Vous avez dit "sauvage" ?
Champollion rencontre les Osages
Le grand Jean-François Champollion était à Paris
en août 1827. C’est au Louvre qu’il rencontra les Osages. Voici un extrait de
la lettre qu’il écrivit à son amie la poétesse Angelica Palli, en Toscane :
« Une femme Osage s’appelait Mihanga. Ses traits étaient agréables, malgré la teinte de sauvagerie qui se mêlait singulièrement à une physionomie à la fois grave et douce. Le beau monde qui l’entourait n’obtint point un seul regard : Mihanga paraissait toute renfermée sur elle-même. Elle se lève tout à coup après avoir jeté un coup d’œil autour de la salle, traverse la foule, se dirige à pas comptés vers une colonne du fond et s'assied dans l’ombre projetée par la colonne, la face tournée vers le mur. Là, croisant ses bras sur les genoux, la tête baissée et les yeux fermés, elle commence à demi-voix un chant lentement cadencé et d’une tristesse déchirante. Je l’avais suivie mais je me tenais à certaine distance. Les belles dames n’imitèrent point ma discrétion : elles entourèrent de nouveau la plaintive Osage, qui toute entière à ses souvenirs prolongea sa chanson pendant une demi-heure, sans se douter de la sotte curiosité qui, sans comprendre ses douleurs, voyait un frivole amusement là où la pitié, la sympathie et la compassion pouvaient seules trouver une place. Cette pauvre malheureuse pensait sans doute à son pays et aux êtres chéris qu’elle avait laissés et nos belles Parisiennes riaient... Je vous demande qui, de Mihanga ou de ses dames, méritait le nom et l’accoutrement de sauvage. »
Mi-Ho'n-Ga