Les traces des Indiens
Les arbres que les Indiens
Ont plantés à Montauban
Depuis vingt-neuf ans, Montauban s’est parée du titre de « ville la plus indienne de France ». En effet de nombreux sites jalonnent le « parcours des Osages » faisant référence aux trois "SDF " de cette nation, dépourvus de tout et désespérés qui arrivaient en novembre 1829 dans notre bonne ville. On sait ce qu’il advint d’eux qui, grâce à la générosité des Montalbanais, s’en retournèrent au Kansas où leur peuple avait été déplacé. Depuis que les relations ont été renouées, en 1989, d’autres nations d’Indiens d’Amérique ont envoyé certains de leurs représentants à Montauban. Parmi les jalons implantés dans la ville nous citerons aujourd’hui les « arbres des Indiens »
Le sequoïa du Jardin des plantes
Il fut le tout premier, le 22 juillet 1992. OK-OC avait invité cette année-là huit tribus d’Oklahoma à venir commémorer « cinq siècles de résistance indienne et occitane ». Les Osages, évidemment étaient représentés mais, parmi les autres nations, une jeune fille représentait les Cherokee. Elle s’appelait Vanessa Williams ; elle était la fille de Richard Williams, Cherokee et de Lillian Williams, Pawnee. Elle venait de Tulsa (Oklahoma)
C’est sur la première terre indienne dédiée aux Osages que Vanessa a planté un séquoïa. Pourquoi cette espèce américaine plutôt qu’une autre ? Son nom vient de celui d’un chef célèbre de la tribu Cherokee : le chef Sequoyah qui créa un alphabet pour son peuple lui permettant ainsi de passer de la tradition orale à l’écrit dans un système graphique propre à rendre fidèlement tous les phonèmes de sa langue.
Ce jour-là donc, Vanessa, très émue plantait son Sequoïa gigantea – à moins que ce soit le sempervirens – qui était à peine plus grand qu’elle, de quelques centimètres. Aujourd’hui, c’est un arbre majestueux d’une trentaine de mètres de hauteur qui grandit à vue d’œil (ou presque !). Que l’on se rende compte : 25 mètres en 23 ans, plus de 1 mètre par an. S’il s’agit du S. gigantea, il faut savoir qu’en Californie il atteint l’âge vénérable de trois cents ans et la hauteur de 100 mètres. Les jardiniers futurs du jardin des plantes de Montauban auront hérité du plus grand être vivant que la terre ait jamais porté
L’oranger des Osages
Encore une espèce américaine. Il s’agit d’un mûrier dont le fruit a la grosseur d’une orange – d’où son nom erroné mais, depuis les « Indiens » de Christophe Colomb, on ne s’étonne plus. En revanche son attribution aux Osages n’est en rien usurpée. Le bois de cet arbre était utilisé par les anciens guerriers-chasseurs de ce peuple pour confectionner des arcs renommés dans tout le monde amérindien. Fréquent dans les Etats méridionaux du Midwest (Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Arkansas), cet arbre fournissait aux Osages le bois dont ils fabriquaient leurs arcs. D’où le surnom de « bois d’arc » donné à cette espèce par les Osages eux-mêmes. Ils utilisent d’ailleurs encore aujourd’hui cette appellation (qu’ils prononcent bodark) sans toujours connaître son sens en français. Le fait qu’ils aient adopté et retenu cette expression française témoigne de l’influence culturelle française dans l’ancienne Louisiane (divers auteurs indiquent que de nombreux Osages comprenaient et parlaient le français).
C’est en novembre 2009 qu’un jeune Maclura aurantiaca (son nom scientifique) a été planté au Jardin des plantes de Montauban par la délégation officielle de la tribu Osage, conduite par le chef Jim Gray et par le consul des Etats-Unis à Toulouse, Mr David Brown
L’érable à sucre
Qui n’a jamais savouré une crêpe arrosée au sirop d’érable ? Encore une invention des Indiens d’Amérique. Depuis la nuit des temps, dans la région des Grands lacs, le sirop d’érable est extrait par les Indiens Ojibways d’une espèce d’érable : l’Acer saccharum, l’érable à sucre. Nous avions invité en cet automne 2011 des représentants de plusieurs tribus parmi lesquelles des Ojibways.
Ainsi donc, le 10 septembre 2011, en compagnie des enfants de l’école Camille-Claudel à Montauban, les Ojibways plantaient au centre de la cour un jeune érable à sucre. A la suite de cette cérémonie, tout le monde se réunissait dans une grande salle pour déguster des crêpes au sirop d’érable.
Le Tuliper de Virginie
Le tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera) est, comme son nom l'indique, originaire des états de l'est des États-Unis (et pas seulement de Virginie). Sa fleur à la forme d'une grosse tulipe verte et sa feuille celle d'un lis (ou plutôt d’une lyre) C'est l'espèce qui a été choisie pour être plantée par les Indiens à la maternelle de Villebourbon. C'est un très bel arbre de la famille des Magnoliacées.
Nous sommes en septembre 2012 à l’école maternelle de Villebourbon, un quartier de Montauban. Deux Osages sont nos invités : Paul Bemore et Joe Hall. Ils vont, devant tous ces bambins rassemblés et attentifs comme seuls les enfants savent l’être devant des Indiens, pratiquer une cérémonie de plantation dont ils se souviendront toujours.
Enterre mon cœur à Montauban
En conclusion (provisoire)
Quatre arbres plantés par des Indien(ne)s en vingt-deux ans ; un tous les cinq ans. A ce rythme, dans mille ans nous en aurons planté deux cents, une véritable petite forêt indienne. Montauban, fondée en 1144 par Alphonse-Jourdain comte de Toulouse, célèbrera son millénaire en 2144. Nous y serons. Et vous ?
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