Histoire de la Tribu Osage (2/3)
Histoire de la tribu Osage
(2ème partie)
L’ARRIVÉE DES AMÉRICAINS : 1803 - 1839
Au commencement du 19eme siècle l’Espagne en était venue à la conclusion que la Louisiane était une lourde charge pour le trésor de son empire. Quand Napoléon proposa que la France reprenne le contrôle de la province, la couronne d’Espagne lui abandonna la Louisiane par le traité de San Ildefonso qui fut signé en 1801. La nouvelle de ce transfert paniqua le gouvernement des Etats-Unis car une France toute puissante était de nature à bloquer toute expansion vers l’ouest de la jeune république américaine. Le président Thomas Jefferson envoya ses représentants diplomatiques à Paris afin de trouver un terrain d’entente avec le Premier Consul. Ayant souffert de sérieux revers dans ses visées coloniales, Bonaparte surprit les diplomates américains en leur proposant la vente de toute la Louisiane. Ils se mirent d’accord sur le prix de 15 millions de dollars, ainsi, en 1803 les Etats-Unis enlevèrent ce titre de propriété qui leur assurait une très large expansion à l’ouest du Mississippi.
L’année suivante, le président Jefferson envoya deux expéditions – l’une, celle de Lewis et Clark, chargée d’explorer le Haut Missouri, l’autre, celle de Hunter et Dunbar, sur la Rivière Rouge – afin de connaître l’étendue, les caractéristiques et les habitants du pays nouvellement acquis. Ces expéditions conclurent – comme l’avaient fait avant eux les Français et les Espagnols – que les Osages détenaient la clé de la réussite des Américains dans leur volonté de contrôler la Louisiane. Pour s’attirer la sympathie des Osages, pendant les quatre années suivantes, les Etats-Unis engagèrent Pierre Chouteau comme agent du gouvernement, envoyèrent une délégation de chefs importants à Washington et mirent fin à la captivité de 46 Osages prisonniers des Potawatomis. Les Américains ouvrirent aussi un comptoir commercial à Fort Osage sur la Rivière Missouri près de la ville actuelle de Sibley (Etat du Missouri). Comme ce « magasin » vendait des marchandises de qualité à prix coûtant, on espérait que les Osages seraient favorablement disposés à l’égard des Américains dont ils deviendraient des alliés dépendants, car tels étaient les objectifs du gouvernement fédéral.
Dès le début, le président Jefferson avait l’idée de faire de la
Louisiane une région où l’on pourrait déplacer les Indiens des Etats de l’est
qui refusaient d’adopter la manière de vivre de l’homme blanc. Ainsi, à l’ouest
du Mississippi, ils pourraient continuer à vivre selon leurs habitudes sans
gêner l’exploitation par les blancs de leurs domaines ancestraux. Cependant, un
tel projet ne tenait pas compte des tribus qui déjà occupaient la Louisiane.
Les Osages, par exemple, n’avaient pas l’intention d’autoriser les Indiens de l’est à empiéter sur leurs terrains de chasse. Si certains s’aventuraient à traverser le Mississippi pour pénétrer dans le nord de l’Etat actuel de l’Arkansas, ils pouvaient s’attendre à être attaqués, perdre leurs biens et leurs vies. Incontestablement, l’opposition des Osages compromettait le succès de cette politique de déportation.
Pour faciliter leur politique, les Etats-Unis convoquèrent en novembre 1808 les Grands et les Petits Osages à un conseil sur la Rivière Missouri. Meriwether Lewis et William Clark étaient les représentants du gouvernement, tandis que Cheveux Blancs (Pawhuska) était le porte-parole de la tribu. Influenc és par Pierre Chouteau et menacés d’être privés de leur approvisionnement en marchandises, les Osages acceptèrent de céder aux Etats-Unis toute la région qui s’étend du nord de la Rivière Arkansas à l’est d’une ligne nord-sud qui traversait le terrain du conseil. En compensation les Etats-Unis promettaient à la tribu un forgeron, des outils pour réparer les fusils, du matériel agricole, le versement d’une rente annuelle de 1 500 dollars et une amende de 5 000 dollars à tout homme blanc qui créerait des problèmes à la tribu.
Chef Pawhuska >
Signé, l’année suivante, par les Osages de l’Arkansas, le traité mit un
terme à la revendication des Osages sur le nord de l’Arkansas et la plus grande
partie de l’actuel Etat du Missouri. Les 52 millions d’acres de ce territoire
suffiraient probablement à réinstaller les tribus déplacées. En effet, en 1809
un important effectif de Cherokees céda aux pressions du gouvernement et émigra
dans la vallée de l’Arkansas. L’agent des Cherokees, le major William L.
Lovely, apprit bientôt que la cession de leurs terres par les Osages ne
signifiait pas qu’ils accueilleraient volontiers les immigrants. En dépit de ses efforts diplomatiques au
cours de l’année 1813, le major ne put empêcher les hostilités entre les
guerriers de Clermont et les intrus.
En 1812, à la déclaration de
guerre (entre les Etats-Unis et l’Angleterre), il devint évident qu’il était
indispensable de tenir compte des Osages. Quand le gouvernement américain
abandonna simultanément Fort Osage et rejeta l’offre d’alliance de la tribu
dans le conflit, des guerriers partirent pour la Prairie du Chien afin d’y
recevoir des présents des Anglais. Les Britanniques envoyèrent même leurs
drapeaux afin qu’ils soient déployés sur les villages osages. Réalisant
l’erreur qu’ils avaient commise en ayant ignoré les Osage, les commissaires du
gouvernement américain rencontrèrent en septembre 1815 des délégués de la tribu
près de l’embouchure du Missouri afin de rétablir le statu quo ante-bellum.
Pourtant la trêve ne dura pas longtemps. Les Osages de l’Arkansas
continuèrent à faire obstruction à cette politique d’immigration forcée en
harcelant les immigrés cherokees qui chassaient sur leur domaine. Dans une
tentative de règlement du conflit en 1816, le major Lovely parvint à persuader
la bande de Clermont d’abandonner ses prétentions sur la région comprise entre
la Rivière Verdigris et les domaines cherokees de l’Arkansas.
On espérait que cette étendue, connue sous le nom de « l’achat de Lovely
», servirait de tampon entre les tribus et laisserait les Cherokees libres de
chasser en paix. Les efforts de l’agent furent vains et les hostilités
continuèrent aussi fort qu’avant.
Pour se dédommager du harcèlement, les Cherokees et d’autres immigrés se rencontrèrent au début de 1817 et formèrent le projet d’une attaque combinée sur le village de Clermont. Une invitation à venir les aider fut envoyée aux Cherokees de l’est qui résidaient encore dans le sud des Appalaches. Un certain nombre accepta l’offre parmi lesquels John McLamore qui finalement commanda les forces alliées composées de Cherokees, Choctaws, Chickasaws, Pawnees et Peorias lesquelles attaquèrent les villages de la Verdigris. Ayant fait coïncider l’assaut avec la chasse d’automne, alors que les hommes étaient absents, les attaquants furent victorieux ; ils tuèrent 83 femmes, enfants et vieillards, capturant 103 jeunes filles et garçons qui pourraient être revendus comme esclaves. Ils mirent le feu au village et aux champs puis s’en retournèrent « avec gloire et honneur » dans leurs campements de la Rivière Arkansas.
Bien qu’ils ne soient pas trop mécontents de l’issue de la bataille du
Mont Claremore, les Etats-Unis se rendaient compte que les représailles osages
seraient rapides et générales. Comme une telle réaction allait sans doute
ralentir le processus d’émigration Cherokee, une action immédiate devait être
décidée. Par conséquent, en juillet 1817, le Secrétaire de la guerre ordonna la
construction d’un poste militaire à l’endroit où la frontière orientale des
Osages coupait la Rivière Arkansas.
En décembre, le major William Bradford commença la construction de Fort
Smith.
Au moment de l’érection de Fort Smith, une délégation cherokee fit
pression sur le secrétaire de la guerre, John C. Calhoun afin que soit
officiellement reconnue leur « victoire » du Mont Claremore. Etant donné que
les prises de guerre devaient revenir au vainqueur ils demandèrent que le
gouvernement attribue à leur peuple une portion considérable du domaine osage.
Calhoun accepta cette façon de voir les choses et demanda à William Clark de
contraindre les Osages à céder une autre partie de leur territoire.
En septembre 1818, Clark exposa ses instruction aux Grands et Petits
Osages réunis à Saint-Louis et leur demanda que la tribu cède – cette fois
officiellement – « l’achat de Lovely ». Les Etats-Unis dédommageraient la tribu
en lui versant une somme de 4 000 dollars. De plus le gouvernement ne
transférait pas l’« achat L.» aux Cherokees mais le gardait tout en le leur
réservant comme territoire de chasse et comme couloir de sécurité vers l’ouest.
En signant le traité tel qu’il était écrit, les Osages eurent même un accord
avec les Cherokees le mois suivant leur promettant l’amitié et la paix. De leur
côté les immigrés acceptaient de renvoyer à Fort Smith au printemps suivant les prisonniers faits à la bataille du
Mont Claremore.
Grâce aux traités et à la construction de Fort Smith, les
Etats-Unis espéraient que la migration des Indiens de l’est pourrait reprendre
et que les troubles sur la frontière de l’Arkansas cesseraient.
Cependant, une paix durable était soumise à l’approbation des Osages de l’Arkansas aux dispositions des deux traités de Saint-Louis et à la restitution totale des prisonniers. Le respect de ces conditions rencontra quelques difficultés. En effet, à la suite de l’attaque de son village par les Cherokees, Clermont avait réuni une conférence générale des Indiens Shawnee, Delaware, Creek, Quapaw, Kansas et Fox. En leur offrant 300 chevaux, le chef envisageait de les engager dans une action de représailles. Mais le major Bradford se précipita vers le village de Clermont et tranquillisa les Osages en leur donnant l’assurance que ceux des Osages qui étaient détenus prisonniers leur seraient rendu l’été suivant à Fort Smith.
Heureux de revoir bientôt leurs femmes
et leurs enfants, Clermont et les autres chefs des Osages de l’Arkansas se
rendirent au Fort à la fin juillet 1819. Les Cherokees manquèrent à leur
promesse et ne se présentèrent pas, prétextant qu’ils étaient occupés à leurs
récoltes. Ils promirent de rendre les captifs en septembre. Quand le jour du
rendez-vous arriva, les Cherokees étaient encore absents, et c’est alors que Bradford leur intima l’ordre de montrer
les prisonniers. Après d’autres atermoiements, les immigrés sortirent
finalement par petits groupes mais, même à ce moment-là, ils n’étaient accompagnés
que de quelques captifs. La mauvaise foi des Cherokees n’apaisa pas la mauvaise
volonté des Osages pas plus qu’elle n’augmenta les chances de succès de la
politique de déplacement des Indiens de l’est.
Bien que les immigrés n’eussent pas respecté leurs engagements dans
l’affaire de Saint-Louis, ils demandèrent aux Osages de tenir leurs promesses.
Les envahisseurs se mirent en colère quand, en février 1820, un groupe de guerriers commandé par Mad Buffalo (Bison furieux), le fils de
Clermont, tomba sur un groupe de chasseurs Cherokees en maraude sur le
territoire osage. Ils en tuèrent trois et s’emparèrent de leurs prises et de
leurs fourrures. Néanmoins le gouverneur du territoire de l’Arkansas, James
Miller, ignora les demandes d’une réparation immédiate faites par les immigrés,
faisant remarquer aux Cherokees qu’ils avaient manqué à leurs engagements en ne
libérant pas la totalité des prisonniers du Mont Claremore. Déboutés, ils
abandonnèrent leur projet d’une attaque des Osages par l’ensemble de la tribu
et libérèrent les prisonniers l’automne de la même année.
Le gouverneur Miller espérait bien que cette conférence et ce compromis
aplaniraient le différend entre les Osages et les Cherokees, mais il se
trompait sur les deux parties en présence. Pour les Osages de l’Arkansas une
présence permanente des immigrés
signifiait une rapide disparition du gibier dont dépendait leur survie et leur
subsistance. Une telle remise en question de leur mode de vie traditionnel
rendait impossible tout compromis avec les immigrés. Les Cherokees, du reste, ne désiraient pas davantage la paix. En
mars 1821, ils informèrent le major Bradford qu’ils se préparaient à attaquer
les Osages, justifiant la nécessité de leur agression par le besoin de sécurité
de leur économie agricole croissante sur les riches terres.
Les Osages frappèrent les premiers. En avril, une autre bande de
guerriers, commandée par Bison furieux descendit la Rivière Arkansas jusqu’à
Fort Smith. La permission d’entrer au Fort leur ayant été refusée ils
construisirent 40 à 50 radeaux dans le but de traverser la rivière jusqu’au
pied du Fort. Lorsqu’ils se trouvèrent face à un canon de six livres, ils
retournèrent leur colère contre un groupe de chasseurs Quapaws, tuant et
mutilant trois d’entre eux. Un peu plus tard, ils tuèrent trois Delawares.
Le raid de Bison furieux avait semé la consternation autant chez les
blancs que parmi les Cherokees.
Le gouverneur intérimaire du Territoire de l’Arkansas, Robert Crittenden,
demanda des armes au Secrétaire à la Défense
pour « repousser l’invasion et l’outrage » tandis que les Cherokees se
regroupaient pour défendre leurs maisons. La préparation était aussi inutile
que ridicule. Clermont désavoua l’action de son fils et proposa une trêve de
trois mois devant préparer la pais définitive.
Mais les Cherokees voulaient la guerre et le raid de Bison furieux en
fournissait le prétexte. Ils rejetèrent les propositions de Clermont et
préparèrent l’attaque des Osages pour l’été 1821. Le major Bradford tenta de
les en dissuader et leur promit même d’arrêter tout groupe de guerriers.
En octobre 1821, une troupe formée de l’alliance de plus de 200 Indiens immigrés remonta la Rivière Arkansas jusqu’à la Verdigris. Fidèle à sa parole, Bradford intercepta la bande ; quand les alliés refusèrent de s’en retourner, il leur fournit, pour une raison inexpliquée, un baril de poudre qu’ils pourraient utiliser au cours de leur expédition. Poursuivant jusqu’au plus proche village osage désert, les envahisseurs suivirent la piste des Osages vers les plaines à bisons. Les alliés attaquèrent d’abord le camp tribal, tuant les femmes, les enfants et les vieillards et faisant quelques 30 prisonniers. Leur dernier assaut, contre des hommes robustes, ne se passa pas si bien ; les Osages forcèrent les Cherokees à une retraite en débandade. Bien qu’ayant obtenu une bien piteuse victoire les Envahisseurs avaient perturbé la chasse d’automne ce qui se traduisit pour le peuple de Clermont par une famine lors de l’hiver 1821-22.
Bien que des représailles sporadiques aient pu se produire à la suite de
cette attaque, les Osages étaient généralement disposés à un compromis avec les
Cherokees. La lassitude de la guerre et un contingent supplémentaire de 250
soldats cantonnés à Fort Smith
permirent à Nathanial Philbrook, le sous agent osage, d’assurer l’armistice qui
fut signé le 16 mai 1822 avec la promesse de réunir les parties concernées pour
une conférence de paix au mois de juin suivant. Au jour dit, Clermont et 150
Osages se réunirent avec un nombre égal de Cherokees à Fort Smith. Le 9 août,
les deux groupes acceptèrent un traité écrit dont la principale clause était la
libération des 17 prisonniers osages encore détenus par les Cherokees. 8
d’entre eux furent libérés sur-le-champ avec la promesse de libérer le restant
le mois suivant. Pour le moment la paix régnait sur la frontière de l’Arkansas.
Quant Clermont signait ce traitait avec les Cherokees, ceux des Osages
qui résidaient encore dans le Missouri signaient un autre traité avec les
Etats-Unis, le 31 août 1822. Les dispositions de ce nouvel accord étaient
simples : pour les marchandises d’une valeur supérieure à 2300 dollars, les
Osages acceptaient l’abolition de la fabrique qui leur était garantie par le
traité de 1808. La signification était facile à comprendre, l’accord avait de
profondes conséquences. Avec la perte d’un comptoir commercial du gouvernement,
les Osages se retournaient complètement vers les négociants privés pour obtenir
les objets qu’ils désiraient tellement. Ainsi, les Chouteau pouvaient les
persuader d’abandonner leurs anciens villages et d’émigrer au sud ouest sur la
Rivière Neosho, près de la ville actuelle de Salina (Oklahoma) où la famille
Chouteau avait sa base opérationnelle. Grâce à cette migration dans la région
des Trois Fourches, les Petits, au nombre de 4 500, seraient à nouveau unis.
Les intérêts commerciaux d’A. & P. Chouteau, bien sûr, avaient été
responsables de la division de la tribu ; ces mêmes intérêts, maintenant, les
réunissaient. Quelles qu’aient pu être leurs querelles intestines, les Osages
avaient toujours bien servi les Chouteau. Avant 1812, les chasseurs de la tribu
échangeaient chaque année dans cet établissement de la région des Trois
Fourches l’équivalent de 30 000 dollars de peaux de castors, de loutres, d’ours
et de bisons contre des marchandises qui ne coûtaient aux Français que 7 500
dollars
chercherait à passer devant Fort Smith. Apprenant les décisions de
Bradford et présumant qu’il pourrait contrôler les immigrés, Clermont partit
dans les Plaines avec son peuple pour
la campagne de chasse d’automne. C’est précisément ce qu’attendaient les
Cherokees.
En octobre 1821, une troupe formée de l’alliance de plus de 200 Indiens immigrés remonta la Rivière Arkansas jusqu’à la Verdigris. Fidèle à sa parole, Bradford intercepta la bande ; quand les alliés refusèrent de s’en retourner, il leur fournit, pour une raison inexpliquée, un baril de poudre qu’ils pourraient utiliser au cours de leur expédition. Poursuivant jusqu’au plus proche village osage désert, les envahisseurs suivirent la piste des Osages vers les plaines à bisons. Les alliés attaquèrent d’abord le camp tribal, tuant les femmes, les enfants et les vieillards et faisant quelques 30 prisonniers. Leur dernier assaut, contre des hommes robustes, ne se passa pas si bien ; les Osages forcèrent les Cherokees à une retraite en débandade. Bien qu’ayant obtenu une bien piteuse victoire les Envahisseurs avaient perturbé la chasse d’automne ce qui se traduisit pour le peuple de Clermont par une famine lors de l’hiver 1821-22.
Bien que des représailles sporadiques aient pu se produire à la suite de
cette attaque, les Osages étaient généralement disposés à un compromis avec les
Cherokees. La lassitude de la guerre et un contingent supplémentaire de 250
soldats cantonnés à Fort Smith
permirent à Nathanial Philbrook, le sous agent osage, d’assurer l’armistice qui
fut signé le 16 mai 1822 avec la promesse de réunir les parties concernées pour
une conférence de paix au mois de juin suivant. Au jour dit, Clermont et 150
Osages se réunirent avec un nombre égal de Cherokees à Fort Smith. Le 9 août,
les deux groupes acceptèrent un traité écrit dont la principale clause était la
libération des 17 prisonniers osages encore détenus par les Cherokees. 8
d’entre eux furent libérés sur-le-champ avec la promesse de libérer le restant
le mois suivant. Pour le moment la paix régnait sur la frontière de l’Arkansas.
Quant Clermont signait ce traitait avec les Cherokees, ceux des Osages
qui résidaient encore dans le Missouri signaient un autre traité avec les
Etats-Unis, le 31 août 1822. Les dispositions de ce nouvel accord étaient
simples : pour les marchandises d’une valeur supérieure à 2300 dollars, les
Osages acceptaient l’abolition de la fabrique qui leur était garantie par le traité
de 1808. La signification était facile à comprendre, l’accord avait de
profondes conséquences. Avec la perte d’un comptoir commercial du gouvernement,
les Osages se retournaient complètement vers les négociants privés pour obtenir
les objets qu’ils désiraient tellement. Ainsi, les Chouteau pouvaient les
persuader d’abandonner leurs anciens villages et d’émigrer au sud ouest sur la
Rivière Neosho, près de la ville actuelle de Salina (Oklahoma) où la famille
Chouteau avait sa base opérationnelle. Grâce à cette migration dans la région
des Trois Fourches, les Petits, au nombre de 4 500, seraient à nouveau unis.
Les intérêts commerciaux d’A. & P. Chouteau, bien sûr, avaient été
responsables de la division de la tribu ; ces mêmes intérêts, maintenant, les
réunissaient. Quelles qu’aient pu être leurs querelles intestines, les Osages
avaient toujours bien servi les Chouteau. Avant 1812, les chasseurs de la tribu
échangeaient chaque année dans cet établissement de la région des Trois
Fourches l’équivalent de 30 000 dollars de peaux de castors, de loutres, d’ours
et de bisons contre des marchandises qui ne coûtaient aux Français que 7 500
dollars.
Après 1817, ils échangeaient des pelleteries d’une valeur de 80 000 à 10
000 dollars contre des objets manufacturés valant moins de la moitié de ce
montant. Ce n’était pas un miracle si la famille Chouteau régnait aussi
fastueusement dans la ville de Saint-Louis ! D’autres gros négociants très
célèbres quoique moins fortunés se nommaient Nathaniel Pryor, Hugh Glenn et Sam
Houston.
L’installation de davantage d’Osages juste à l’ouest des immigrés cherokees n’était pas de nature à maintenir la paix sur la frontière, pas plus que l’arrivée d’un nombre toujours plus important de blancs qui se répandaient dan le pays indien. Complètement ignorants des habitudes, modes de vie et traditions culturelles et économiques des Indiens, ces américains de la frontière rejetaient toute limite qui puisse entraver leur liberté d’entreprise. Les Osages ripostaient à ces intrus blancs comme ils l’avaient fait auparavant avec les immigrés rouges. Le 17 novembre 1823 par exemple, Bison furieux et 200 guerriers accrochèrent un groupe de chasseurs blancs et de métis d’Indiens Quapaws près de la Rivière Bleue. Cinq hommes eurent la tête coupée et leurs corps mutilés. Le colonel Matthew Arbuckle, nouveau commandant de Fort Smith, demanda que Clermont livre les guerriers coupables, une requête que le chef, comme d’habitude ignora superbement.
Pour empêcher que les Osages ne commettent de nouvelles déprédations de
ce genre, le Département de la Guerre des Etats-Unis donna l’ordre à Arbuckle
de déplacer la garnison de Fort Smith vers un point plus à l’ouest, près des
chutes de la Verdigris. Ayant établi sa garnison à Fort Gibson vers la mi-avril
1824, le commandant renouvela alors sa
demande à Clermont de lui livrer Bison furieux.
Avec le poste militaire à seulement quelques miles de son village, le
chef n’avait pas d’autre solution que de livrer son fils et quatre guerriers.
Ce qu’il fit en juin. La Cour Suprême des Etats-Unis siégeant à Little Rock,
après avoir relaxé trois des Osages condamna Bison furieux et Petit aigle à
être pendus le 21 décembre. A cause du comportement des condamnés et parce
qu’il avait également en haine les crimes des Cherokees, le président John
Quincy Adams gracia les deux Osages et les renvoya parmi les leurs.
Pendant ce temps, depuis son point de vue de la Verdigris, le colonel
Arbuckle élabora un plan qui, il l’espérait, ferait les Osages se tenir
tranquilles. Il pensait qu’un gouvernement tribal centralisé dirigé par
Clermont que l’on aurait convenablement flatté, pourrait être persuadé de
soutenir la politique des Etats-Unis. En conséquence il nomma un conseil
national de 13 membres qui, comme convenu, élut Clermont comme président.
Donnant au conseil la directive de légiférer sur toutes les questions
importantes, il créa également une garde de 40 guerriers chargés de
l’application de la loi et du maintien de l’ordre. Bien qu’il fut vite oublié
par les Osages, le projet Arbuckle préfigurait un système de gouvernement qui
fut inauguré avec succès à la fin du 19ème siècle.
Les Etats-Unis attendaient des Osages bien plus qu’un comportement
pacifique et des attitudes démocratiques. Le gouvernement fédéral avait besoin
de leur terre.
Outre les Cherokees, le gouvernement avait réinstallé d’autres tribus
plus petites – Delaware, Kickapoo, Shawnee, Miami, Piankanshaw et Wea – dans le
sud de l’actuel Etat du Missouri et le nord de l’Arkansas.. Pour protéger les
tribus d’une toujours croissante immigration blanche dans cette région, les
autorités fédérales envisagèrent de les envoyer plus loin vers l’ouest sur le
territoire dominé par les Osages.
Les Etats-Unis désignèrent William Clark pour aller pacifier la région à coloniser contre les Osages. En conséquence, le 2 juin 1825, à Saint-Louis, Clark arracha aux Osages l’abandon de toute revendication territoriale pour toutes les terres à l’ouest du Missouri et du Territoire de l’Arkansas. A l’intérieur de la région cédée, la tribu se réservait cependant, pour sa propre installation, une étendue de 50 miles de large, commençant à 25 miles à l’ouest du Missouri et se prolongeant en droite ligne vers le sud de la haute vallée de la Rivière Kansas. L’ensemble de la tribu abandonnait 45 000 000 d’acres de terre. En compensation, les Osages devaient recevoir chaque année des marchandises d’une valeur de 7 000 dollars, ceci pendant 20 ans ; un certain nombre d’animaux domestiques ; l’oubli de leurs dettes dans les comptoirs commerciaux ; le paiement par les citoyens américains de pas plus de 5 000 dollars pour des réclamations contre eux. Les Etats-Unis justifièrent la nécessité du traité de 1825 par la nécessité de « protéger » les Osages des immigrés blancs, mais William Clark, un homme honorable, savait bien qu’au fond il s’agissait bien d’une pure extorsion, un effet de la loi du plus fort sur le plus faible.
Comme prévu, immédiatement après le traité, White Hair le jeune ( W.H. le
vieux était mort en 1808) conduisit son peuple de la Grand Saline vers la
nouvelle réserve du Kansas. S’établissant sur la vallée de la Haute Neosho, il
fut aussitôt rejoint par les Petits Osages, ce qui amenait dans la réserve une
population totale de 3 000 personnes. D’un autre côté, la bande de Clermont,
longtemps demeurée la plus grande
partie indépendante de la tribu, refusa de partir de la région des Trois
Fourches . Qui plus est, elle continua de résister aux incursions rouges comme
blanches sur le territoire tribal, en violation du récent traité.
La capacité de résistance des Osages de l’Arkansas était directement
proportionnelle au nombre d’immigrés résidant parmi eux. Ce nombre ne cessa
d’augmenter après 1828 quand les Cherokees de l’ouest échangèrent leur réserve
de l’Arkansas contre « l’achat Lovely » et entreprirent une émigration à grande
échelle vers ce qui est aujourd’hui l’est de l’Oklahoma. Cet exode n’était que
l’application de la politique indienne instituée en 1830 par le président
Jackson. Jackson appelait à déplacer de force tous les Indiens vivant sur les
territoires à l’ouest du Missouri et de l’Arkansas. A l’endroit où les Osages
de l’Arkansas avaient été dans le temps confrontés à l’arrivée de petits
groupes de Cherokees et d’autres tribus de l’est, ils trouvaient maintenant,
résidant dans leur domaine des milliers de nouveaux immigrés – Choctaw,
Chickasaw, Creek, Seminole et Cherokee.
Incapables de combattre les nouveaux arrivés, les Osages de la bande de
Clermont n’avaient plus qu’à respecter le traité s’ils voulaient survivre.
Ainsi, dans le traité négocié mai 1831, les Osages de l’Arkansas acceptèrent
une cessation des hostilités avec à la fois les Cherokees et les Creeks, mais
ils refusèrent de partir pour la réserve du Kansas.
Leur détermination à rester aggravait les problèmes posés par la
politique de déplacement des tribus du président Jackson Comment serait-il
possible de réinstaller les Cherokees et les Creeks si une partie des Osages
continuaient à occuper le territoire ? Pour résoudre le problème, une
commission présidentielle spéciale, dirigée par le gouverneur Montfort Stokes
de l’Etat de Caroline du Nord, se réunit avec les Osages au comptoir commercial
des Chouteau à la Grand Saline en février 1833. Cependant ni l’importante préparation par le colonel
Couteau pas plus que les longs discours des commissaires ne purent persuader
les Osages de l’Arkansas de rejoindre leurs parents au Kansas
Pour bien mettre en évidence leur indépendance, une expédition de 30
guerriers commandée par Clermont-le jeune (le père était mort en 1828) reprit
les hostilités avec les ennemis traditionnels des Plaines. Au moment choisi,
ils attaquèrent méchamment un village kiowa sans défense situé dans les Monts
Wichita. Tuant au moins 150 hommes, femmes et enfants, ils firent des
prisonniers et volèrent les chevaux de la tribu. La victoire ressemblait aux
exploits d’un jour plus ancien et peut-être meilleur.
Si le refus des Osages de l’Arkansas de partir pour le Kansas créait un problème aux Etats-Unis, leur attaque des Kiowas en posait un autre bien plus grave. Une telle expédition sanglante pouvait déclencher dans les Plaines des représailles générales contre les immigrés de l’est, sérieusement mis en danger par la politique de déplacement des Indiens. . Pour réparer le préjudice, le colonel Henry Dodge, en juin 1834, prit le commandement d’une troupe de 300 dragons, un contingent d’Osages et d’immigrés indiens en direction des Monts Washita. Après avoir ramené les prisonniers capturés par les Osages l’année précédente, Dodge persuada les représentants des tribus Kiowa, Comanche et Wichita d’accompagner le retour de l’expédition jusqu’à Fort Gibson. Un conclave de trois jours s’ensuivit avec les délégués des Osages, des Cherokees et des Choctaws. Toutefois, au lieu d’encourager un traité de pure forme, les Etats-Unis saisirent l’occasion de proposer une autre conférence qui se tiendrait l’année suivante dans les Plaines afin de faciliter la participation des tribus de l’ouest.
La réunion préparatoire eut lieu à Camp Holmes près de la ville actuelle
de Lexington (Oklahoma) en juillet 1835. Huit mille Kiowas et Comanches se
réunirent pour « parler» avec quatre-vingt Osages et un nombre égal de
délégations des tribus immigrées. Le gouverneur Stokes et le général Arbuckle
représentaient les intérêts des Etats-Unis. Le 24 août, après de longues
discussions, la plupart des tribus acceptèrent un traité de paix et de bonne
volonté, et, les Indiens des Plaines garantirent à leur voisine de l’est, le
droit de chasser et de piéger sur leur territoire.
Les Kiowas et les Osages ne signèrent pas les traité de Camp Holmes. Les
Kiowas avaient un vieux compte à régler avant de faire la paix; et les Osages
redoutaient qu’en signant le traité on les obligeât à partir pour le Kansas
Cependant, le départ des Osages de l’Arkansas de la vallée de la
Verdigris, n’était qu’une question de temps. Très inquiets, ils éprouvaient une
profonde amertume envers leurs voisins indiens qui causait la disparition du
gibier dont dépendait leur subsistance. Décimés par le choléra en 1834 et
privés de chef après la mort de Clermont-le Jeune en 1837, les Osages de
l’Arkansas cédèrent à ce qui paraissait inévitable et, à Fort Gibson, ils
abandonnèrent leurs villages de la Verdigris le 11 janvier 1839. En
compensation les Etats-Unis leur
payèrent 2 000 dollars en monnaie et en provision, leur fournirent du matériel
agricole et endossèrent toute réclamation contre eux pour un montant de 30 000
dollars. Après, le général Arbuckle envoya ses dragons pour escorter leur
convoi vers le Kansas; la bande de Clermont quitta son village et fit route
vers le nord, rejoignant les éléments de la tribu qui étaient déjà au Kansas.
Réduits à vivre dans une réserve après 1839, les Osages n’étaient
cependant pas un peuple brisé ou dispersé. Ils étaient des hommes forts, encore
confiants en la valeur de leur culture et en leur foi en Wa-Kon-Dah. Les vigoureux assauts menés contre leurs
traditions ne les avaient pas pénétrés.
En effet, deux missions protestantes établies parmi eux en 1821 avaient
échoué. Celles-ci comprenaient Union Mission située à un mile à l’ouest de la
Rivière Neosho dans ce qui est aujourd’hui le comté de Mayes (Oklahoma) et
Harmony Mission, située sur le Marais des Cygnes, actuellement dans le comté de
Bates (Missouri). Hopefield, une mission secondaire, fut ouverte en 1823 à 5 miles au nord de Union Mission et
rouverte en 1828 près de Cabin Creek. Celle-là aussi devait échouer. Soutenues
par le Bureau américain de la Commission pour les missions étrangères, les
efforts de ces trois missions demeurèrent vains et elles furent dissoutes en
1837.
Plusieurs facteurs expliquent ces échecs. Tandis que la menace permanente
de guerre supprimait tout intérêt pour Union Mission, le déplacement des Osages
du Missouri en 1822 retarda le développement de Harmony Mission. En outre, les
Osages n’avaient pas vraiment d’intérêt pour le Dieu de l’homme blanc. Bien que
White Hair ait montré le plus profond respect pour le « Livre Noir », Clermont-le père se montrait indifférent aux
évangiles. Finalement, les Osages rejetèrent avec dédain les occasions de
s’instruire dans la religion que leur proposaient les missions. En 11 ans,
seulement 71 enfants osages furent instruits à Union Mission et après 12 ans,
133 seulement avaient été inscrits à Harmony Mission Bien que les Osages répondissent
positivement aux efforts du père Charles Quickenbourne, les missions
catholiques étaient aussi peu convaincantes que les protestantes. De toute
évidence, pour les Osages, Wa-Kon-Dah régnait encore en maître
DANS LA RESERVE DU KANSAS
( 1839 - 1871 )
En rassemblant les Osages dans la réserve du Kansas, les Etats-Unis
avaient souhaité faciliter les relations pacifiques entre les immigrés et les
tribus autochtones. Les intrus venus de l’est continuaient cependant à trouver
les autochtones très inhospitaliers. En ce sens, comme une assemblée générale
de tous les esprits paraissait nécessaire, dans les années 1840 les immigrés
avaient reconnu la diplomatie directe et invité les Osages ainsi que les autres
résidents indiens à une série de conseils inter tribaux. En mai 1842, les
Creeks présidèrent plus d’un conclave près de la ville actuelle d’Eufaula
(Oklahoma). En juin de l’année suivante, le chef cherokee John Ross convoqua un
conseil à Tahlequah auquel participèrent 3 000 à 4 000 représentants d’au moins
23 tribus. Les Creeks accueillirent encore une autre convention à Okmulgee à la
fin 1843 et deux de plus en 1845, l’une sur la Rivière de la Fourche Profonde
(Deep Fork River) et l’autre sur les Plaines Salées (Salt Plains). Bien que ces
congrès se concluent généralement par
des traités d’amitié, la participation des Osages ne fut jamais enthousiaste.
De manière étonnante, leurs intérêts étaient ailleurs.
Dans la réserve osage ils avaient porté leur attention sur le
développement de relations amicales avec les tribus indiennes de l’ouest. En
effet, ils avaient négocié une alliance militaire avec les Comanches, les
Kiowas et les Apaches.
Bien que leurs détracteurs accusent les Osages de projeter une attaque
combinée sur les Indiens immigrés, la nouvelle orientation était en fait plus
commerciale que militaire.
Partant de la bonne volonté qui s’était manifesté à Camp Holmes, les Osages avaient institué un commerce vigoureux et bénéfique avec les Comanches. Auprès de Melicourt Papin, représentant la Compagnie Commerciale des Fourrures d’Amérique et de John Matthews, un entrepreneur qui avait racheté l’affaire des Chouteau, ils se procuraient des fusils, des couvertures, de la poudre et du plomb. Emportant ces marchandises dans les Plaines salées au nord-ouest de l’Oklahoma, les Osages les échangeaient aux Comanches contre des mules. Au cours de la seule année 1847 ils échangèrent des marchandises pour une valeur de 24 000 dollars contre 1 500 mules d’une valeur de 60 000 dollars. Le commerce Osage-Comanche se poursuivit jusqu’à 1855 quand les annuités servies par le gouvernement rendirent les Indiens des Plaines indépendants des marchandises qui leur étaient jusque là fournies par les Osages.
En plus de vouloir affermir sa politique de déplacement des tribus, le
gouvernement des Etats-Unis avait
rassemblé les Osages au Kansas probablement pour les protéger des vices et de
l’avidité de l’homme blanc. Bien qu’honnête, cet objectif devait s’avérer
impossible à atteindre. Dès le début et par la suite très fréquemment, des
citoyens américains traversèrent la réserve pour aller faire du commerce en suivant la piste de Santa Fe. Ces
incursions augmentèrent pendant la guerre du Mexique et à la suite de la
découverte de l’or en Californie.
Les Osages allèrent à la rencontre de ces intrus qui, sans aucun scrupule, menaçaient les bisons,
exactement comme ils l’avaient fait avant avec les intrus rouges : en lançant
attaque après attaque. En effet, ces assauts semaient tellement la confusion
que le gouvernement, en 1855 envoya deux régiments pour patrouiller dans les
Plaines. Alors qu’ils avaient la mission d’empêcher des représailles, ils ne
firent que faciliter la violation des limites du territoire tribal.
Au contraire, les Osages accueillaient parfois certains hommes blancs. En
avril 1847 ils autorisèrent le père John Shoenmakers à ouvrir une mission
catholique sur la Rivière Neosho, près de la ville actuelle de Saint Paul
(Kansas). Le mois suivant, le père Shoenmakers ouvrait l’école d’apprentissage
osage, avec 28 élèves inscrits la première année. Assisté des sœurs de Lorette
et du père Paul Ponsiglione, il agrandit progressivement l’école jusqu’à un
effectif de 136 garçons et 100 filles qui assistaient aux cours en 1860. Aussi,
les missionnaires catholiques obtenaient-ils des résultats positifs dans leurs
efforts pour convertir à la Sainte Foi, ce qui n’était qu’une réponse à
l’estime qui les faisait considérer comme de gens dévoués.
Si la piste de Santa Fe et les
efforts des missions avaient amené des centaines de blancs sur la réserve
osage, l’adoption de la loi du Kansas-Nebraska en 1854 en attira des milliers.
Des colons, autant esclavagistes qu’abolitionnistes, affluaient sur le
territoire du Kansas et bien que la plupart fussent arrêtés à la frontière de la
réserve, certains s’installaient carrément au beau milieu du pays osage,
insistant sur leur droit à cultiver la terre justifiant le remplacement des
chasseurs.
Quelques-uns cherchaient même à entraîner la tribu à prendre parti sur la
question sensible de l’esclavage. John Matthews, par exemple, épousa le point
de vue sudiste, tandis que le père Shoenmakers soutenait la cause
abolitionniste. Inconscients des subtilités de la question, les Osages se
divisèrent sur la question en fonction de leurs points de vue personnels.
La controverse qui amena les Etats-Unis à la guerre civile en avril 1861,
apporta aussi la guerre parmi les Osages. Pour se protéger sur le flanc
occidental et se faire le plus possible d’alliés, les Etats Sudistes
déléguèrent un avocat de l’Arkansas, Albert Pike, dans le but de négocier des
traités d’alliance avec ces tribus du Territoire Indien. En septembre 1861,
Pike avait tenu des conférences avec l’ensemble des tribus, excepté les
Cherokees, les Quapaws, les Senecas, les Shawnees et les Osages. En octobre, à
Tahlequah ces nations acceptèrent une alliance avec la Confédération et furent
d’accord pour devenir des combattants de cette guerre. Cependant, la délégation
osage n’était pas unanime concernant
cet engagement dans la cause sudiste. Sous la direction de Striking Axe (Frappe
avec la hache), les Petits Osages refusèrent de signer le traité de Pike, un
refus qui révélait le point de vue le plus populaire. De retour au Kansas la
plupart des Grands Osages rejetèrent également l’accord de Tahlequah; seules,
le bandes de Black Dog (Chien noir) et de Clermont demeurèrent loyales envers
les Sudistes. Comme dans le passé, l’homme blanc avait de nouveau divisé la
vieille famille des Osages.
Nombre d’Osages soutinrent activement l’effort militaire de l’Union.
Little Bear (Petit ours) et d’autres Petits Osages rejoignirent le 9ème
régiment d’infanterie du Kansas, tandis que bien d’autres de la bande de White
hair (Cheveux blancs) se rapprochaient des troupes de l’Union à Fort Scott.
Deux cents Osages commandés par Chetopa se regroupèrent dans le Second Régiment
de la Brigade indienne dont les résultats n’eurent rien de bien spectaculaire.
Recrutée en juin 1862 pour participer au raid de Weer à Tahmequah, la compagnie
de Chetopa déserta comme un seul homme avant que l’expédition n’arrive en
Territoire Indien. Mais les Osages se caractérisèrent par leur indiscrétion. En
mai 1863, ils interceptèrent un corps de quelques 22 officiers confédérés sur
leur route vers le Colorado, les obligèrent à s’arrêter dans la haute vallée de
la Verdigris et là, les décimèrent complètement. Cet exploit fit d’eux des
héros de la tribu Osage aux yeux des autorités du Kansas. W.S. Coffin, agent
des Osages autorisa même à une partie des Osages de Black Dog de rentrer sans
ennui dans leur réserve, en dépit de leur sympathie pour la Confédération.
Bien qu’étant assez éloignée, à la périphérie des combats, la tribu était
néanmoins significativement affectée par la guerre civile. Sa réserve était à
la fois sillonnée par des groupes Nordistes et des Sudistes et elle était
submergée par des réfugiés affluant en Territoire Indien. De manière plus
importante, la guerre fournissait aux autorités du Kansas de demander aux
Osages de céder une portion de leur territoire pour permettre le développement
des fermiers blancs.
Ces supplications culminèrent en août 1863, quand le commissaire aux
Affaires indiennes, William P. Dole fit pression sur les chefs de la tribu pour
qu’elle abandonne une étendue le long
des bordures est et ouest de sa réserve. Dole, cependant, négocia le traité en
l’absence de la base, laquelle, en apprenant les termes du traité proposé, le
désavoua aussitôt.
Les graines de la scission étant semées, la récolte ne devait tarder. A
la suite d’une conférence de Fort Smith où les Indiens du sud, comprenant une
représentation osage mit un terme à leur « rébellion ». Les autorités des
Etats-Unis de nouveau rassemblèrent les Osages au comptoir commercial de
Canville sur la Rivière Neosho. Le 29 septembre 1829, la tribu consentit à un
traité similaire à celui qui avait été signé avec Dole deux ans auparavant. Ils
acceptèrent de céder les 30 miles à l’est de leur réserve et de vendre une
étendue de 20 miles de large qui s’étirait sur toute leur frontière nord. La
tribu s’engagea aussi à s’en aller du territoire cédé dans un délai de six
mois. En compensation, le gouvernement promit de payer 300 000 dollars pour la
section est et de ne pas vendre la bande cédée au nord à moins de 1,25 dollar
l’acre. Le montant net de la vente ainsi que les 30 000dollars seraient placés
sur un compte épargne de la tribu.
Les Osages, bien sûr, avaient obtenu la garantie de pouvoir utiliser leur
entière réserve du Kansas.
Néanmoins, les Etats-Unis insistèrent sur la cession de 1865, la
justifiant en prétendant qu’elle était nécessaire à la protection des Osages
contre la corruption et l’influence de l’homme blanc. De plus le nouveau traité
voulait châtier pour avoir « rejoint » la Confédération. En réalité les
résidents du Kansas convoitaient le domaine tribal. Comme le gouvernement ne
pouvait pas ou ne voulait pas contrarier l’avidité de ses citoyens, cela
l’arrangeait, tout simplement.
La situation ne s’améliorait pas sur la Réserve Restreinte. Lorsque les Osages revenaient de leurs
chasses d’automne ou de printemps, ils trouvaient leurs habitations et leurs
champs occupés par des blancs belliqueux. Cette incessante invasion de leurs
domaines ajoutée aux chasses de plus en plus infructueuses amena les chefs
Osages à accepter de participer à des conférences supplémentaires avec le
gouvernement. En mai 1868, le président Andrew Johnson envoya des commissaires
et 30 soldats du 7ème régiment de cavalerie pour rencontrer les Osages à Fort
Creek. Après les plaisanteries d’usage, les officiers proposèrent un traité
selon lequel les Osages vendraient le restant de leur réserve de 8 000 000
d’acres à la compagnie de chemin de fer Leavenworth, Laurence et Galveston pour
la somme de 1 600 000 dollars. La tribu utiliserait le montant de la vente pour
acheter un nouveau territoire dans le Territoire indien où le gouvernement
pourrait mieux les protéger. Mais les Osages avaient été « protégés » dans le
passé aussi résistaient-ils à l’idée proposée par ce nouveau traité de céder de
nouveau leur territoire.
Un événement imprévu amena les Osages sur un point de vue plus favorable.
Un corps de 360 guerriers retourna sur les lieux du conseil avec deux scalps
qu’ils disaient pris à des Arapahoes. Mais un jeune blanc les accusa de les
avoir pris à son frère et à un ami et avec d’autres blancs ils menacèrent les
Osages d’immédiates représailles. Conscients du fait que le 7ème de Cavalerie
stationnait dans les parages, les Osages étaient complètement effrayés. Quand
les commissaires eurent promis solennellement de calmer les colons, ils
signèrent le soi-disant Traité Sturges ( d’après le nom du président de la
compagnie du chemin de fer, bénéficiaire de cet accord), le 27 mai 1868.
Une fois leur excitation hystérique calmée, les citoyens du Kansas
apprirent la véritable signification de l’accord. 8 000 000 d’acres de terres
fertiles étaient passés entre les mains d’une compagnie de chemin de fer, un
fait qui allait au minimum les priver d’acquérir des propriétés à bas prix. Le gouverneur du Kansas S.J. Crawford
fit de cette « dépossession » son affaire personnelle et quand le Congrès
l’entendit, Grant, président des Etats-Unis, retira ce document de l’ordre du
jour du Congrès.
Cependant, l’action présidentielle ne fut qu’un sursis. La « politique de
paix » du président Grant ne réussit pas à maintenir l’intégrité de la Réserve
Restreinte. Constamment, les blancs volaient des chevaux aux Osages,
injuriaient les bandes de chasseurs de la tribu et s’installaient grossièrement
sur la réserve. Organisés en groupes de pression, ils surveillaient « leur »
territoire, prévoyaient les sites d’installation des villes et délimitaient les
Comtés..
Un comté vota même une émission d’obligations d’un montant de 200 000
dollars afin d’attirer le chemin de fer sur ses frontières.
Incapable ou opposé à la protection des Osages dans leur réserve du
Kansas, le gouvernement fédéral légalisa l’expulsion qui se présentait alors.
Le 15 juillet 1870 le Congrès ordonna que la réserve réduite des Osages soit
vendue pour 1,25 dollar l’acre et que le revenu net de la vente soit placé sur
le compte des Indiens au taux de 5% d’intérêts. La tribu autorisa aussi la
tribu à utiliser ces fonds pour acheter une nouvelle réserve en Territoire
indien.
Etant donné que la mise en œuvre de cette législation exigeait le consentement
des Osages, le président Grant, en août 1870, envoya le Bureau des Commissaires
indiens tenir un conseil avec la tribu à Drum Creek. De retour, une fois de
plus, d’une chasse infructueuse, vers leurs villages que les blancs avaient
préalablement vidés de leurs habitants, les osages acceptèrent ce qui était
inévitable et furent d’accord avec les propositions de base de la loi du
Congrès. Plus tard, ils demandèrent et obtinrent plus de terre que ce qui leur
avait initialement été assigné en Territoire indien, la protection contre les
envahisseurs, un contrôle partiel du fond d’épargne tribal, la propriété
commune de la terre et le droit de chasser les bisons dans les Plaines.
Le même conseil qui avait consenti à la vente de la Réserve Restreinte désigna
une délégation chargée de choisir la nouvelle réserve. Le 26 octobre 1870, les
chefs se décidèrent pour une installation près de la ville actuelle de
Bartlesville (Oklahoma), une région à propos de laquelle les Cherokees avaient
abandonné leur titre de propriété en 1868.
Les personnalités officielles fédérales, observèrent aussitôt que cette installation initiale était mal choisie et devait être déplacée vers l’ouest. Comme compensation pour cette erreur, le gouvernement accepta d’augmenter la taille de leur nouvelle réserve pour inclure 1,7 millions d’acres s’étendant de l’ouest du 96ème méridien, au sud de la frontière du Kansas et au nord et à l’est de la Rivière Arkansas. Les Osages consentirent à payer 1 099 137,41 dollars (70 cents l’acre) pour la superficie supérieure aux 10 000 000 dollars reçus de leur état du Kansas. Ce paiement laissait environ 8,5 millions de dollars au compte épargne de la tribu.
Au milieu de l’année 1872, près de 4 000 Osages avec leurs 12 000 chevaux s’étaient établis en Territoire indien. Les cinq grandes divisions de la tribu avaient d’elles-mêmes choisi des terrains semblables à ceux que leurs ancêtres avaient choisis lorsqu’ils avaient fui la grande inondation. La bande de White Hair s’était installée au sud de la ville actuelle de Pawhuska et celle de Saucy Chief, juste au nord. Les gens de Clermont avaient opté pour les environs de l’actuelle ville de Hominy. Quant aux Osages de Striking Axe (Hache-qui-frappe) ils étaient allés s’installer dans le coin nord-ouest de la réserve sur Mission Creek et les Big Hills de Gouverneur Joe près de la ville actuelle de Grey Horse. En choisissant ces sites, les Osages avaient installé leurs demeures permanentes
(à suivre).