Un grand explorateur du Missouri :
Etienne Venyard de Bourgmont
et les Osages
Au début du 18ème siècle, les Français pensaient avoir bien choisi leurs alliés indiens. La tribu Osage occupait, sur la rivière Missouri, une position stratégique qui interdisait à d’autres toute exploration, tout commerce et expédition militaire. Les voies navigables étaient les seules qui permettaient de se déplacer à travers la nature sauvage aussi les Français fournissaient-ils les Osages en fusils à pierre et en chevaux en échange de la liberté de circulation sur la rivière.
Avec ces avantages, les Osages étaient
capables de dominer les autres tribus. La répétition des succès militaires et
l’insistant désir des Européens à commercer rendirent les Osages de plus en
plus agressifs dans leurs relations avec leurs voisins indiens et extrêmement
arrogants envers tout le monde, y compris leurs alliés français.
Les compagnies de fourrures envoyaient les coureurs des bois (trappeurs et négociants) dans des expéditions
commerciales vers les autres tribus. Les Osages, sûrs de leur propre pouvoir et
déterminés à empêcher les guerriers ennemis d’obtenir des fusils, attaquèrent
les expéditions françaises à diverses reprises. Ils s’emparèrent des mousquets
et des munitions des négociants qui n’avaient pas encore atteint leur
destination et des fourrures de ceux qui rentraient chez eux. Les protestations
outrées des Français ne produisaient que de molles dénégations des Osages qui
se rendaient compte que ces incidents seraient vite oubliés et passées en
pertes et profits afin de maintenir intacte la bonne volonté de la tribu.
En 1723, le roi de France envoya Etienne Veniard, Sieur de Bourgmont,
afin d’établir des alliances avec les autres tribus et maintenir les Osages en
respect. Le choix de cet homme fut excellent pour une tâche difficile.
Onze années plus tôt, alors qu’il commandait le Fort du Détroit (l’embryon de l’actuelle ville de Detroit), Bourgmont avait accueilli une bande de guerriers osages venus aider la garnison française alors qu’elle était assiégée par des tribus hostiles. Bourgmont avait été tellement impressionné avec ces redoutables guerriers géants qu’il alla leur rendre visite dans leurs villages après que Fort Detroit fut sauvé.
Il vécut parmi les tribus Osage et Missouri pendant trois ans et eut un
fils avec une femme de cette dernière tribu. Les Indiens respectaient et
aimaient Bourgmont. Il était plus grand que la plupart des Français et
possédait une personnalité remarquable. Il partit seulement quand il fut
rappelé en France afin d’y recevoir une décoration royale pour son action en
pays indien.
Quand Bourgmont revint en Amérique du Nord en 1723, son premier travail fut de superviser la construction de Fort Orléans. Cet été-là, il organisa et conduisit une expédition de 64 Osages et 100 Missouris à l’ouest, vers le territoire de la tribu Kansas. Quand plusieurs de Français, Bourgmont inclus, tombèrent malades avec une forte fièvre, les Osages, interprétant cela comme un mauvais présage, désertèrent l’aventure pour entreprendre leur chasse d’automne. Pas plus cette désertion que sa maladie ne purent dissuader Bourgmont de poursuivre sa mission. Il négocia une alliance avec les tribus Comanche, Missouri, Kansa, Otoe et Osage qui leur demandait de vivre en paix et en amitié. Il pavait ainsi la voie d’une plus grande expansion française.