Tous cousins ? (4/4)
Tous cousins ?
( feuilleton préhistorique )
Nous reprenons
aujourd’hui le dossier (r)ouvert par plusieurs chercheurs des Etats-Unis sur
l’origine des premiers Américains et dont rend compte le numéro de février du
magazine Discovering Archeology.
Certains chercheurs américains pensent que des humains ont pu traverser le Pacifique et coloniser l’Amérique du Sud avant l’arrivée des premiers occupants de l’Amérique du Nord. Cette théorie est basée sur des sites tels celui de Monte Verde au nord du Chili et Tiama-Tiama au nord du Venezuela qui semblent être plus anciens que les sites les plus vieux d’Amérique du Nord. Une preuve biologique suggère que certains des plus anciens squelettes d’Amérique du Sud puissent présenter des similitudes avec les habitants de la Polynésie et de l’Australie.
Ainsi, non seulement certains des premiers Américains seraient venus à pied par l’isthme de Behring, mais d’autres seraient arrivés par la voie transatlantique, Pacifique ou Atlantique, d’Asie, de Polynésie, d’Australie et d’Europe. Un brassage génétique plus ou moins important de ces populations aurait abouti à un métissage, ce qui expliquerait à la fois la diversité et l’unité des Amérindiens.
Pour aussi séduisante qu’elle soit, « l’idée d’une arrivée directe des Européens en Amérique n’est pas neuve », comme nous le faisait remarquer Madame Edmée Ladier, conservateur en chef du Musée d’Histoire Naturelle de Montauban.
Selon elle, il s’agit d’un « fantasme qui a déjà été traité par l’un de nos concitoyens montalbanais dans les années 1930. » Madame Ladier nous joint une extrait du Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne de 1932 dans lequel l’auteur, Charles Boudou, membre de la Société, après avoir compilé plusieurs autres auteurs qui classifient les diverses « races de Peaux-Rouges » écrit notamment :
« Nos Magdaléniens, lorsque le glacier scandinave eut perdu du terrain à l’ouest, auraient émigré vers le Groenland par les Iles Britanniques, les Orcades et l’Irlande [...] Anatomiquement et ethnographiquement, les Esquimaux de l’Est sont les plus proches de notre race de Bruniquel et de Cro-Magnon, dont les données de la Paléontologie et de la Préhistoire nous font descendre [...] »
Du point de vue de Madame Ladier, les arguments présentés dans cette communication, quoique différents, sont aussi peu solides que ceux des chercheurs américains. Ces derniers, assure-t-elle, «semblent faire montre de légéreté». C’est également l’avis de ses collègues préhistoriens à qui elle a montré l’article de Discovering Archeology. « Il y a aussi des questions techniques [...] qui dans l’état actuel des connaissances rendent « la parenté Clovis-Solutréen absolument improbable », conclut Edmée Ladier.
Ainsi, comme annoncé dans un précédent article du « feuilleton préhistorique », la controverse commence à s’animer. Contentons-nous de suivre le match et attendons le prochain service... (à suivre, peut-être)
J-C. Drouilhet