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Oklahoma-Occitania
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Oklahoma-Occitania
  • Échanges culturels entre les Occitans de France et les Indiens d'Amérique (USA, Canada) : tribus Osage, Kiowa, Comanche, Cherokee, Pawnee, Choctaw, (Oklahoma), Lakota (Sud Dakota), Innu (Canada), etc.
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27 août 2016

le pic Black Elk

Dans les Black Hills

Les Lakota ont gagné

Harney Peak/Black Elk Peak

Marie-Claude Strigler :

Le 12 août 2016, le Bureau fédéral en charge de  l’attribution des noms géographiques a officiellement changé le nom de Harney Peak en Black Elk Peak.

 La décision du Bureau fédéral a surpris le gouverneur du Dakota du Sud, mais a provoqué la joie des activistes indiens qui étaient outrés  que leur montagne sacrée porte le nom d’un homme dont les soldats  avaient massacré des Amérindiens. En effet, les hommes du général William S. Harney massacrèrent des femmes et des enfants amérindiens au cours d’une bataille en septembre 1855.

massacre de Ash hollow 2-3 septembre 1855

Quant au gouverneur Dennis Baugaard, il prétend que la décision du Bureau fédéral va donner lieu à des frais et une confusion inutiles. Il déclare n’avoir pas eu connaissance d’un véritable soutien au projet de changement de nom du point culminant du Dakota du Sud, qui se trouve dans la forêt nationale des Black Hills et que, de toute façon, rares sont les personnes qui ont entendu parler de Harney ou de Black Elk.

Black Elk

Pourtant, Black Elk était un célèbre chef spirituel Lakota, décédé au milieu du 20e siècle, et c’est à « Black Elk Peak » qu’il a reçu sa première vision. Il avait alors 9 ans, et se trouva chargé d’une grande mission, puisque sa vision lui indiquait qu’il allait devoir guider son peuple. Ce petit cousin de Crazy Horse a été interné dans la réserve de Fort Robinson, puis a rejoint Sitting Bull au Canada, mais la faim les obligea à se rendre à Fort Keogh en juin 1880. Désireux de fuir la réserve, il rejoignit le Wild West Show de Buffalo Bill. Cela lui donna l’occasion de danser devant la reine Victoria pour son jubilé. Au fil de ses pérégrinations, il se retrouva également en France.

À la fin du 19e siècle, les Indiens sont démoralisés : les bisons ont disparu, il leur est interdit de conserver leurs traditions, la danse du Soleil est interdite, trop cruelle et trop païenne pour les Euro-Américains. C’est alors qu’apparaît une nouvelle religion, « la danse des Esprits ». Un jeune Paiute a eu une vision au cours de laquelle les dieux lui ont enseigné une danse sacrée : si les Indiens apprennent cette danse et la pratiquent en portant des chemise spéciales, les Blancs repartiront en Europe, les Indiens morts revivront et les bisons seront de retour. Black Elk rejoignit le mouvement et devint lui-même l’un des chefs.

mes mitrailleuses Hotchkiss du 7ème rgt de cavalerie

Le mouvement s’est répandu comme une traînée de poudre, mais aboutit au massacre de Wounded Knee : en décembre 1890, une bande d’Indiens Lakota Minneconjou se rendaient dans leur réserve et avaient établi leur camp pour la nuit. Le 7ème Régiment de cavalerie les encercla et leur demanda de remettre leurs armes. Il semble qu’un Minneconjou était sourd, n’a pas entendu les ordres et n’a donc pas rendu ses armes. Alors les Hotchkiss sont entrés en action et firent quelque 300 victimes, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Black Elk était là et a courageusement participé à une résistance désespérée. Le massacre de Wounded Knee marqua la fin de la résistance armée indienne. Cela ne  les empêcha pas de protester, car un certain nombre de soldats furent récompensés par la médaille d’honneur. Il fallut attendre 1990 pour que le Congrès exprime « ses profonds regrets » pour ce massacre.

Désormais, Black Elk a œuvré comme homme médecine, car il avait déjà opéré des guérisons.

Lorsqu’il avait une quarantaine d’années, il fut baptisé et fit baptiser ses enfants, ce qui ne signifie pas qu’il s’était éloigné des traditions de son peuple : à partir de 1934 et pendant une dizaine d’années, il organisa un spectacle indien dans les Black Hills mais, contrairement au Wild West Show, il ne glorifiait pas les guerres indiennes, mais voulait enseigner aux touristes la culture et les coutumes lakotas, y compris la Danse du Soleil, qu’il contribua à remettre à l’honneur.

sixth grandfather

Au début des années 1930, il entreprit de raconter l’histoire de sa vie à John Neilhardt, qui va la publier sous le titre de Black Elk Speaks. Le livre est un classique au programme des études amérindiennes dans nombre d’universités. Il est dès lors difficile d’être d’accord avec le gouverneur Dennis Baugaard lorsqu’il dit que rares sont les personnes qui ont entendu parler de Black Elk !

Le Bureau fédéral a effectué une enquête après des Indiens de la région et a conclu que le nom de Harney Peak était offensant et méprisant, d’autant qu’il s’agit d’un lieu sacré pour les Indiens. La décision du Bureau fédéral n’a pas que des partisans : le sénateur républicain John Thune a déclaré que la décision « unilatérale » est inadmissible et « défie toute logique ».

Basil Brave Heart

C’est Basil Brave Heart, un membre de la tribu Sioux oglala qui avait proposé le nom de Black Elk Peak en 2015, en disant : « Je ne veux pas voir une montagne qui porte le nom d’un homme qui a violé et massacré des femmes et des enfants. Notre peuple a dû vivre trop longtemps  sous un tel nom. » Désormais elle porte le nom d’un guide spirituel.

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