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  • Échanges culturels entre les Occitans de France et les Indiens d'Amérique (USA, Canada) : tribus Osage, Kiowa, Comanche, Cherokee, Pawnee, Choctaw, (Oklahoma), Lakota (Sud Dakota), Innu (Canada), etc.
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26 octobre 2007

Guerre ouverte sur le fleuve

La situation des Peuples autochtones

de Guyane française sur le Haut Maroni (2007)

Rapport pour le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme

 

Par Alexis Tiouka

guyane_villes_maripassoula

guyane_villes_maripassoula2

Depuis quelques années la situation des Peuples autochtones vivant dans la Sud de la Guyane se dégrade de plus en plus. Ils sont confrontés à deux problématiques majeures : d’une part des orpailleurs de plus en plus nombreux et de plus en plus agressifs, et d’autre part des rivières de plus en plus polluées (nottamment la Waki, mais aussi le Haut Tampoc qui est désormais investi par les orpailleurs clandestins brésiliens). Les habitants de certains villages (Kayode, par exemple) n’ont plus de rivières propres pour mettre leur filets de pêche et donc subvenir à leurs besoins alimentaires (constitués essentiellement des produits de la pêche). Par ailleurs le gibier se fait lui aussi de plus en plus rare car ces orpailleurs clandestins pratiquent aussi la chasse. Ils font désormais venir directement du bétail vivant (bœufs et cochons) car eux-mêmes ne peuvent plus vivre des produits de la chasse. « Les clandestins, c’est comme les fourmis manioc. Ils sont très nombreux et détruisent tout sur leur passage » déclare Pierre Alounawale le fils du chef coutumier d’Elae.

La chef coutumier d’un de ces villages a choisi d’empêcher la montée des pirogues d’orpailleurs qui se sont mis à sortir les fusils et à tirer en direction du village pour passer en force. La situation est très tendue à l’heure actuelle dans cette zone, en témoignent des reportages récents sur les médias locaux.

Guerre ouverte sur le fleuve

C’est ce que titre le quotidien guyanais, le France Guyane, 19 octobre dernier. Celui-ci rend compte d’une tension accrue entre les Amérindiens du Maroni et les garimpeiros : « depuis plusieurs jours, la tension est montée d’un cran entre les orpailleurs clandestins et les Amérindiens des villages de Cayode et de Elae sur le Haut Maroni. Les coups de fusil deviennent de plus en plus fréquents et la peur s’est emparée des villageois qui réclament l’aide de l’Etat. »

La situation est si grave que le Rectorat de la Guyane a pris la décision de faire fermer les écoles de cette zone et de rapatrier les enseignants à Maripasoula pour les éloigner. Tout commence il y a deux semaines alors qu’un Amérindien partit relever ses filets se fait tirer dessus, puis les choses s’accélèrent avec de nouveaux coups de feu près du village de Cayode. Un habitant est même blessé. Toute la population du Tampok craint désormais que la situation n’empire, et s’inquiète notamment pour la sécurité des enfants amérindiens : « On s’inquiète pour la sécurité de nos enfants, et puis pour leur scolarité » s’inquiète une mère, tandis qu’une autre déclare : « On ne veut plus voir les clandestins. Ils sont en train de tout détruire et de tuer nos enfants. » Les autorités coutumières, en accord avec les villageois, réclament donc le retour des gendarmes dans leurs villages. Et si les esprits s’échauffent, notamment chez les jeunes amérindiens, la situation pourrait devenir grave car certains déclarent déjà qu’ils se battront pour sauver leur peuple et leurs enfants : « si l’Etat ne veut pas nous aider on sera obligés de se défendre tout seuls ». Et pour le cas où la situation dégènérerait encore, ils n’ont aucun moyen d’obtenir une réaction rapide des autorités car, comme le signale un instituteur en poste à Elae, il n’y a aucun moyen de communication avec la gendarmerie la plus proche, même pas de téléphone satellitaire.

Pour l’instant les gendarmes se contentent de déclarer que l’éventualité d’installer un nouveau poste de gendarmerie à Elae n’est pas à exclure et qu’ils vont mener une enquête, ou encore de critiquer les Amérindiens eux-mêmes qui ont instauré un droit de passage pour les orpailleurs. Mais ceux-ci s’en défendent : ils l’ont fait pour construire un dispensaire promis depuis des années par l’Etat et jamais obtenu, et quoi qu’il en soit cela n’efface en rien les litres de mercure rejetés dans le fleuve et la contamination des enfants qui se traduit par de nombreux handicaps.

alexis1Expert en droit intenational, Alexis Tiouka mène depuis plus de 10 ans des actions au niveau international visant à la reconnaissance des droits des peuples autochtones du monde. Ces actions l’ont amené à participer activement à divers événements internationaux ainsi qu’à diffuser mes connaissances dans le cadre de conférences, colloques et séminaires.

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