Réflexions après la manifestation de Béziers
Langue occitane, langue osage, même combat ?
Mongrain Lookout, directeur du programme linguistique osage
Après la manifestation occitane de Béziers, le 17
mars, où nous avons senti monter l'espoir et pris confiance en l'avenir
de notre langue et de notre culture, nous pouvons légitimement nous
interroger à OK-OC au sujet des autres langues qui, comme la nôtre ont
été et sont encore menacées. Il en est ainsi de la langue osage et,
curieusement, on observe actuellement le même enthousiasme pour la
reconquête linguistique et culturelle.
Voici quatre
ans il ne demeurait plus que quatre locuteurs naturels de la langue
osage. C'est dire si elle était mal en point et l'issue qui était
prévisible à court terme. C'est alors qu'une prise de conscience s'est
produite et a gagné rapidement du terrain jusqu'à se répandre dans
toute la tribu. Celle-ci vit pour la plus grande partie dans sa réserve
en Oklahoma. Administrativement c'est le "Comté Osage" : une réserve
grande comme deux départements français ! Une autre partie de la tribu
a migré en Californie du sud où elle est organisée en association,
l'UOSC (Union des Osages de Californie du Sud). En tout 12 000 à 14 000
Osages. Partout la reconquête de la langue est à l'ordre du jour. C'est
le Le Conseil tribal dont le siège est à Pawhuska (Oklahoma) qui a
lancé et financé un vaste programme d'enseignement de la langue osage.
Le directeur de ce programme est Mr. Mongrain Lookout, descendant d'un
illustre chef de la tribu. Mr Lookout a imaginé un syllabaire qui
permet de transcrire tous les phonèmes spécifiques, ce qui fait
qu'aujourd'hui la langue osage est, pour la première fois de son
histoire, une langue écrite. Les cours de langue sont donnés dans les
trois ville osages de la réserve : Pawhuska, Hominy et Grayhorse, par
une équipe d'enseignant(e)s. MMr Vann Bighorse, John Maker, Cameron
Pratt, Billy Proctor et MMrs Mary Bighorse, Danette Daniels, Tracy
Moore. L'objectif est d'obtenir qu'à moyen terme la langue soit parlée
au quotidien dans tous les foyers. Et les responsables mettent les
bouchées doubles. Voici trois ans, au commencement du programme, on
dénombrait une vingtaine d'élèves. Aujourd'hui ils sont plus de trois
cents, toutes générations confondues. On peut donc parler d'un
véritable engouement qui laisse augurer des succés éclatants d'ici
quelques années.
Nous aurons l'occasion de revenir sur cette
extraordinaire reconquête dans les jours à venir et nous espérons bien
recevoir bientôt quelques responsables de ce programme.
Billy Proctor L'équipe d'enseignants
Mary Bighorse
Vann BighorseDanette Baniels et Tracy Moore
Alors, Occitan, Osage, même combat ? Pas exactement. Il y a
entre leur situation et la nôtre une importante différence
d'échelle. Chez nous les Occitans se comptent par millions,
là-bas quelques milliers seulement. Une autre différence est celle de
la tutelle gouvernementale. Les Osages, depuis peu, se sont libérés du
poids de l'administration fédérale et sont devenus autonomes. Ils
ont leurs propres revenus (pétrole, casinos, taxes) et leur
gouvernement indépendant tout acquis à la cause. Chez nous rien de tel.
Cependant,
de part et d'autre une prise de conscience existe et se consolide : il
faut éviter le nivellement culturel et, pour préserver la diversité
culturelle, la défense et la pratique des langues maternelles est
essentielle.
J-C. Drouilhet