Crise politique chez les Osages
Le chef des Osages destitué
par Marie-Claude Strigler
Le mardi 21 janvier, le Congrès osage a voté la destitution du chef principal John Red Eagle, remplacé quelques minutes plus tard par Scott Bighorse, qui était chef adjoint. Celui-ci prêta immédiatement serment devant Jeanine Logan, juge à la Cour suprême de la nation osage, qui présidait au procès.
Les membres du Congrès ont jugé John Red Eagle coupable de cinq des six chefs d’accusation, y compris d’avoir fait obstacle à une enquête demandée par le procureur général, qui concernait sa petite-fille, ancienne employée tribale.
Il a aussi été jugé coupable d’avoir enfreint la loi sur la transparence de la tribu, en refusant de donner à deux journaux les renseignements qu’ils réclamaient. Il lui a également été reproché de refuser d’appliquer une loi tribale qu’il n’approuvait pas, ainsi que d’avoir enfreint des lois tribale et fédérale en utilisant des fonds tribaux pour rémunérer un travail sur son site Web personnel.
De gros nuages s’amoncelaient sur sa tête depuis des mois, puisqu’il en était déjà question lors du voyage de quelques membres d’OK-OC au mois de juillet dernier. Il en avait d’ailleurs parlé tout naturellement, en disant qu’il s’agissait de manœuvres politiques. Mais le moment fatidique est arrivé début janvier.
Alice Buffalohead, membre du Congrès, a déclaré à la presse que cette destitution avait été une décision difficile à prendre, mais qu’elle était obligatoire. Quant à Mark Lyons, avocat du Congrès, il a fait remarquer que John Red Eagle n’avait manifesté aucun remords et avait déclaré que « Si c’était à refaire, il ne changerait rien. »
En revanche, le Congrès a admis qu’il n’avait aucunement cherché à influencer le Collège électoral tribal.
À l’issue du procès, les membres du Congrès ont voté par 11 voix contre zéro et une abstention, l’interdiction d’exercer dorénavant une charge publique au sein de la tribu.
Contrairement à son intention, John Red Eagle ne fera donc pas partie des quatre candidats aux élections primaires qui auront lieu au mois de mars.
Après le verdict, il quitta la salle du Congrès sans un mot.
Ceci se passait à l’intérieur de la salle, largement relayé par les médias.
Mais, à l’extérieur, de nombreux partisans de John Red Eagle lui manifestaient leur soutien, outrés de ce qu’il devait subir. Leur porte-parole, John Star Bighorse, déclara : « Tous ces canards (pourquoi des canards ?) ont été alignés là par le Congrès afin qu’ils arrivent à une conclusion décidée avant même le début du procès. »
Pour ses amis, cette destitution est purement politique, une remarque fréquente dans les nations indiennes.
John Red Eagle a des amis aussi à OK-OC. De loin, et ne connaissant pas les tenants et les aboutissants de l’affaire, il faut nous abstenir de tout parti-pris. Il est néanmoins impossible d’oublier que cet Osage de pure souche se préoccupe de préserver l’identité de sa tribu. L’an dernier, il a fait partie des chefs tribaux conviés à la Maison Blanche par le président Obama pour la grande Conférence des nations tribales.
Il a pu aborder directement avec le président ou ses ministres des sujets importants :
-L’Entente de règlement en faveur des propriétaires de headrights, droit de participer à la distribution des revenus miniers de la tribu ;
- Préservation de la relation de gouvernement à gouvernement entre le gouvernement tribal et le gouvernement fédéral, ce qui revient à affirmer la souveraineté du peuple osage ;
- Son opposition aux efforts de l’État d’Oklahoma pour obtenir le contrôle des droits sur l’eau et des droits sur les ressources du sous-sol, que les Osage ont nommé leur « réserve souterraine ».
- Il a également affirmé son opposition à la multiplication des éoliennes qui, d’une part, profanerait les sites sacrés des Flint Hills, d’autre part, aurait un effet dévastateur sur l’écosystème unique de la Tallgrass Prairie, parcourue par la piste des bisons.
M-C.S.