La commémoration manquée
Le 8 mai 1995 à Montauban :
Tous frères, vraiment ?
Omaha Beach, Utah Beach. Ce n'est pas un fait du hasard si deux plages du débarquement allié en Normandie portent des noms de tribus indiennes.
Chez les Sioux, les campagnes de France, de Belgique et d'Allemagne en 1944-45 ont fait 8 300 morts. Et le 6 juin 1944 ce sont exactement 243 Sioux (sans parler des autres peuples amérindiens) qui étaient tués sur la plages de Normandie en montant à l'assaut pour libérer notre pays de l'invasion et de l'oppression nazies.
Des Sioux sont venus pour le 8 mai 1995 à Montauban. Ils avaient amené leur bannière de la nation Sioux-Lakota ; ils avaient revêtu leurs tenues traditionnelles, coiffé le bonnet de guerre à plumes d'aigle. Ce n'était pas du folklore mais un hommage respectueux à tous ceux qui sont tombés pour la liberté. Ils ont déposé une gerbe sur la plaque commémo-rative de la place des Martyrs. Sur cette gerbe on pouvait lire : « La Nation Sioux à tous les martyrs : Normandie, Oradour, Wounded Knee, Montségur. » et au-dessous était ajouté l'inscription « Mitakuye Oyasin » (nous sommes tous frères).
Ils ont rythmé leurs chants sacrés au son du grand tambour en peau de bison. Ils ont dit des prières en langue lakota, Ils ont brûlé la sauge, laissé monter la fumée purificatrice vers les quatre directions, puis vers la terre-mère. L'émotion était grande parmi ceux qui participaient à cet hommage aux martyrs
Cela s'est passé le 8 mai 1995, cinquante ans après la Libération, dans l'indifférence d'une ville qui ne savait pas.
Les vingt-six Sioux de Montauban avaient été exclus de la façon la plus méprisante des manifestations officielles qui se tenaient au même moment au cours Foucault. On n'avait pas obtenu de réponse à la demande écrite que nous avions adressée pour eux aux organisateurs de la cérémonie officielle. On nous a informés indirectement par la suite que le programme des commémorations avait été « calé » et qu'il n'était plus question de le modifier. Mitakuye Oyasin ?