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Oklahoma-Occitania
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Oklahoma-Occitania
  • Échanges culturels entre les Occitans de France et les Indiens d'Amérique (USA, Canada) : tribus Osage, Kiowa, Comanche, Cherokee, Pawnee, Choctaw, (Oklahoma), Lakota (Sud Dakota), Innu (Canada), etc.
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9 janvier 2016

Le discours de Jefferson aux Indiens

Quand Jefferson

recevait les chefs indiens

à la Maison Blanche

 

Thomas Jefferson, le troisième président des États-Unis d'Amérique (de 1801 à 1809), est surtout connu pour avoir été celui qui, d'une signature assortie d'un investissement de 15 millions de dollars, doubla quasiment la superficie du territoire de son pays. C'est en 1803 que le Premier consul Bonaparte vendait la Louisiane française (la Grande Louisiane) aux États-Unis qui n'étaient jusque-là composés que de treize états à l'est du Mississippi : les treize colonies fondatrices qui avaient conquis leur indépendance le 4 juillet 1776.

Louisiane

Cabildo

La Nouvelle Orléans - 20 décembre 1803

cérémonie de passation des pouvoirs avec descente du drapeau français et montée du drapeau des Etats-Unis

Dès 1804, Jefferson obtenait du Congrès le financement d'une expédition pour découvrir le nouveau territoire. Elle était dirigée par ses amis Meriwether Lewis et William Clark. Partie de Saint Louis en 1804, l'expédition atteignait le Pacifique en 1805 et était de retour en 1806.

Cette année-là, Thomas Jefferson invita un petit groupe de chefs indiens à Washington afin de les amener à convaincre leurs peuples de s'assimiler à la civilisation blanche et cesser les hostilités entre les tribus. Il leur tint un discours en français, une langue européenne que les Indiens des plaines comprenaient bien. C'est ce discours (dont nous possédons une copie grâce à notre cher ami disparu, l'historien osage Louis Francis Burns) que nous vous proposons ci-dessous. Nous n'en publierons que les copies des page 1 et 6 suivies du texte intégral.

 

Jefferson début de la page 1

 

Jefferson fin de la page 6

 

Jefferson2Mes amis et enfants,

Chefs des Osages, des Missouris, des Kansas, des Pawnees, des Iowas et des Sioux

 Je vous prends par la main de l’amitié et du fond de mon cœur, je vous assure que vous êtes très bienvenus au siège du Gouvernement des États-Unis. Le voyage que vous avez entrepris pour visiter vos pères sur ce côté de notre île, est long, et en l’entreprenant vous nous avez donné une preuve que vous désirez faire connaissance avec nous. Je remercie le Grand Esprit de vous avoir protégés pendant le voyage et de vous avoir amené en sûreté à la résidence de vos amis, et j’espère qu’il vous aura constamment sous sa protection et vous restaurera en bonne santé à la résidence de vos amis et vos familles.

Mes amis et enfants, nous sommes descendus des vieilles nations qui vivent de l’autre côté de la grande eau, mais nous et nos ancêtres ont été si longtemps ici que nous paraissons comme vous être sortis de cette terre ; nous ne nous considérons plus comme venant des vieilles nations de l’autre côté de la grande eau mais comme unis en familles avec nos frères rouges ; les Français, les Anglais, les Espagnols ont maintenant consenti avec nous de se retirer de tout le pays que nous et vous tenons entre le Canada et le Mexique et de ne jamais y retourner, et ressouvenez vous des paroles que je vous parle maintenant, mes enfants, ils ne doivent jamais y retourner ; nous sommes devenus aussi nombreux que les feuilles des arbres et quoique nous ne nous vantions pas, nous ne craignons aucune nation ; nous sommes maintenant vos pères et vous ne perdiez pas au change, aussitôt que l’Espagne eut consenti de se retirer de toutes les eaux du Missouri et du Mississippi j’ai ressenti le désir de faire connaissance avec tous mes enfants rouges de l’autre côté du Mississippi et de les unir avec nous comme nous avons fait (avec) ceux de ce côté-ci de cette rivière dans les liens de la paix et de l’amitié ; j’ai désiré savoir ce que nous pouvons faire pour leur être utiles, en leur fournissant les choses nécessaires dont ils ont besoin en échange de leurs fourrures et de leurs peaux ; c’est pourquoi j’ai envoyé notre homme bien aimé Capitaine Lewis, un de ma famille pour remonter le Mississippi afin de faire connaissance avec toutes les nations indiennes dans les environs de cette rivière, afin qu’il leur donne la main, leur délivre mes discours et nous dise de quelle manière nous pouvions leur être utile. Quelques-uns de vous qui êtes ici l’ont vu et entendu ses paroles, vous l’avez pris par la main et l’avez traité en amis, mes enfants je vous remercie des services que vous lui avez rendus et de votre attention à ses paroles quand il reviendra et nous dira où il faut établir des comptoirs qui nous soient à tous commodes et ce qu’il faut y envoyer, en établissant un commerce avec vous, nous ne désirons faire aucun profit ; nous ne vous demanderons que ce que chaque chose nous coûte, et nous vous donnerons pour vos fourrures et vos peaux tout ce qu’elles pourront nous rapporter. Soyez assurés que vous trouverez votre avantage au change de vos amis il vous faudra quelque temps pour être prêts à pourvoir à vos besoins, mais dans l’intervalle et jusqu’à ce que le Capitaine Lewis revienne, les commerçants qui vous ont fourni jusqu’à présent, continueront à le faire.

Mes amis et enfants, j’ai maintenant un avis important à vous donner. Je vous ai déjà dit que vous étiez tous mes enfants et je désire que vous viviez tous en paix et amitié les uns avec les autres comme les frères d’une même famille doivent faire ; il vaut beaucoup mieux entre voisins de se secourir les uns les autres que de se nuire les uns aux autres ; combien plus heureux cela ne les rend il pas ? Si vous voulez cesser de vous faire la guerre les uns aux autres, si vous vivez en amitié avec toute l’espèce humaine, vous pouvez employer tout votre temps à  pourvoir de la nourriture et des vêtements pour vous mêmes et vos familles, vos hommes ne seront pas détruits à la guerre et vos femmes et vos enfants s’endormiront dans leurs cabanes sans crainte d’être surpris par leurs ennemis et tués ou emmenés ; votre nombre augmentera au lieu de diminuer et vous vivrez en paix et repos. Mes enfants j’ai donné cet avis à tous vos frères rouges de ce côté-ci du Mississippi, ils le suivent et ils croissent en nombre, ils apprennent à se vêtir et à pourvoir à leurs familles comme nous. Vous en voyez les preuves par ceux que vous avez rencontrés ici. Mes enfants nous sommes forts, nous sommes nombreux comme les étoiles dans le ciel et nous sommes tous hommes à fusil, cependant nous vivons en paix avec toutes les nations et toutes les nations nous estiment et nous honorent parce que nous sommes sensibles et justes. Soyez vous aussi paisibles et justes, prenez vous les uns les autres par la main et tenez la ferme. Si jamais des hommes méchants parmi vos voisins vous faisaient tort et qu’ils vous refusassent justice, adressez vous à l’homme bien aimé que nous placerons près de vous. Il ira chez la nation qui aura offensé et tâchera d’obtenir réparation, et de préserver la paix. Si jamais des hommes méchants parmi vous mêmes faisaient tort à vos voisins, soyez toujours prêts à rendre justice ; il est toujours honorable à ceux qui n’ont commis aucun tort de l’avouer et de faire réparation ; ce n’est que de cette manière qu’on peut maintenir la paix parmi les hommes. Ressouvenez vous donc de mon avis, mes enfants, portez le à vos peuples et dites leur que depuis l’instant que nous sommes devenus les pères de vous tous, nous désirons comme un bon père doit le faire, que nous puissions vivre tous ensemble, comme une famille, et avant qu’on ne se frappe, on doit aller trouver son père afin qu’il tâche de finir la dispute.

 Mes enfants, vous êtes venus de l’autre côté de notre grande île, d’où le soleil se couche, pour voir à son lever vos nouveaux amis, vous êtes maintenant arrivés où les eaux se lèvent et tombent constamment tous les jours. Mais vous êtes encore loin de la mer. Je désire beaucoup que vous ne restiez pas ici, mais de continuer votre voyage et de voir vos frères aussi loin que le bord de la grande eau. Je suis persuadé que vous devez vous être aperçu que tout homme dans votre route vous a reçus comme ses frères, et a été prêt à vous rendre tous les services en son pouvoir, vous trouverez la même chose jusqu’au rivage de la mer, c’est pourquoi je désire que vous alliez visiter nos grandes villes dans ce quartier-là, pour voir combien d’amis et de frères vous y avez ; vous aurez alors voyagé un grand espace de l’ouest à l’est et si vous avez le temps d’aller du nord au sud depuis le Canada jusqu’à la Floride vous le trouveriez aussi long dans cette direction et tout le monde aussi sincèrement vos amis. Je désire, mes enfants, que vous voyez tout ce que vous pouvez et que vous disiez à vos peuples tout ce que vous voyez parce que je suis sûr que plus vous nous connaîtrez, plus vous serez nos bons amis. C’est pourquoi je vous invite à visiter Baltimore, Philadelphie, New York, et même les villes au delà.  Si vous voulez aller plus loin nous vous procurerons des voitures pour vous mener et une personne ira avec vous pour voir que vous ne manquez de rien. Quand vous reviendrez les neiges seront fondues sur les montagnes, la glace dans les rivières sera cassée et vous désirerez partir pour retourner chez vous. Mes enfants, il y a longtemps que je désirais vous voir, je vous ai ouvert mon cœur, que mes paroles s’impriment dans vos cœurs et qu’elles ne soient jamais oubliées. Si jamais des hommes menteurs ou des esprits mauvais élevaient des nuages entre nous, rappelez vous ce que je vous ai dit et ce que vous avez vu vous mêmes. Soyez sûrs qu’il y a des esprits menteurs entre nous. Rassemblons nous en amis et expliquons les uns aux autres les faux bruits et les malentendus ; les nuages s’évanouiront comme le brouillard du matin et le soleil de l’amitié paraîtra et reluira pour toujours, beau et clair entre nous.

Mes enfants, il peut arriver que pendant que vous êtes ici il y aura occasion de parler de bien des choses que je ne mentionne pas particulièrement à présent. Le Secrétaire de la Guerre sera toujours prêt à parler avec vous et vous devez considérer tout ce qu’il vous dira comme si je le disais moi-même, il prendra aussi soin de vous et verra qu’on vous fournisse toutes vos aises ici.

 Thomas Jefferson, 4 janvier 1806

 

statue de Jefferson à Paris (quai Anatole-France)Cette parfaite connaissance de la langue française, Jefferson l'avait perfectionnée lors de son long séjour à Paris où il fut ministre plénipotentiaire des Etats-Unis de 1785 à 1789.

Il avait voyagé dans une partie de la France, notamment dans le sud, à Toulouse où il avait quelque peu navigué sur le canal du Midi et ... à Montauban.

Ce polyglotte (latin, grec ancien, français, espagnol, italien, vieil anglais) comprenait aussi la langue d'Oc pour laquelle il avait une grande admiration. Voici ce qu'il écrivait à son secrétaire depuis Aix-en-Provence: 

«Ce langage, sous diverses formes, occupe tout le pays au sud de la Loire. Jadis il a précédé le Français sous le nom de langue romane. Les ballades de ses Troubadours ont fait les délices des nombreuses cours d'Europe. Chaque lettre y est prononcée, l'articulation y est distincte, aucun son nasal ne le défigure, et dans l'ensemble il approche en beauté l'italien et l'espagnol. Tout compte fait, c'est à mon avis un malheur que les circonstances historiques aient finalement assuré la prédominance du Français eu lieu du Provençal.»

 

Jefferson dollar

Thomas Jefferson aussi, père de la démocratie américaine, obligea les autochtones d’Amérique à abandonner leur culture et leur identité pour devenir fermiers dans une utopie purement américaine. Pour s’emparer des terres des indiens sans recourir à l’action militaire directe, il fera établir des « maisons de commerce » sur le territoire d’une tribu donnée afin d’encourager ses citoyens à contracter des dettes qu’ils ne pouvaient évidemment pas rembourser sans vendre des parties importantes de leur territoire. Autre méthode : désigner des « chefs politiques » dans le but de contourner les gouvernements traditionnels.

Jefferson_Indiens

http://louisiane.blogs.sudouest.fr/archive/2015/05/13/les-indiens-houmas-de-louisiane-un-peuple-ancestral-et-franc-1036538.html

 

 

 

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Commentaires
B
The seeds of extinction for Native American culture were sown under Jefferson. Joseph Ellis.<br /> <br /> <br /> <br /> Thomas.Jefferson et l'extinction de la culture amerindienne.
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