Eté Indien de Montauban (2)
Le dernier des Occitans
L'Occitan - Huile sur toile de Henry Van Lœnen
Le dernier des Mohicans mourut de mort violente, selon Fenimore Cooper. Le film, sorti sur les écrans en 1992 et le roman dont il est adapté posent le problème de la disparition d'une culture, ce qui devrait nous concerner au premier chef. Bien que nous n'ayons plus, sans doute, à redouter un génocide, la menace n'en est pas moins grande et dangereuse par sa subtilité. Le rouleau compresseur de l'américanisation écrase déjà notre culture, occitane et française, sans que nous n'y prenions garde, occupés que nous sommes à regarder ailleurs. Notre télévision ressemble de plus en plus au modèle américain. On balance du "OK" à tout propos, on ne dit plus un entraîneur mais un " coach ", une occasion mais une " opportunity ", etc. Les habitudes de grignotage remplacent celles des repas en famille. Mickey est venu nous apprendre à nous distraire gentiment. Il n'y a pas que le problème de l'omniprésence de la langue, la contamination est plus insidieuse.
Les Indiens, comme nous, sont confrontés au nivellement culturel. Ils le combattent sans pour autant tomber dans l'anti américanisme. Ils sont Américains, officiellement depuis 1927, en fait depuis toujours et il serait vain de s'attendre de s'attendre à les voir nier ce qu'ils ont eu tant de mal à faire reconnaître. Ils sont aussi indiens et veulent le rester. Leur lutte s'organise autour d'une reconquête de leurs cultures. Les danses, les chants et les cérémonies traditionnelles ne sont pas les manifestations d'esprits attardés ou de rêveurs nostalgiques d'un paradis perdu, inaptes à s'adapter au monde moderne. Elles sont les diverses frormes d'une identité construite autour d'une histoire, d'une philosophie, d'une spiritualité, d'un art pour n'en donner que les dimensions principales. L'identité reconquise à l'intérieur, reconnue et respectée à l'extérieur, peut alors devenir un vecteur économique.
Reste le problème de la langue. Chez les Indiens, nombreuses sont celles qui ont disparu. L'exemple le plus poignant qu'il m'ait été donné de connaître est celui de la langue des Miami. Cette tribu, déportée en Oklahoma, n'a plus de langue depuis 1991. Le dernier des Miami capable de la parler s'est éteint cette année-là. Il s'appelait Woodrow Palmer.
Attendrons-nous qu'un jour du prochain millénaire quelque écrivain visitant le sud de la France y découvre le sujet d'un roman qui pourrait, par exemple, s'intituler " le dernier des Occitans " ?
Le retour du dernier des Mohicans
Leur véritable nom est Muhhehuneuw, ou « Peuple de la Grande Rivière ». Si nous parlons aujourd'hui de ce film dont des personnages principaux étaient joués par Wes Studi et Russel Means, c'est que nous avons eu l'honneur et le plaisir d'accueillir ces jours derniers à Montauban et dans la région un autre acteur du film " Le dernier des Mohicans "
Wes Studi
Russel Means
Non, pas ces deux acteurs-là, ne rêvons pas. Le nôtre avait un rôle plus modeste : celui de l'un de ces " méchants guerriers iroquois " qui faisaient des misères aux " gentils Français " du film.
Pour l'occasion on lui avait rasé le crâne, ne lui laissant que la mèche du scalp sur la partie occipitale ; on lui avait tatoué le visage et le corps ; un " coach " lui avait appris à combattre à l'iroquoise, c'est à dire férocement bien sûr. C'était un solide athlète de 2,05 mètres d'altitude au-dessus du niveau de ses mocassins. Une véritable armoire iroquoise, sauf que les Iroquois de cette époque ne connaissaient pas encore l'armoire et que notre farouche guerrier du film était... osage. Et il l'est encore. Il était notre invité de cette semaine indienne de Montauban, du 23 au 27 octobre
Il est ici au centre de l'image, il s'agit de Joe Tillman entouré de Debra Atterberry (g) et de Paula Mashunkashey (d)
Vingt-deux ans plus tôt, il n'avait pas l'air trop méchant pour un guerrier iroquois
Il avait même l'air plutôt gentil dans ce groupe de guerriers iroquois de cinéma. Inutile de vous le désigner, fiez-vous à sa haute stature.
Maintenant que tout est terminé, on fume la pipe sans tabac (Le dernier des MihOCans) - dessin de Fijac