Une présence occitane en Amérique
Fort Chartres et les Osages
Louis F. Burns est un historien osage, auteur d’une « Histoire du Peuple Osage », d’un recueil généalogique des familles osages et de plusieurs ouvrages sur les mythes, légendes, symboles de la riche culture de son peuple. Cet érudit, parcourt infatigablement les Etats-Unis pour donner des conférences. Il est venu trois fois en Occitanie ( en 1990, 1992 et 1997) où il s’est passionné pour notre culture et notre histoire. Il nous en donne une fois de plus un gage dans sa conclusion.
Peu d’historiens américains mentionnent Fort Chartres. Pourtant, ce fut la plus puissante forteresse française en Nouvelle France (Amérique du Nord).
Avant la Guerre de Sept ans – qu’aux Etats-Unis nous appelons la Guerre contre les Français et les Indiens – Fort Chartres était le plus important poste de traite des Osages. Il faut signaler que cette dernière guerre entre les Français et les Anglais pour le contrôle de l’Amérique du Nord commença en Amérique et dura plus longtemps ici qu’en Europe. Quand les Français réalisèrent que les Britanniques étaient sur le point d’attaquer Fort Duquesne – aujourd’hui Pittsburgh (Pennsylvanie) – ils appelèrent leurs alliés indiens à la rescousse. Les Osages répondirent en envoyant à leurs amis français un important contingent de guerriers. Ils firent halte à Fort Chartres où ils furent équipés d’armes à feu (de fusils) et de plomb.
La bataille commença par des échanges de salves de mousquets entre les troupes régulières françaises et anglaises. Il devint bientôt évident que les militaires français n’étaient pas de force à soutenir le feu des Anglais commandés par le général Braddock. Alors qu’ils poursuivaient les soldats français, les Britanniques furent accueillis par un orage de balles tirées de derrière les arbres et les rochers. Les Osages ainsi que les autres supplétifs, Indiens et coureurs des bois, appliquaient une tactique que plus tard, lors de la deuxième guerre mondiale dans les forêts tropicales du Pacifique, nous devions appeler dans le corps des U.S.Marines "feu en mouvement". Divers historiens notent que Washington sauva les Britanniques de l’écrasement en utilisant la même tactique pour couvrir la retraite des Anglais.
Le groupe de guerriers Osages maintint son alliance avec les forces françaises pendant quelque temps. Ils se battirent dans l’actuel Etat de New York et aidèrent les Français à conquérir la forteresse britannique de Niagara sur les Grands Lacs. La guerre se termina avec la signature du traité de Paris en 1763 par lequel la France cédait la totalité de ses possessions Nord-Américaines.
Alors que le major Sterling, commandant en chef des forces britanniques, préparait le protocole en vue de la reddition de Fort Chartres, un chef osage rendit visite à Saint Ange de Bellerive, le commandant français du fort. Ce fut tout ce que Saint Ange et son aide purent faire pour empêcher les Osages de tuer le major Sterling. Les Osages pensaient que Sterling avait l’intention d’agresser Saint Ange. Ce fut une bien triste journée que celle qui vit Sterling et ses Highlanders prendre possession de Fort Chartres. Saint Ange et la garnison française traversèrent le Mississippi; certains s’établirent à Saint Louis et d’autres à Saint Charles sur le Missouri.
Il existe un lien tout particulier entre Fort Chartres, sur le Mississippi et l’Occitanie, dans le Midi de la France. La quasi totalité de la garnison française de Fort Chartres était originaire d’Occitanie et avait été recrutée dans la vallée de la Garonne.
Quiconque souhaiterait visiter le site partiellement restauré de Fort Chartres, devrait se rendre à Prairie du Rocher dans l’Illinois. Le fort est à environ sept kilomètres de ce vieux village français.
Louis Francis Burns