En hommage au "Roi Soleil"...
La Louisiane française
Soyons clair : ce n’est pas de l’Etat actuel de la Louisiane – capitale Baton Rouge – qu’il s’agit ici, mais bien de la « Grande Louisiane » dont la capitale était Saint Louis – aujourd’hui capitale de l’Etat du Missouri. Autrefois, la grande Louisiane couvrait près d'un tiers des Etats-Unis actuels, du golfe du Mexique aux Grands Lacs et du Mississippi aux Montagnes Rocheuses. Voici résumées les grandes étapes de l’histoire de la Louisiane française.
Jacques Marquette
L’histoire de la Louisiane française commence en 1673, lorsque les canoës de la célèbre expédition dirigée par le Père jésuite Jacques Marquette et son second Louis Jolliet partent du lac Erié et descendent le Mississippi à la recherche de l’océan de l’ouest. A cette époque, personne en Nouvelle-France (le Canada) ne sait que le Grand-Père des Eaux, comme l’appellent les Indiens, le Meschacebé, comme l’écrira plus tard Chateaubriand, bref, le Mississippi déverse ses flots tumultueux dans le Golfe du Mexique. A sa grande déception Marquette découvre que le fleuve coule désespérément vers le sud et non vers l’ouest comme il le croyait. L’expédition s’arrêtera au confluent de la rivière Arkansas après avoir rencontré le peuple des Illinois. Ces derniers désignaient la région du sud et de l’ouest du bassin du Mississippi comme le pays des Wha-Sha-She, un nom que Marquette transcrit phonétiquement en Osage. Redoutant, s’il continue, de se retrouver en territoire espagnol et de voir son expédition anéantie, Marquette décide de retourner en Nouvelle-France.
Robert Cavelier de La Salle
Neuf ans plus tard, en 1682, un autre Français, Robert Cavelier de La Salle, complétait l’expédition Marquette en descendant tout le cours du Mississippi jusqu’au Golfe du Mexique. C’est lui qui, appréciant l’immensité du territoire découvert, décida de l’offrir à la couronne de France et de lui donner le nom de Louisiane en hommage au roi Soleil. C’est ainsi que, sans le savoir – l’auraient-ils su, cela n’aurait rien changé à leurs habitudes – les Wha-Sha-She devinrent, comme d’autres Indiens, les sujets de Louis XIV.
L’année suivante Cavelier de la Salle rentrait en France et se présentait à la cour. Son projet était d’établir en Louisiane une véritable colonie et d’y installer des forts militaires. Une nouvelle expédition fut donc montée, cette fois par la voie maritime. Le Mississippi serait remonté. Encore fallait-il retrouver le delta. Longtemps, les navires de de la Salle longèrent la côte. Finalement l’expédition débarqua au Texas et continua à errer jusqu’en 1687. Après des années de vaines recherches, l’expédition abandonna et entreprit de remonter vers le nord. Mécontents de leur chef auxquels ils reprochaient cet échec, les membres de l’expédition se laissèrent gagner par la grogne qui fit bientôt place à la colère. Finalement, Cavelier de la Salle mourût assassiné, d’une balle dans le dos tirée par l’un de ses hommes.
Bernard de la Harpe
La première conférence de paix et la toute première alliance en Oklahoma entre un pays européen et des tribus indiennes fut conclue en 1719 dans un village Tawakoni par le commandant Bernard de la Harpe en visite sur la rivière Arkansas. Une stèle fut érigée pour cette occasion. Elle était gravée aux armes du roi de France et portait la date de l’événement: le 10 septembre 1719. Neuf tribus avaient ratifié le traité et reçurent le drapeau blanc à fleurs de lys, marquant leur appartenance à l’identité française qui, de toute évidence, s’obtenait sans poser le moindre problème d’origine sous l’ancien régime.
Louis XV
Trente-sept ans plus tard éclatait la guerre de 7 ans qui opposait la France à l’Angleterre pour le contrôle des colonies américaines. En 1756, le traité de Paris constatait la défaite des Français. Le roi Louis XV ratifiait la cession de la Louisiane que se partageaint les Anglais et les Espagnols. Mais l’histoire de la Louisiane française ne s’arrête pas là. Qui donc va nous la rendre?
Les Osages
Des durs à contrôler ces Osages, d’autant plus qu’eux-mêmes contrôlent toute la partie ouest du Mississippi jusqu’aux Rocheuses. Tout, c’est à dire le commerce de la fourrure, le trafic sur les voies navigables, la traversée des Plaines du sud. Des géants de plus de deux mètres qui terrorisent les autres tribus et règlementent le trafic d’esclaves. Incontournables Osages. Les Espagnols, découragés et convaincus de ne jamais parvenir à assagir les Wha-Sha-She, jouent au jeu de la patate chaude. La Louisianne redevient française en 1800.
Napoléon Bonaparte
« Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte » (Victor Hugo). Le Premier Consul rêve de conquêtes et d’Empire. L’argent, nerf de la guerre, fait défaut. Dans ces cas-là, on vend. C’est ce que va faire Bonaparte en 1803. Thomas Jefferson, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Paris devenu président de la jeune République Américaine, ne va certes pas manquer cette aubaine. Pour 15 millions de dollars – une poignée de pop corn – il double l’étendue des Etats-Unis. Fin de la Louisiane française dont nous retiendrons trois célébrités occitanes qui nous touchent de près :
Thomas Jefferson
Laclède, Cadillac, Dubourg
Pierre Laclède, Béarnais d’origine, fonda la ville de Saint-Louis (aujourd’hui capitale de l’Etat du Missouri) qui devait devenir capitale de la Louisiane.
Antoine Laumet de Lamothe-Cadillac, né à Saint-Nicolas-de-la-Grave en Tarn-et-Garonne, fonda la ville de Détroit (aujourd’hui capitale du Michigan) et devint gouverneur de la Louisiane française avant de se retirer à Castelsarrasin (toujours en Tarn & Garonne.) où il mourut.
Louis-Guillaume Dubourg fut évêque de la Louisiane, au siège de Saint Louis. Il organisa, avec succès, des missions évangéliques chez les Osages. Il devint ensuite évêque de Montauban (chef-lieu du Tarn & Garonne) où il recueillait, en novembre 1829, les Osages perdus de Petit-Chef... En quelque sorte les inspirateurs, voire les involontaires fondateurs d’OK-OC.
épilogue
Comment douter, après cela, de l’utilité d’OK-OC à entretenir la mémoire de cette Louisiane française dont nous n’avons certes aucune raison d’être fiers mais qui néanmoins appartient à un patrimoine culturel et historique dont il faut bien assumer l’héritage ?