Se non è vero è ben trobato...
Les Astronautes et le Navajo
L'histoire que nous reproduisons ici est extraite d'un livre intitulé " Sapiens. Une brève histoire de l'humanité " (1). L'auteur Yuval Noah Hariri n'en garantit pas l'authenticité, " à moins que ce ne soit qu'une légende ", écrit-il. Qu'importe nous ne résistons pas au plaisir de la partager car, comme disent les Italiens : " Se non è vero è ben trobato " (Si cela est faux, cela semble tellement véridique que cela devrait être vrai.)
Yuval Noah Hariri :
Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin mirent le pied sur la surface de la Lune.
Dans les mois précédant l’expédition, les astronautes d’Apollo 11 s’entraînèrent dans un désert « lunaire » de l’ouest des Etats-Unis (2). La zone abrite plusieurs communautés indigènes américaines (3). Une anecdote – à moins que ce ne soit qu’une légende – rapporte la rencontre des astronautes et d’un habitant du coin :
Un jour qu’ils s’entraînaient, les cosmonautes tombèrent sur un vieil indigène américain. L’homme leur demanda ce qu’ils fabriquaient là. Ils répondirent qu’ils faisaient partie d’une expédition de recherche qui allait bientôt partir explorer la Lune. Quant le vieil homme entendit cela, il resta quelques instants silencieux, puis il demanda aux astronautes s’ils pouvaient lui faire une faveur.
« Que voulez-vous ?
– Eh bien, fit le vieux, les gens de ma tribu croient que les esprits saints vivent sur la Lune. Je me demandais si vous pouviez leur transmettre un message important de la part des miens.
– Et quel est le message ? » demandèrent les astronautes ?
L’homme marmonna quelque chose dans son langage tribal, puis demanda aux astronautes de le répéter jusqu’à ce qu’ils l’aient parfaitement mémorisé (4).
« Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
– Je ne peux pas vous le dire. C’est un secret que seuls sont autorisés à savoir notre tribu et les esprits de la Lune. »
De retour à leur base, les astronautes ne ménagèrent pas leurs efforts pour trouver quelqu’un qui sût parler la langue de la tribu et le prièrent de traduire le message secret. Quand ils répétèrent ce qu’ils avaient appris par cœur, le traducteur partit d’un grand éclat de rire. Lorsqu’il eut retrouvé son calme, les astronautes lui demandèrent ce que cela voulait dire. L’homme expliqua. Ce qu’ils avaient si méticuleusement mémorisé voulait dire : « Ne croyez pas un seul mot de ce qu’ils vous racontent. Ils sont venus voler vos terres. »
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1. Yuval Noah Harari, " Sapiens. Une brève histoire de l'humanité " , Albin Michel 2015. pp.335-336
2. Il s'agit du site dénommé " Cinder Lakes Crater Field " dans le nord de l'Arizona, au nord-est de Flagstaff. La Nasa s'efforça d'y reconstituer un paysage lunaire en y creusant à grands renforts d'explosifs des dizaines de cratères plus ou moins profonds
3. Comme la zone est située au cœur de la réserve navajo, les autochtones qui y résident sont des membres de ce peuple
4. Rien n'indique que ce vieil Indien était un vétéran des célèbres Navajo Code Talkers. Mais le fait que cette langue ait servi de code pour crypter les communications radio dans les combats du Pacifique de la deuxième guerre mondiale permet de comprendre la perplexité des deux cosmonautres.