De Montségur à Wounded Knee (3/4)
De Montségur à Wounded Knee
Montségur, Wounded Knee, deux massacres que nous mettons en parallèle, avec respect, pour les commémorer ensemble, afin que cette mémoire serve de point de départ aux Guerriers de l’Arc-en-Ciel. Ce mois-ci, et le mois prochain, Jean-François Laffont raconte la tragédie cathare et le massacre de Montségur...
MONSEGUR !... ségur i setz darrier l'azur !
(Montségur : c’est sûr vous êtes là, derrière l’azur - Marti)
Originaire de Montségur et de ses environs (ma grand-mère est née à Serrelongue, tout contre le “ pog ”, qui signifie “ la montagne ” ou le “ pech ” en occitan), j’ai passé ma jeunesse à parcourir ces montagnes et ces forêts dans l’espoir de retrouver le fameux trésor des cathares : mon oncle était berger et mes jeunes années sont marquées par les longues marches et la contemplation de ce site unique au son des sonnailles de nos brebis….
Naturellement j’ai eu le bonheur d’y apprendre l’occitan et je me souviens qu’un blasphème très employé à Montségur était : « qué le fòc del cel te créme » (que le feu du ciel te brûle), et c’est vrai qu’il y a de quoi craindre le feu du ciel quand on vit à Montségur !
Jean-François Laffont
Ariège-Pyrénées
De ces belles montagnes du Saint-Barthélemy qui attirent la foudre, aux sombres reliefs du “ pog ” qui attira celle des français et de l’Eglise catholique, tout ici nous transporte vers cette époque terrible où l’Occitanie perdit son indépendance et où notre terre fut souillée et meurtrie par les plus intolérants des intégristes-terroristes : ceux qui se faisaient appeler les croisés de l’armée du Christ !
Car il faut dire qu’en Occitanie, au 13ème siècle, une flamboyante civilisation s’épanouissait, empreinte de tolérance, de culture et de poésie – nous sommes encore aujourd’hui les gardiens de ces trésors méconnus par le plus grand nombre – et parmi les Troubadours qui chantaient l’amour courtois de la femme idéale et les seigneurs qui se réclamaient du “ Parage ” (c’est à dire de l’égalité parfaite des hommes et de leur reconnaissance selon leur seul mérite), une partie du peuple fut conquise par une certaine vision de la religion chrétienne qu’on appela le catharisme. Ces hommes et ces femmes, chrétiens, ne désiraient qu’une seule chose : qu’on les laisse prier Dieu à leur façon, convaincus, comme disait le Christ lui-même, que « mon royaume n’est pas de ce monde », ils pensaient que seul l’esprit était l’œuvre de Dieu et que tout en ce bas monde était souillé par l’empreinte du mal…
Et ils jouissaient au sein de cette civilisation des mêmes droits que les catholiques ou même que les juifs ou les musulmans, fréquemment reçus dans les cours seigneuriales, et invités à débattre librement de leurs différents points de vue…
Les seigneurs, pour la plupart restés catholiques, ne jugeaient pas et admettaient simplement le principe de la liberté religieuse… Si cela pouvait être vrai aujourd’hui de par le monde !
Il n’y eut donc jamais de “châteaux cathares” ni de “chevaliers cathares”, mais seulement des hommes et des femmes libres de penser ce qu’ils voulaient et dûment protégés par la noblesse occitane car tel était son devoir.
Mais le pape Innocent III de l’entendait pas de cette oreille, et aidé par le roi de France qui lorgnait vers ces territoires indépendants et forts riches, il déclencha ce que l’on nommera plus tard, en 1209, la "croisade des albigeois". (à suivre)
J-F.L.