Péages sur les pistes
Les vaches Longhorns
voir l'album Vaches Longhorns en Oklahoma
A la
fin de la guerre de Sécession, de nombreux ranches du Texas étaient restés
intacts. Toutefois leur cheptel, estimé
avant la guerre à quelques 4 millions de têtes de bétail, était devenu sauvage
et avait tellement proliféré qu’il atteignait, à la fin des hostilités, un
effectif de plus de 15 millions de bêtes. Alors des convois de bétail furent
organisés pour emmener des milliers de vaches Longhorns jusqu’aux principales
gares ferroviaires d’où elles partaient pour les grands abattoirs du Nord.
Cette
race Longhorn, caractérisée comme son nom l’indique par d’immenses cornes dont
l’envergure dépassait les 2 mètres, avait un caractère ombrageux et
particulièrement fougueux qui la rendait extrêmement dangereuse. Elle avait été
importée d’Espagne au temps des conquistadores mais n’avait jamais pu être
complètement domestiquée, surtout après
des années passées dans la plus complète liberté des plaines du Sud-Texas. On
imagine donc le danger de tels convois pour les cow-boys qui risquaient leur
vie à chaque instant. Mais il y avait de l’argent à gagner. Une vache qui ne
valait que 5 dollars au Texas pouvait atteindre, rendue aux abattoirs de
Chicago, un prix de 40 dollars.
Du sud du Texas à la gare de Kansas City la piste était longue et pleine
d’imprévus car elle traversait le Territoire Indien (ancien nom de l’Oklahoma). Il y avait, en fait, plusieurs
pistes, toutefois la plus importante était la piste Chisholm. Jesse Chisholm –
un métis Ecossais-Cherokee qui était à la fois guide, saunier et colporteur et
parlait quatorze langues indiennes – avait reconnu puis parcouru maintes fois
avec son chariot bâché cette piste, longue de plus de 1600 kilomètres qui
traversait le Territoire Indien du sud au nord.
De
bonne heure, les peuples du Territoire Indien comprirent que s’ils ne pouvaient
empêcher les convois de bétail de traverser leur pays, ils pourraient toutefois
exiger un droit de péage en nature, autrement dit payé avec des bêtes. Les
Indiens, affamés par la disparition du gibier de leur territoire, approuvaient
unanimement ce moyen d’obtenir leur subsistance. D’autant plus que durant cette
longue marche vers le nord les cow-boys faisaient paître le bétail et ainsi
engraissaient les bêtes à bon compte. Les éleveurs blancs durent donc se
résoudre à signer des baux de location de pâturages. Cela ne fut guère possible
avec les cinq tribus civilisées qui, installées dans l’est du Territoire
Indien, avaient déjà leurs propres élevages et aucun pâturage à louer. Dans
l’Ouest, en revanche de vastes étendues demeuraient disponibles aussi, en 1890,
les tribus Kiowa, Comanche, Cheyenne, Arapaho avaient loué la moindre parcelle
de leurs pâturages aux éleveurs blancs.
Entre 1867 et 1889 on estime à dix millions le nombre de bêtes qui
traversèrent le Territoire Indien le long de la seule piste Chisholm, pour
finir leur voyage aux abattoirs de Chicago, aujourd’hui la ville des célèbres «
Chicago Bulls », les taureaux de Chicago.