Histoire de la tribu Osage (3/3)
Histoire de la tribu Osage
(troisième et dernière partie)
EN TERRITOIRE INDIEN
1872-1907
Au début, le déplacement vers le Territoire indien n’avait pas modifié
les modes de vie sociale et économique des Osages. Les chasses au bison du
printemps et d’automne se succédaient au rythme des saisons. Cependant des
chasses couronnées de succès devenaient de plus en plus souvent l’exception
plutôt que la règle parce que les troupeaux de bisons avaient été
systématiquement détruits par les chasseurs blancs.
Leur source de vie étant menacée, les tribus des Plaines lançaient
attaque après attaque sur les citoyens américains qui violaient leur domaine.
Les déprédations apportèrent de rapides représailles du gouvernement des
Etats-Unis qui, au milieu des années 1870 déclara la guerre aux tribus
hostiles. Bien que les Osages ne se soient pas engagés dans ce que l’on a
appelé la guerre de la Rivière Rouge, ils en subirent les conséquences. En été
1874, une bande de 29 Osages établirent un camp de chasse sur la petite rivière
de Medecine Lodge, à l’intérieur des limites de leur ancienne réserve du
Kansas. Au moment où ils se préparaient à rentrer en Territoire indien, un
groupe de blancs tua quatre d’entre eux et vola le reste de leur viande, les
peaux de bisons, les chaudrons et les chevaux.
L’attaque injustifiée amena les Osages au bord de la guerre avec les
Etats-Unis. Le fait que les Osages ne se joignirent pas aux Indiens hostiles
des Plaines est dû à l’action décisive prise par Isaac Gibson, l’agent osage.
En apprenant les meurtres de Medecine Lodge Creek, il dépêcha à la fois des
provisions et des chariots au malheureux groupe de chasseurs et demanda que les
autorités du Kansas persécutent les blancs coupables. Il envoya aussi des
coureurs à d’autres groupes de chasse dans les Plaines pour leur demander de rester calmes et de rentrer
immédiatement dans leur réserve.
De retour à l’agence les Osages
apprirent que le gouverneur du Kansas refusait de punir les coupables du récent
massacre. En effet, il enrôla les meurtriers dans la milice en falsifiant la
date afin de faire croire à une intervention officielle. Gibson avaient
tellement peur que la riposte du
gouverneur n’amène les Osages à rejoindre les tribus de Plaines qu’il demanda
en automne 1874 que des troupes soient envoyées à l’Agence. L’arrivée du 5ème
de cavalerie venu de Fort Sill qui escortait un voyage de chefs de tribus vers
un conseil avec des responsables politiques fédéraux qui devait se tenir à
Lawrence au Kansas, troubla encore davantage les esprits. De toute façon le
mode de vie traditionnel des Osages ne serait plus jamais le même. Les bisons
avaient disparu et le résultat des campagnes de chasse était devenu aléatoire.
Avec l’arrêt des chasses traditionnelles, le moindre aspect de la vie
dans la réserve osage prit une importance considérable. Ils se souciaient
surtout de ce qui se passait à l’Agence établie à Pawhuska en 1872. Les
installations de l’Agence consistaient en bâtiments en rondins de bois qui
furent par la suite remplacés par des constructions permanentes en grès.
Cet espace de quelques acres se caractérisait par son effervescence et son activité, particulièrement chaque trimestre au moment du paiement des termes et durant la distribution des rations. De tous les responsables d’Agence qui officièrent à Pawhuska, le major Laban J. Miles, de l’Iowa fut de loin le plus compétent et le plus hautement respecté. Sensible, sympathique et dévoué, il pouvait aussi se montrer sévère et inflexible, en particulier lorsqu’il faisait appel à la police tribale.
Un autre aspect important de la vie dans la réserve était le commerce
pratiqué avec des négociants de passage ou avec les boutiques locales. Des
maisons telles que «Dunlap et Florer» ou comme «Hiatt et compagnie»
pratiquaient le troc depuis le début en échangeant contre les peaux de bisons
ramenées des campagnes de chasse bisannuelles. En 1874, les seuls négociants
emportèrent 10 800 peaux pour un montant de 60 000 dollars. Après la fin des
chasses, en 1876, les marchands se contentèrent de stocker les objets
manufacturés dont les Osages avaient besoin. Achetant les marchandises à
crédit, les Indiens accumulèrent les dettes qui étaient enregistrées sous la
forme d’encoches faites sur un bâton. Au moment du versement des sommes
trimestrielles payées à chaque personne, les Osages remboursaient les
commerçants. Les affaires étaient si profitables que dans les années 1890 pas
moins de 21 marchands avaient obtenu une licence leur donnant le droit de
commercer avec les Osages.
L’éducation était une autre dimension importante de la vie dans la
réserve. En 1872, Issac Gibson ouvrit
un pensionnat fédéral à l’Agence qui, à la fin de l’année avait inscrit 90
élèves. L’école dispensait les cours habituels mais disposait en plus d’une
ferme école d’une centaine d’acres. Au début exclus de la réserve par Gibson,
les catholiques ouvrirent aussi deux instituts éducatifs, à la demande d’une décision
spéciale prise par le Conseil national osage en 1887. Le personnel éducatif
était constitué à partir de plusieurs ordres de religieuses-enseignantes, à
Pawhuska c’était l’école Saint-Louis
pour les filles et à Grey Horse, l’école Saint-Jean pour les garçons. A elles
deux ces écoles accueillaient plus de 100 élèves. Les plus éveillés des jeunes
Osages pouvaient être envoyés dans des écoles d’autres Etats, particulièrement
l’Ecole Osage du Travail Manuel à Saint Paul (Kansas) et l’Institut Haskell à Lawrence
(Kansas), mais aussi à l’Ecole indienne de Carlisle en Pennsylvanie et
l’Institut Hampton en Virginie.
Bien que les concepts spirituels traditionnels aient changé, la vie
religieuse dans la réserve conservait toute son importance. Dans les années 1870, Wa-Kon-Da semblait avoir perdu
son pouvoir aux yeux des Osages. Ce qu’il avait conçu comme base de subsistance
pour les Osages, le bison, avait disparu ; son peuple avait été déplacé d’une
région à l’autre. Comme la mort des bisons et la perte de leurs terres étaient
dues aux hommes blancs, les Osages en tirèrent la conclusion que le dieu
chrétien devait être le plus puissant.
Cette conclusion importante devait entraîner diverses conséquences.
Certains Osages cherchèrent à trouver un compromis entre l’ancien et le
nouveau.
Combinant des éléments de la spiritualité indienne avec le concept du
Christ, le fils de dieu supplicié, ils imaginèrent une théologie dite de
l’Eglise des Premiers Américains. Utilisant le Peyotl comme un sacrement le
rite était une synthèse différente mais non totalement éloignée des anciennes
pratiques religieuses.
D’autres Osages rejetèrent un
compromis spirituel et adoptèrent les religions chrétiennes ordinaires. Pendant
un temps, les Quakers eurent un monopole religieux parmi les Osages car la
politique de pacification du président Grant n’autorisait qu’une seule
confession dans chaque réserve. Sous l’administration de l’Agent Gibson, la
Société des Amis (Quakers) dirigeait les Ecoles du dimanche, les efforts
missionnaires et les services du culte. Cependant, les «Amis» n’obtinrent
jamais autant de succès que les catholiques. L’instruction religieuse
continuelle et les occasions d’éducation firent des Osages une «Tribu
catholique»
La vie de la réserve apportait aussi des changements dans l’organisation
tribale. En 1880 les Osages reconnaissaient le Grand Chef de Paix et le Grand
Chef de Guerre comme seuls dirigeants de leurs deux grandes divisions. En
effet, après le traité dit de Sturges en 1868, Big Hill Joe fut investi de la fonction
de Gouverneur de tous les Osages et reconnu comme leur unique porte-parole.
Comme la direction de Joe ne fut jamais considérée comme pleinement
satisfaisante, l’Agent Laban Miles pressa la tribu d’instituer une forme
démocratique de gouvernement.
Le 31 décembre 1881, James Bigheart proposa aux Osages d’adopter une constitution calquée sur le modèle de celle des Cherokees. Ce document instituait un Conseil national, un chef principal, un chef adjoint et un système juridique comprenant une Cour suprême, une Cour de district et une Cour de première instance. Chacun des cinq districts devait élire un shérif et trois délégués au Conseil national. Les deux chefs étaient élus au suffrage universel, tandis que le Conseil choisissait les juges des diverses Cours. Tous les élus avaient un mandat de deux ans. Bien que la constitution ne fut jamais approuvée par les autorités fédérales, elle établit un gouvernement semi-officiel qui institutionnalisa un service aussi essentiel que l’enseignement obligatoire pour tous les jeunes de la tribu.
Ce système de gouvernement offrait aussi un forum aux différents groupes
à l’intérieur de la tribu. Des partis politiques furent organisés : les métis
fondèrent le «Parti progressiste» et les Osages de pure souche constituèrent un
parti conservateur. Les débats tels que celui sur les droits d’exploitation
minéraliers, celui du partage des terres ou encore de l’inscription sur la
liste des membres de la tribu, comme de l’influence de l’Agent, étaient houleux
et cause de division. C’est pour cette
raison qu’après les élections de 1898 et de 1900 l’Agent de la tribu abolit le
Conseil national. La fonction de chef fut toutefois maintenue.
En plus des perturbations dues à son système politique, la réserve amena
des dégradations de la vie économique des Osages.
Les collines du domaine tribal, avec sa couverture de chênes blackjack et
d’herbes bleues, n’encourageaient pas les pratiques agricoles. Alors que les
Osages étaient autrefois dépendants des chasses au bison : après 1876, ils devaient
se débrouiller avec les rations distribuées par l’Agence à Pawhuska. Chaque
Osage recevait en outre un paiement individuel d’environ 200 dollars par an,
une somme produite par les intérêts issus du placement des fonds sur le compte
épargne
La location de terres agricoles fournissait une autre source de revenus.
Il arrivait fréquemment qu’un membre de la tribu choisisse pour se l’approprier
une parcelle du domaine tribal qu’il louait à des fermiers blancs immigrés. Au
changement de siècle, l’Osage moyen avait ainsi de une à six fermes louées de
cette manière. De la même façon, le Conseil national accordait de semblables
locations, mais sur une plus large échelle aux éleveurs blancs. Tom Wagoner, un
célèbre éleveur du Texas, propriétaire
du célèbre ranch 3-d, faisait paître à la fois 15 000 bêtes sur la terre des
Osages. En 1893, plus de la moitié de la réserve, soit 831 000 acres avaient
été louées comme pâturages, une pratique qui en 1906 porta le revenu de la
tribu à un montant de 98 376 dollars. Les locations de pâturages, bien qu’elles
soient de toute évidence importantes, avaient aussi une valeur stratégique.
Situées dans la partie nord de la réserve, les terres mises en location
jouaient un rôle tampon, la protégeant contre l’avidité des colons qui auraient
encore voulu déplacer les Osages. Les fermiers réfléchissaient toujours à deux
fois avant d’aller labourer les pâturages loués par les éleveurs.
Avant 1907 les royalties du pétrole et du gaz apportaient aussi aux Osages de modestes revenus. L’existence de ces quantités de pétrole et de gaz naturel gisant sous la surface de la réserve était connue depuis longtemps. Pour la mise en exploitation de ces ressources, le chef James Bigheart signa, en mars 1896, une location à bail de dix ans de la nappe osage concernant le totalité de la réserve, avec la Phœnix Oil Company fondée par Edwin B. Foster. La compagnie exploita ses premiers puits en octobre 1896 mais des revers financiers causèrent sa réorganisation en décembre 190, quand elle prit le nom de Indian Territory Illuminating Oil Company. La nouvelle compagnie accorda de nombreuses sous-locations afin de stimuler l’exploration. Le résultat de cette action fut le forage de 361 puits à la fin 1904. Ce qui ne représentait qu’une partie du total de puits qui allaient compléter ces premiers forages.
Pendant quelque temps, après leur arrivée en Territoire Indien, les
Osages réussirent à se tenir à l’écart des hommes blancs avides de terres qui
les avaient forcés à partir de leur réserve du Kansas. Cependant, le mouvement de la nation
américaine vers l’ouest, toujours plus
lointain, rendait impossible un isolement définitif, en particulier après
l’ouverture du Territoire d’Oklahoma en 1889 et celui du Cherokee Strip en 1893. D’un aussi mauvais présage pour les
Osages était la politique adoptée par les Etats-Unis en 1887 selon laquelle les
Indiens seraient rendus propriétaires d’une parcelle de 160 acres tandis que la
partie restante de leurs réserves serait ouverte à la colonisation par les
blancs.
Quand le Congrès exempta les Osages des deux lois Dawes et Curtis, des
mesures furent prises afin de protéger l’approbation tribale du programme de la
répartition des terres. En 1893, le gouvernement envoya la Commission de
Répartition cherokee et, l’année suivante,
une commission spéciale osage instruire les Osages sur les avantages de la
propriété privée. Aucune des deux, cependant, n’obtint le consentement en
faveur d’un dépeçage de la réserve.
Plusieurs raisons expliquaient cet échec. James Bigheart et Black Dog,
par exemple, observaient que les Osages pouvaient très bien perdre leur
propriété après la dissolution de leur réserve. Sans terre, les Osages seraient
complètement à la merci du gouvernement. Comme les procédures traditionnelles
de lotissement comprenaient aussi bien la surface que le sous-sol, les deux
chefs affirmaient que le dépeçage de la réserve ferait la fortune de certains
au détriment de la majorité. Les revenus produits par les dépôts financiers
issus de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel iraient seulement à ceux
qui posséderaient les sites les plus favorables, au lieu d’aller à l’ensemble
de la tribu. De plus, Bigheart fit observer que la liste tribale devant servir
de base pour l’attribution des parcelles, incluait des familles qui n’étaient
pas Osages et qui n’avaient aucun titre à prétendre partager la richesse
tribale. Quand le Bureau des Affaires indiennes conserva sur la liste les noms
des familles contestées par Bigheart, l’opposition des Osages de pure souche au
lotissement de la réserve se trouva confirmée.
Toutefois, il existait parmi les Osages, un noyau non négligeable en
faveur de la dissolution de la réserve. Les métis voyaient le lotissement comme
une occasion de s’occuper eux-mêmes de leurs propres affaires et d’atteindre un
statut égal à celui de l’homme blanc. Ce point de vue devint celui de la
majorité lorsque leur nombre dépassa celui des Osages de pure souche. En outre,
les métis en étaient arrivés à la conclusion que le démantèlement de la tribu
était inévitable, tout spécialement lorsque le Congrès eut donné l’autorisation
de construire des voies ferrées à travers la réserve, choisissant l’emplacement
de cinq villes et indiquant que la réserve devait devenir un comté quand
l’Oklahoma deviendrait un Etat. Il ne pouvait être question de remettre en cause le lotissement après mars
1894, lorsque Bird S. McGuire, le délégué du Territoire, présenta la loi
nécessaire.
Le soutien tribal à la loi de lotissement devint à ce point effectif qu’en juin 1904, les Osages élurent comme chef le candidat qui soutenait ce projet. Une loi de répartition en lots fut rédigée et approuvée par la tribu à l’occasion de l’élection générale qui suivit. En février 1906, le projet de loi fut emmené à Washington pour y être présenté par une délégation osage représentant toutes les tendances de la tribu. En juin, elle fut votée par le Congrès.
La loi de lotissement osage différait de lois similaires par le fait
qu’elle réservait tous les droits minéraux à la tribu, une disposition dont
James Bigheart s’était fait le champion. La loi indiquait aussi que la réserve
tout entière serait divisée entre les Osages inscrits sur la liste tribale,
avec une parcelle de 160 acres désignée comme propriété inaliénable pour une
durée de 25 ans.
Il n’y aurait pas de “surplus” de terre disponible pour les blancs, bien
que, sous certaines conditions, un individu puisse vendre la portion non
restreinte de sa parcelle. Spécifiant que le compte épargne tribal ne pourrait
pas être divisé entre les membres de la liste tribale afin d’être crédité sur
des comptes individuels privés, la loi de lotissement annonçait la création
d’un nouveau conseil tribal.
Pour appliquer ces dispositions, les Etats-Unis nommèrent une commission
de trois membres dont un Osage de pure souche. Au début, établissant une liste
tribale qui comprenait 2229 Osages, la commission attribua un lot de 658 acres
à chacun des membres inscrits, s’efforçant de situer le lot entier d’un seul
tenant ou dans le même secteur. Il partagea également le fonds d’épargne commun
de la tribu, attribuant à chaque membre un montant de 3819 dollars.
En même temps qu’il adoptait la loi de lotissement, le Congrès vota la
Loi d’Habilitation. Elle était aussi importante pour les Osages, autorisant
comme l’avait fait une Convention constitutionnelle d’Oklahoma composée de 55
délégués du Territoire indien, 55 délégués du Territoire d’Oklahoma et deux de
la nation osage. Aux élections tenues
le 5 novembre 1906, les Démocrates T.J. Leady et J.S. Quarles furent élus
représentants des Osages. A la fin novembre tous les délégués assemblés à
Guthrie, où ils rédigèrent une Constitution qui fut finalement adoptée par les
résidents du Territoire. L’Oklahoma entra dans l’Union une année plus tard le
16 novembre 1907.
Avec leurs terres loties et leur réserve devenue un comté d’Oklahoma, les Osages ne devaient plus exister longtemps en tant que peuple indépendant.
AU VINGTIEME SIECLE
De profondes altérations de la vie tribale des Osages survinrent au cours
du 20ème siècle, mais rien ne fut plus dramatique que l’alternance de leur
économie. De bénéficiaires du modeste revenu du compte épargne et des locations
des terres, au temps du lotissement en 1920, les Osages étaient devenus le
peuple le plus riche du monde. L’exploitation des ressources minérales de la
réserve de la tribu expliquait ce développement.
En 1906 quand la location initiale Foster de la nappe arriva à son terme,
un nouveau bail de 10 ans fut passé avec l’Indian Territory Illuminating Oil
Company pour une location de 680 000 acres. Bien que cette compagnie pétrolière
– qui continuait à être dominante dans la réserve jusqu’à sa fusion en 1941
avec la Cities Service Oil Company – acceptât une augmentation des royalties
passant de un dixième à un huitième, elle ne paya pas de prime pour
locations-baux spécifiques. Comme un tel paiement sur les réserves de pétrole
prouvées était d’usage, certains en Oklahoma – tels le gouverneur Charles
Haskell – en vinrent à soupçonner un favoritisme particulier, voire de la
corruption. Le bail se fit comme prévu cependant et la I.T.I.O. Company et ses
sous-traitants continuèrent à tirer du profit de l’exploitation de « l’Osage »
Les succès de la production pétrolière rendirent encore plus attractifs, aux yeux des sociétés concurrentes, les acres qui n’avaient pas encore été loués.
Pendant un temps, elles soumirent leurs offres au Ministère de
l’Intérieur, proposant des primes payées directement pour le droit d’exploiter
des terrains loués. Comme ces offres étaient généralement modestes, le Conseil
osage institua un système d’enchères publiques par lequel les parcelles étaient
louées à ceux des candidats qui payaient la plus forte prime. La première
enchère de ce genre eut lieu à Pawhuska le 11 novembre 1912. Dans le courant
des 15 années qui suivirent, 28 autres enchères se tinrent.
Le colonel E.E. Walters présidait ces « Monte-Carlo osage » qui se
tenaient sous un énorme orme près de l’Agence. A la première enchère il proposa
à la location une étendue de 107 000 acres qui obtint une prime de 39 000 dollars
– à peu près 35 cents l’acre – Dix ans plus tard, après le développement du
Champ Burbank, il vendit une surface comparable qui généra une prime de 10
millions de dollars – 300 dollars par acre. La Gypsy Oil Company acheta une
étendue de 160 acres pour 1 600 000 dollars, mais la prime record fut obtenue
deux ans plus tard, en mai 1924 quand la Skelly-Phillips Combination paya 1 900
000 dollars pour une location similaire. A ce jour, le total cumulé des primes
atteignait 14 millions de dollars.
Bien que ces primes payées par les différentes firmes fussent
fantastiques, elles ne représentaient qu’une fraction des royalties sur le
pétrole que recevaient les Osages. Entre 1907 et 1929, la tribu reçut 233
millions de dollars en royalties et primes. En 1957, un supplément de 167
millions de dollars avait été enregistré et en 1971 au moins 100 millions de
dollars de plus.
En tout, la « Nappe osage » avait généré plus de 511 481 402 dollars de
revenus pour la tribu.
Les sommes reçues au titre de royalties et de primes étaient versées par tête sur les comptes individuels ou divisées entre les héritiers de chacun des 2229 propriétaires d’origine. Connus sous le nom de « Droit par tête », ces versements se montaient à 384 dollars en 1916, à 3762 dollars en 1978 et à 8090 dollars en 1920. Le plus gros versement survint en 1925 quand 13.200 dollars furent crédités sur chaque compte de « droit par tête ». En 1929, chaque Osage propriétaire d’origine avait ramassé plus de 102 534 dollars sous forme de royalties. La somme payée descendit en 1932 à 1120 dollars et remonta à 1905 dollars en 1952. En 1970, le « Droit par tête » était payé 2780 dollars.
Extrêmement riches, les Osages se livraient souvent des dépenses extravagantes et sans aucune retenue. En 1927, en une seule après-midi, une dame
osage acheta, avec une « attitude olympienne envers l’argent », un manteau de
fourrure de 12 000 dollars, une bague de diamants de 3 000 dollars, une
automobile de 5 000 dollars, 7 000 dollars de meubles qu’elle fit expédier en Californie
pour 600 dollars supplémentaires, versa un acompte de 4 000 dollars sur une
maison en Californie et fit un investissement de 12 800 dollars sur un immeuble
en Floride. Un autre propriétaire
d’origine, de pure souche osage, qui avait reçu 86 142 dollars de « droit
par tête » entre 1916 et 1926, n’avait rien d’autre à montrer, de tout ce qu’il
avait pu acquérir avec ce revenu, qu’une automobile évaluée à 350 dollars sur
laquelle il devait encore 400 dollars.
En de multiples circonstances, des blancs dénués de scrupules furent pour
beaucoup à l’origine de ces dépenses incontrôlées et de cette dissipation des
fortunes. Des hommes de loi, coutumiers des procédés malhonnêtes, s’étaient
eux-mêmes désignés comme tuteurs des Osages déclarés incompétents par la Cour
du comté. Lorsqu’il avait ainsi obtenu le contrôle de son « protégé », l’avocat
manipulait sa fortune à son propre avantage. Un tel « tuteur » acheta une
automobile 250 dollars et la revendit à son pupille pour 1250 dollars. En tant qu’homme d’affaires d’un autre
Indien, le même avocat géra si bien la fortune de son client que celui-ci
se retrouva, en 1929, avec 20 000
dollars de dettes sous forme d’hypothèques tenues par ce même avocat. Cet
endettement s’était produit en dépit du fait que, au cours de la même année,
l’Osage avait hérité d’un immeuble évalué à plus de 90 000 dollars et que, à
partir 1921, il avait perçu entre 7 000 et 12 000 dollars par an. Le record est
battu avec des manigances de ce genre. De plus, les hommes de loi du conté osage
demandaient et obtenaient fréquemment de fabuleux honoraires pour représenter
les Indiens dans les affaires venant devant la Cour. Dans une affaire de
divorce dont l’audience ne dura pas plus de vingt minutes, les avocats des deux
parties reçurent chacun 1 000 dollars d’honoraires.
Certains médecins et des marchands étaient aussi peu scrupuleux.
Plusieurs médecins surveillaient la santé des Osages. En 1952, l’un d’eux
demanda à une vieille dame un montant d’honoraires de 6 115 dollars incluant
une taxe quotidienne de 600 dollars pour appel de nuit, une taxe complémentaire
pour appel à son cabinet ou chez lui et 3 dollars par jour pour les remèdes.
Au cours de cette année, il se fit payer un total de 14 372 dollars pour
divers services rendus à des Osages. De la même manière, des commerçants locaux
entraînaient les riches Indiens à acheter n’importe quoi, depuis les coûteuses
voitures de luxe telles que les Pierce
Arrow aux albums d’images et de photos. Toutes ces marchandises étaient
fréquemment achetées à crédit en dépit des immenses revenus que percevaient
régulièrement les Osages et contrairement aux instruction de l’Agent tribal. En
juin 1922, le total de 194 de ces dettes se montait à 817 523 dollars, dont les
intérêts étaient au taux de 10% par quart.
En plus des pratiques louches de ces quelques « amis », la richesse des Osages attirait des criminels sur la réserve osage, instaurant ce que les observateurs contemporains ont appelé « Le règne de la terreur chez les Osages ». Les hors-la-loi du célèbre gang de Al Spencer opéraient dans le comté, de même que Henry Grammer, le fameux « roi des bootleggers. » Mais ceux-là et d’autres de moindre réputation n’étaient que du menu fretin comparé à W.K. Hale.
Entre 1921 et 1923 plusieurs membres d’une honorable famille moururent en
de mystérieuses circonstances. En juillet 1922, Lizzie Q. Brown, une femme
osage âgée mourût en laissant ses huit « droits par tête » à ses trois filles.
Au printemps suivant, Anna, l’une de ses filles fut trouvée morte d’une balle dans
la tête.
Quelques semaines plus tard, les autorités découvrirent le corps de son
ex beau-frère, Henry Roan. Et en mai 1923, Mrs. W.E. Smith, la sœur d’Anna et
toute sa famille périrent dans un attentat à la dynamite qui souffla leur
maison. En conséquence, toute la fortune Brown, de plus de 10 000 dollars
annuels, passa entre les mains de Molly, la seule sœur ayant survécu qui était
aussi l’épouse de Ernest Buckhart, neveu de W.K. Hale.
Au début, les autorités du comté ne montrèrent que peu d’intérêt pour ces
meurtres. Après avoir dépensé 20 000 dollars sur ses finances propres le
conseil tribal parvint à décider des enquêteurs fédéraux à s’occuper de ces
affaires. Des preuves furent réunies et finalement des charges furent relevées
contre Hale, Buckhart et leurs complices. Les procès établirent que Hale avait
été le cerveau de l’entreprise
criminelle, qu’il avait bénéficié d’une prime d’assurance vie de 25 000 dollars souscrite par Roan et que
Buckhart avait engagé les assassins chargés d’exécuter les meurtres. Les
condamnations tombèrent finalement au terme du second procès, après lequel le
règne de la terreur chez les Osages fut terminé. Cependant, pour les Osages,
cette ère ne fut pas encore oubliée. Certains étaient partis de la région,
d’autres s’étaient armés et d’autres encore avaient suspendu des lumières
autour de leur maison afin de dissuader d’éventuels meurtriers.
Les dépenses inconsidérées, la corruption et les activités criminelles liées à la richesse des Osages convainquirent le gouvernement fédéral qu’un contrôle précis était devenu nécessaire si l’on voulait que la tribu conserve quelque richesse.
En mai 1921 le Congrès mit fin à la pratique consistant à dilapider les
fonds perçus par les titulaires de « droits par tête » aussitôt que les royalties
et les primes leur avaient été versées. Pour cela, le Congrès décida que ceux
des Osages « propriétaires initiaux »
qui n’avaient pas de certificat d’émancipation recevraient seulement une
pension trimestrielle de 1000 dollars avec un supplément de 500 dollars par
enfant mineur. Les sommes restantes (les fonds restants) seraient investies en
bonds du trésor des Etats-Unis et en divers bonds du trésor des Etats ou bien
encore placés en dépôts à terme dans les banques locales. Après février 1825, cet
argent pourrait être dépensé par les personnes individuelles sous condition
d’approbation du Secrétaire de l’Intérieur. Ces mesures tardives permirent une
certaine conservation des fonds.
Ce contrôle tatillon des autorités fédérales ne fut cependant pas appliqué
à tous les Osages. La loi de lotissement des Osages avait prévu que ceux des
osages qui seraient jugés capables de gérer correctement leurs affaires se
verraient décerner un certificat d’émancipation. Un tel certificat annulait
toute restriction sur l’Indien excepté pour ce qui concernait sa propriété
foncière sur les ressources minérales recelées par sa propriété de 160 acres.
Selon les termes de la loi, ce sont quelques 1164 certificats qui furent émis,
un nombre qui augmenta avec la loi votée en mars 1929. Cette dernière mesure
appliqua l’émission de ces certificats à tous les « originaux » métis dont le
quantum de sang indien était inférieur à un demi.
Finalement, en 1948 le Congrès décida d’accorder le certificat
d’émancipation à ceux des Osages « originaux » de moins de un demi de sang
indien lorsqu’ils atteindraient l’âge de 21 ans. Comme conséquence, en 1952,
2390 membres de la tribu, soit 79% des adultes avaient été émancipés.
A l’origine, un certificat d’émancipation ne permettait pas la vente de
la propriété de 160 acres reçue lors du lotissement. Cependant les lois de 1921
et de 1948 modifièrent cette restriction pour ceux des Osages qui avaient moins
de la moitié de sang indien. Le plus
souvent, dès qu’ils avaient obtenu leur émancipation, ces Osages vendaient leur
terre. Ainsi en 1957, sur les 1,5
million d’acres de la réserve, les droits de propriété du sol d’une superficie
de 1,1 million d’acres avaient été vendus. Mais les restrictions sur les propriétés
– aussi bien foncières que minières – détenues par les Osages de plus de un
demi de sang indien avaient été maintenues, d’abord jusqu’en 1959, puis
jusqu’en 1984 et, récemment jusqu’à ce que le Congrès juge opportun de
l’annuler. Cette restriction s’appliquait aussi aux droits acquis de la tribu
concernant la totalité de la propriété des ressources du sous-sol.
L’émission d’un nombre croissant de certificats d’émancipation indique
qu’en majorité les Osages s’étaient affranchis de toute limitation du
gouvernement fédéral. En 1952 par exemple seulement 14% du total de la
population tribale avaient des comptes épargnes à l’Agence osage. Pour le
meilleur comme pour le pire, la plupart des Osages étaient indépendants des
lois fédérales comme ils l’avaient été durant le 18eme siècle.
En même temps que la tribu subissait, avec le 20ème siècle, des changements économiques, sa démographie se transformait. Parmi les 2229 « Originaux », on dénombrait 680 Osages de pure souche et 1369 métis. En 1952, la population avait atteint l’effectif de 5 307 parmi lesquels 9% étaient de pure souche tandis que plus de 65% avaient moins d’un quart de sang indien. En 1970, le recensement dénombrait 8244 Osages dont 323 de pure souche. Plutôt que d’être concentrés sur une réserve, les membres de la tribu résident dans plus de 300 communes différentes et dans au moins 36 Etats. Le groupe le plus important de ceux qui vivent à l’extérieur de l’Oklahoma réside en Californie du sud. Cependant la plupart de ceux qui ont plus de la moitié de sang indien continuent à vivre en Oklahoma dont la majorité dans le comté osage. Comme l’a été son foyer de peuplement, la pyramide des âges de la tribu a-t-elle aussi été, elle aussi, profondément modifiée. En 1970 près de 50% des Osages avaient moins de 21 ans. Ainsi, non seulement il existe une tendance souhaitée vers l’assimilation biologique à l’homme blanc, mais la population tribale comprend une proportion croissante de jeunes.
Le Conseil national osage a bien dirigé les Osages au cours des dernières
décades. Organisé selon les dispositions de la loi de lotissement amendée, le
Conseil est composé d’un chef principal, un chef adjoint et huit conseillers
tribaux.
Ces élus sont choisis tous les
quatre ans par un corps électoral composé des membres de la tribu âgés de 21
ans et plus, dont le nom figure dans la dernière liste trimestrielle des
membres de la tribu. Etant donné que les Osages étaient particulièrement
exemptés des dispositions de la loi Wheeler-Howard et de la loi d’assistance
aux Indiens d’Oklahoma, le Conseil tribal siège sans constitution ni charte
collective. Au contraire son fonctionnement fait penser à celui d’un Conseil
d’administration d’entreprise, exerçant son autorité sur la location à bail des
biens fonciers de la tribu, la fixation des primes requises à ces locations,
l’emploi des fonds tribaux, et l’administration des résidus de la réserve
situés à Greyhorse, Hominy et Pawhuska.
Le Conseil a fait un bon usage de son autorité. Entre 1935 et 1947, il a
fondé une clinique qui fonctionne à l’Agence. De même en 1947, il a déposé un recours devant la Commission des
réclamations indiennes à Washington et obtenu à l’issue des délibérations un
montant de 864.107 dollars. La tribu avait basé sa plainte sur l’injustice
subie lors de sa résidence au Kansas et à la suite du départ forcé de cette
réserve.
Les chefs principaux des Osages ont compté des dirigeants remarquables et
compétents dont le chef principal actuel, Sylvester J. Tinker. L’un des plus
remarquables parmi les récents dirigeants a été Fred Lookout qui a servi continuellement de 1924 à 1949.
Au cours des dernières décades, un nombre croissant d’Osages ont
bénéficié des occasions de s’éduquer.
Au tout début de ce siècle les enfants en âge d’aller à l’école primaire
entraient soit au pensionnat du gouvernement, la Saint Louis Mission School, ou
bien à Saint John’s Mission School. Pour les études secondaires ils
choisissaient Bacone College, Haskell Institute et Carlisle Indian School.
Après la fermeture des pensionnats gouvernementaux et paroissiaux (l’école du gouvernement
en 1921, celle de Saint John en 1915 et celle de Saint Louis en 1948), les
parent osages envoyèrent leurs jeunes soit dans les externats catholiques à
Pawhuska et Fairfax, soit dans les écoles publiques. En 1925 le premier Osage
de pure souche obtint son diplôme d’enseignement secondaire public ; 31 de plus
obtenaient ce diplôme en 1935 et en 1952 encore 98 autres. En 1970 plusieurs
centaines de jeunes Osages, garçons et filles, étaient inscrits dans différents
lycées de la région. D’autres encore ont tiré parti des possibilités de suivre
un enseignement supérieur, suivant les cours et obtenant les diplômes de divers
instituts d’Oklahoma et d’ailleurs.
Cet intérêt croissant pour l’éducation scolaire révèle une tendance
affirmée vers une intégration totale dans la vie communautaire. Les métis sont
généralement bien intégrés, cependant les Osages de pure souche ont tendance à
préserver leur identité indienne. Résidant dans les villes ou dans des ranchs,
les Osages ont acquis de belles maisons meublées avec goût. Nombreux sont ceux
qui ont beaucoup voyagé et certains ont acquis une notoriété locale, voire
nationale ou internationale grâce à leurs succès dans les domaines artistiques
et professionnels.
Parmi ces derniers on peut citer le chef Fred Lookout, un élève de
Carlisle Indian School, et John Joseph Mathews, diplômé de l’université
d’Oxford, auteur de Wah’Kon-Tah et du
livre poétique Les Osages. Au nombre
des autres célébrités on peut nommer Marjorie Tallchief qui fut chef de
ballet à l’Opéra de Paris, sa sœur
Marie Tallchief qui devint danseuse étoile à l’Opéra de New-York et Clarence L.
Tinker (voir photo p.49), général de l’armée de l’air des Etats-Unis basée à
Hawaï qui fut tué à la bataille de Midway en 1942.
La carrière et la mort du général Tinker suggèrent un autre aspect de
l’intégration osage dans la communauté blanche. La tribu a totalement soutenu
les Etats-Unis au cours des deux guerres mondiales du 20ème siècle. A
l’occasion de la première guerre mondiale le Conseil mit à la disposition de la
marine le pétrole disponible sous une étendue de 5000 acres de la réserve,
tandis que des particuliers achetaient pour une valeur de 2 500 000 dollars de bons pour la liberté et participaient à
la Croix Rouge. Un tiers des hommes éligibles furent volontaires pour le
service militaire. De même, pendant la deuxième guerre mondiale, 519 membres de
la tribu osage servirent dans l’armée et 26 d’entre eux furent tués en action
ou à l’entraînement. Neuf Osages furent décorés pour actions d’éclat, 50 servirent
en tant qu’officiers et 47 comme sous-officiers.
Autrefois totalement et définitivement voués à Wa-Kon-Da, les Osages, au cours des dernières décades avaient fini
par accepter le dieu de l’homme blanc.
Résultat des efforts missionnaires historiques des Robes Noires, les
Osages demeurent fortement attachés à l’Eglise catholique romaine quoique
certaines sectes protestantes aient obtenu quelques conversions – les
Baptistes, les Méthodistes et les Amis (Quakers) ont un nombre croissant de
membres parmi la tribu.
Mais ce serait une erreur de conclure que les Osages ont entièrement abandonné leur ancien héritage et qu’ils ont été complètement et définitivement intégrés à la communauté blanche. Certains appartiennent encore à la Native American Church, une communauté qui a décliné ces dernières années. En 1918 il y avait à peu près 25 assemblées de 20 à 30 membres chacune. Les Osages membres des paroisses catholiques de Pawhuska et de Fairfax ont montré leur réticence à oublier complètement le passé en formant leurs propres autels sociétés. D’autres encore ont souffert de crises d’identité qui surviennent avec l’adoption de comportements étrangers et d’inattendus problèmes de santé. Quoiqu’en nombre peu important, ils sont tombés dans l’alcoolisme et la dépendance de drogues. Finalement, depuis la découverte du pétrole dans la réserve, la majorité de la tribu compte sur le paiement des dividendes de leurs actions comme principale source de revenu au lieu de suivre le modèle économique américain.
LE FUTUR
Le peuple osage a eu une histoire mouvementée, une riche culture et une
tradition chargée de sens.
Il est difficile d’imaginer un futur auquel les Osages ne participeraient
pas. Cependant il y aura quelques problèmes. Par exemple la tendance à
l’assimilation biologique est porteuse du risque que les Osages oublient leur
passé, leurs traditions et leur identité. Etant donné que les gens ne peuvent
pas savoir où ils vont ni qui ils sont s’ils ne savent pas où ils ont été et
qui ils étaient, la tribu aura à faire un effort pour préserver tout ce qui
reste du passé. Cet effort devrait
faire en sorte de ne pas couper les jeunes hommes et les jeunes filles de la
société blanche dominante, mais plutôt d’y favoriser leur insertion. La
connaissance de soi-même apporte la confiance et la confiance entraîne la
réussite.
Un autre problème auquel les Osages seront confrontés est celui de leur
économie. Leur base territoriale est déjà démantelée tandis que leurs réserves
de pétrole et de gaz naturel sont en voie d’épuisement. C’est sûr que
l’extraction du pétrole relayée par l’exploitation de la nappe d’eau phréatique
apporteront une aisance mais ces ressources ont leurs limites. La «Nappe Osage»
devrait encore être productive pendant vingt ans et produire des revenus de plus
de 4 millions de dollars par an en moyenne. Cependant, comme toutes les
ressources du sous-sol, le pétrole et le gaz naturel, seront un jour épuisé et
la tribu devra rechercher d’autres bases économiques.
Il existe plusieurs alternatives aux dividendes du pétrole. Il y a
d’importants gisements de calcaire, de sable, de grès et de charbon dans le
sous-sol de la réserve. Tous ces minéraux, à l’exception du charbon pourraient
être exploités de manière plus intensive. Cependant, si l’on tient compte des
demandes du marché international, la qualité insuffisante du charbon retardera
sa mise en exploitation immédiate. L’augmentation des activités d’agriculture
et d’élevage sont aussi possibles mais le développement du marché touristique
est hautement prometteur. L’excellent musée de Pawhuska, les cérémonies
tribales colorées, les aménagements de loisir et de détente et l’hospitalité du
peuple pourraient et devraient se transformer en entreprises rentables.
Le changement économique qui doit relayer l’épuisement des réserves de
pétrole et de gaz naturel peur être facilité par une éducation systématique de
la population. Des bourses et des subventions accordées par le Bureau des
Affaires Indiennes et le Conseil Tribal encourageront les jeunes à acquérir des
compétences et une conscience de ce qui assurera l’avenir des Osages.
En demeurant attentif aux traditions, au développement économique et à l’adulation, le peuple osage relèvera les défis de demain. Ce faisant il enrichira encore davantage l’héritage américain.