Les nouveaux territoires de chasse des Amérindiens
Quand les Indiens prennent leur sort en main
Les Indiens sont-ils tous devenus riches grâce aux casinos, ou sont-ils toujours en voie de disparition ? Ni l'un, ni l'autre.
Casino osage de Tulsa (Oklahoma)
S'il est vrai que les casinos, alias " les nouveaux bisons ", ont grandement amélioré le sort d'un tiers de quelque cinq cent soixante tribus reconnues par le gouvernement fédéral des États-Unis, deux autres tiers se débattent toujours dans les mêmes difficultés : chômage, alcoolisme, drogue, à cette différence près qu'aujourd'hui, les Indiens réagissent et tentent de prendre leur sort en main.
Ils sont de plus en plus nombreux à faire des études, y compris dans les universités (collèges) tribales ; ils deviennent enseignants, médecins, avocats... Ils ont pris conscience que, s'ils n'ont plus le même allant, le même esprit d'entreprise que leurs ancêtres, la politique des réserves en est la principale responsable. Ces tribus, qui s'appellent désormais "nations", revendiquent leur souveraineté, leurs terres, fussent-elles celles des réserves.
Elles manquent des capitaux nécessaires pour créer les entreprises qui généreraient des emplois et permettraient d'améliorer leur niveau de vie. N'étant pas, pour la plupart, propriétaires de la terre, les banques refusent souvent de leur prêter les fonds dont ils auraient besoin. Alors, que faire ?
Eh bien, créer des banques, qui sont désormais au nombre de neuf, qui favorisent la création de petites ou de moyennes entreprises.
Avec l'esprit d'entreprise renaît l'espoir, la fierté. L'ambition de ces entreprises est de servir la communauté, de respecter aussi les valeurs traditionnelles. Afin d'aider ces nouveaux entrepreneurs, des organismes de formation se créent, comme la " Chambre de commerce amérindienne ".
Leur succès s'évalue aussi bien en termes non économiques qu'en termes économiques.
En même temps les Indiens deviennent plus visibles sur la scène nationale, au Congrès à Washington ou internationale, à Genève à l'ONU.
S'ils y paraissent en général en grande tenue, ce n'est pas du folklore, c'est une affirmation de leur identité.
Ils n'ont pas disparu !
Marie-Claude Strigler
Maître de conférence honoraire à Paris III-Sorbonne nouvelle