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Oklahoma-Occitania
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  • Échanges culturels entre les Occitans de France et les Indiens d'Amérique (USA, Canada) : tribus Osage, Kiowa, Comanche, Cherokee, Pawnee, Choctaw, (Oklahoma), Lakota (Sud Dakota), Innu (Canada), etc.
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8 juin 2008

Les fils de la Terre à Alzen

Printemps Indien 2008 : LES FILS DE LA TERRE

Compte-rendu de la journée du
samedi 17 mai

ALZEN, Ariège

Le but de cette rencontre dans ce petit coin perdu de la montagne ariégeoise était de célébrer un anniversaire.

Résumé des chapitres précédents :

Depuis une douzaine d'années un groupe de Toulousains imaginatifs et entreprenants entretient avec la Nation Innu (Montagnais) des relations étroites et suivies. Le hameau d'Andebu (commune d'Azen, dans les premiers contreforts des Pyrénées) était abandonné et voyait s'écrouler les murs de ses petites maisons paysannes. C'est alors que des familles toulousaines vinrent investir les ruines et remonter les murs. Aujourd'hui le hameau a retrouvé goût à la vie avec des résidents permanents et intermittents.

Dans le courant des années 1990, l'un de ces explorateurs découvrait au milieu de la forêt voisine un grand puits circulaire d'une douzaine de mètres de diamètre, profond de trois à quatre mètres. Les parois maçonnées de grosses pierres sèches ne laissaient aucun doute sur l'intervention humaine. Il s'agissait vraisemblablement d'un site néolithique à vocation spirituelle.

En mai 1998, une délégation composée d'Amérindiens du Québec -- dont Clifford Moar, chef des Montagnais -- et de responsables de la Région Laboratoire de Développement Durable du Lac St Jean (Québec) séjournait en Midi-Pyrénées afin d'étudier avec un groupe de Toulousains et de Montalbanais la possibilité d'organiser dans les années suivantes un congrès international des applications territoriales du développement durable. C'est en cette occasion qu'une rencontre à Alzen et Andébu fut organisée. La décision fut prise à ce moment-là de dédier le site néolithique de la forêt à la Nation Montagnaise. Une émouvante cérémonie dirigée par Clifford Moar eut lieu sur la nouvelle terre indienne en Occitanie, en présence de la population du village. C'était le 21 mai 1998.

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Deux représentantes de l'association "Devenirs" assistaient aux diverses manifestations de cette journée. Nous laissons à l'une d'elles, Françoise Lafargue-Mitterrand, le soin de nous en rendre compte.

 


Invitées par l’association OKLAHOMA OCCITANIA, Cathy mon amie secrétaire de l’association et moi même, sommes venues rencontrer à Alzen à l’occasion du « Printemps Indien » qu’ils organisent chaque année, Danette Daniels de la Tribu Osage (Oklahoma), Ti’wan Couchili du peuple Teko (communauté de Guyane française), Claude Boivin de la Nation Innu (Montagnais du Québec), Kevin Dust (Tribu Crow du Montana) et Kevin Mustus (tribu Stoney de l’Alberta).

15 heures à l’école d’Alzen.

Nous ne connaissions personne, ni les représentants Amérindiens ni les organisateurs et pourtant alors que je communique depuis quelques mois par internet et par téléphone avec Jean Claude Drouilhet, fondateur de l’association OK-OC et son épouse Monique, j’ai le sentiment au-delà des causes que nous soutenons, que quelque chose de plus profond nous unit. Quelque chose qui ne se définit pas, qui est là et qui s’accomplit naturellement dans une mutuelle perception.

Il est 15 heures, l’école est vide.
Nous sommes surprises Cathy et moi-même de ne pas trouver les enfants où un quelconque signe annonçant leur rencontre avec les Amérindiens. A défaut de cela, une affichette collée sur la porte de l’école, annonce la cérémonie à 17 heures sur la Terre d’Andébu. Nous questionnons une dame qui avait l’air de venir pour la cérémonie ; c’était bien le cas mais elle n’avait pas plus d’informations que nous.

Alors que nous étions toujours près de l’école, nous apercevons Michèle, une amie membre de notre association qui vit dans un petit hameau à quelques pommiers de là. Elle n’avait pas d’informations et comptait sur nous pour lui en donner ! Je sentais monter la déception chez Cathy quant j’aperçois la directrice de l’école avec deux petites filles. Elles étaient suivies de l’équipe de l’organisation et des Amérindiens.

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Après de sommaires présentations, Catherine la directrice nous dirige vers le lieu où est prévu l’échange avec les enfants de l’école. Elle nous annonce qu’elle n’a pas eu le temps de préparer les enfants à cette rencontre.

Quel dommage ! J’ai le sentiment personnel qu’aucun livre d’histoire, aucune connaissance que nous recevons de l’extérieur ne peut mieux nous enseigner sur la diversité de la vie, que la vie elle-même. Et la vie est là ! D’Oklahoma, du Montana, de Guyane, d’Alberta, du Canada, de Gascogne ou d’Occitan, elle est là. Disponible, ouverte à l’expérience directe de la rencontre. N’est ce pas la meilleure façon de ressentir au-delà de toutes théories, les liens uniques et subtils, qui nous relient, nous façonnent, nous nourrissent ? Ces liens qui sont les fondements de la fraternité et que les petits enfants ressentent mieux que nous.

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Après une présentation plus approfondie des Amérindiens, nous nous dirigeâmes vers Andébu.

17 heures sur la terre d’Andébu.

En 1992 l’association OK-OC a initié des « dons de terre » symboliques de manière à rendre hommage aux peuples victimes des plus grands génocides de l’humanité.

Le 21 mai 1998, un site néolithique dans la forêt du petit hameau d’Andébu de la commune d’Alzen, a été dédié à la Nation des Montagnais (Québec).

«  Nichée au cœur d’une forêt de la montagne ariégeoise, une clairière parfaitement circulaire creusée comme un puits à la paroi de pierres sèches dans laquelle ont été aménagés deux abris également construits en pierre, attendait sans doute depuis des millénaires cette consécration. Loin de toute habitation de la période historique, l’endroit fut peut-être un lieu sacré de nos ancêtres néolithiques. La transmission de cet espace, d’une lignée autochtone européenne à une autre américaine, prenait ainsi valeur de puissant symbole: celui du partage équitable de la gestion de la planète. On était en plein Nikan.

  La plume d’aigle devait en cette occasion revenir au premier plan. Le chef Clifford Moar l’utilisait pour dédier la prière montant avec la fumée de sauge aux quatre directions, au zénith et à la Terre-Mère. Union encore des symboles: la plume d’aigle, la sauge, la couverture sur laquelle se tenait la cérémonie venaient d’Amérique; le récipient dans lequel se consumait la sauge était une tuile gallo-romaine présente sur cette terre depuis plus de 2000 ans. »

Ce samedi 17 mai, à l’occasion des 10 ans d’anniversaire, une cérémonie initiée par Claude Boivin était dédiée au site, à la terre, aux peuples de la terre, à la pluie, au feu, à la plume d’aigle, à chacun d’entre nous et au souffle qui relie chacun à cet ensemble. Pendant cette cérémonie sacrée et dans une grande présence, Claude Boivin accompagné de ses frères amérindiens, rendait hommage avec humilité et générosité au présent, à ce cercle qui réunissait toutes sortes de "chacun". J’étais heureuse d’y retrouver Matias notre ami autochtone d’Andébu.

Il me plaisait à penser quand je regardais Christèle, une jolie femme enceinte, que ces "chacun" pouvait tous ensemble à ce moment là, aimer le monde avec les yeux du bébé qu’elle porte.

Claude Boivin dans son hommage a fait don de sa plume d’aigle, au lieu. Moment très émouvant qui nous a relié au chef Clifford Moar et à d’autres êtres qui, comme eux, transmettent que « la terre est notre mère et que tout ce qui lui arrive, arrive aux fils de la terre ».


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Pour conclure la cérémonie après de beaux chants et hommages de la culture Occitane à la culture Amérindienne, Jean Claude Drouilhet rappelait ce que Martin Luther King disait sur l’importance « d’apprendre à être ensemble comme des frères plutôt que de périr comme des idiots ». Transformation que nous souhaitons tous voir pour notre monde - je préfère dire vivre car le monde n’est autre que nous – et qui se trouve là dans l’expérience de l’échange sans attentes. Sans savoir socialement qui est l’autre, ce qu’il vit. Juste pour l’accueillir, le reconnaître dans sa différence et si cet accueil lui permet d’être qui il est, alors partager la joie qu’on éprouve ensemble avec le reste du monde. Ce que je fais maintenant avec vous.

Dîner festif chez Jean François Laffont.

Nous avions l’intention avec Cathy de dormir sous la tente. Il pleuvait et ne faisait pas très chaud. Nous avons accepté la proposition de Jean Claude, l’hébergement au gîte et sommes très reconnaissantes à chacun de la spontanéité de leur invitation dans leur maison.

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Cette spontanéité sertie de générosité était présente dans tout ; l’accueil de l’équipe de l’association d’ Oklahoma Occitania, l’accueil et la fête chez les frères Laffont et leurs familles, le regard de leurs amis autour de la table, le service et la préparation  du Curanto ( plat traditionnel des Indiens Mapuche du Chili), les chansons que nous avons chantées ensemble dans les langues différentes mais d’une même voix, nos fous rires, la célébration des uns et des aux autres autour de la table ou qui n’y étaient pas (à ce propos, je fais une parenthèse pour dire que célébrer n’implique pas cautionner toutes les actions).

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Retour au gîte

Nous nous sommes endormies à 3 heures, la musique au cœur, et nous sommes réveillées de la même façon.

Avant notre départ, Claude Boivin me racontait un peu plus de son histoire, de celle de son peuple. Je termine ce témoignage par ce qu’il m’a fait partager qui le guide et qui résonne en moi. L’histoire d’un homme qui cherche par lui-même sa libération sans se laisser piéger par le poids de l’histoire, ni griser par le mystère. Sans s’en remettre à ce que pensent les autres. Juste en se fiant à sa propre expérience et au voyage intime qui transcende les frontières de son propre univers à la recherche du point tendre de son cœur et de celui de l’autre.

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Nous avons repris le chemin d’Hossegor qui s’est élargi de toutes ces rencontres.

Nous remercions chacun chaleureusement et fraternellement.DSC_0176

Françoise et Cathy



Association DEVENIRS - 1058 avenue du Tour du Lac - 40150 Hossegor - Tel 05 58 43 43 26 / 06 10 11 51 43 - contact : Françoise Lafargue-Mitterrand

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