sacralisation du cercle détermine leur monde de pensée : une pensée circulaire. Notre pensée à nous, hommes modernes de la civilisation occidentale, est devenue linéaire. La ligne droite est partout : l'autoroute, la LGV, le chemin le plus court, "time is money". D'où l'intérêt pour la pensée circulaire. Les Indiens d'Amérique sont parmi les derniers témoins vivants de cette façon d'appréhender le monde. Ils sont plus proches de leurs ancêtres que nous ne le sommes des nôtres. Essayons donc de comprendre.
Loin de nous l'idée de revenir au temps de la chasse au mammouth (ou au bison). Mais essayons parfois de regarder dans le rétrovisur de l'histoire et, plus encore, celui de la préhistoire. Le passé, proche et lointain, éclaire l'avenir. Et si nous avons besoin d'éclairage, c'est bien de celui-là par les temps incertains qui courent droit vers le mur.
Alors, les cercles néandertaliens de Bruniquel ont sans doute des choses à nous apprendre. Les chercheurs du CNRS étudient la question. Peut-être le préhistorien lotois Jean Clottes a quelques idées à nous proposer. Attendons patiemment la suite.
Je vous invite, si vous avez quelques minutes, à visionner la vidéo du CNRS qui donne tous les détails de cette aventure humaine à travers les millénaires.